° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Mauss & Durkheim. De quelques formes primitives de classification (in Essais de sociologie, 1903)

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I. La seule façon d’y répondre est de rechercher les classifications les plus rudimentaires qu’aient faites les hommes, afin de voir avec quels éléments elles ont été construites.
Les systèmes de classification les plus humbles que nous connaissions sont ceux que l’on observe dans les tribus australiennes. 

Tous les membres de la tribu se trouvent classés dans des cadres définis (Phratries I et 2 subdivisées en classes matrimoniale) et qui s’emboîtent les uns dans les autres. Or la classification des choses reproduit cette classification des hommes.

Toute la nature est divisée d’après le nom des phratries. Les choses sont dites mâles ou femelles.

Toutes les choses sont rangées dans deux catégories qui correspondent aux deux phratries. Le système devient plus complexe quand ce n’est plus seulement la division en phratries, mais aussi la division en quatre classes matrimoniales qui sert de cadre à la distribution des êtres.

La phratrie est le genre, la classe matrimoniale est l’espèce ; or le nom du genre convient à l’espèce ce qui ne veut pas dire que l’espèce n’a pas le sien propre.

Nous n’avons pas affaire à une simple dichotomie des choses en deux genres opposées, mais, dans chacun de ces genres, à une véritable inclusion des concepts hiérarchisés.

La même organisation d’idées sert de base aux prévisions ; c’est en la prenant comme prémisse que l’on interprète les songes, que l’on détermine les causes, que l’on définit les responsabilités.

Or, chez les Wakelbura, c’est la classification des choses par phratries et classes matrimoniales qui fournit le moyen de découvrir la classe à laquelle appartient le sujet responsable, et peut-être ce sujet lui-même. Sous l’échafaudage où repose le corps et tout autour, les guerriers aplanissent soigneusement la terre de telle façon que la plus légère marque y soit visible. Le lendemain, on examine attentivement le terrain sous le cadavre. Si un animal a passé par là, on en découvre aisément les traces ; on en infère alors la classe de la personne qui a causé la mort de leur parent.

Un autre système de classification, plus complet et peut-être plus caractéristique est celui où les choses sont réaparties non plus par phratries et par classes matrimoniales, mais par phratries et par clans ou totems. 

Si le totémisme est, par un certain côté, le groupement des hommes en clans suivant les objets naturels, il est aussi inversement un groupement des objets naturels suivant les groupements sociaux.

Ces relations logiques sont conçues sous la formes de relations de parenté plus ou moins prochaine par rapport à l’individu. Quand la classification se fait simplement par phratries, sans aucune autre subdivision, chacun se sent parent et également parent des êtres attribués à la phratries dont il est membre ; ils sont tous, au même titre, sa chair, ses amis, tandis qu’il a de tout autres sentiments pour les êtres de l’autre phratrie.

Les choses sont ainsi conçues comme disposées en une série de cercles concentriques à l’individu ; les plus éloignés, ceux qui correspondent aux genres les plus généraux, sont ceux qui comprennent les choses qui le touchent le moins ; elles lui deviennent moins indifférentes à mesure qu’elles se rapprochent de lui. Aussi, quand elles sont comestibles, est-ce seulement les plus proches qui lui sont interdites.

 vers: II- La mythologie astronomique des Australiens

 

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