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ENTRE L’ORAL ET L’ECRIT EN FRANCAIS: LA REFORME ORTHOGRAPHIQUE
DE 1990 Nilgül SÖKMEN* ------------------------------------------------- pages: 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 3.La
réforme de l’orthographe du français Néanmoins les choses ne se réalisent pas telles
que Ronsard et Voltaire le désiraient: l’écriture est stable
alors que la langue parlée est toujours disposée à
évoluer, d’où l’écart entre l’oral et l’écrit
qui grandit de plus en plus. «Plus
ancienne est l’écriture (et son utilisation pour la littérature
et l’administration), dit Lyons,
plus grand sera le décalage entre l’écriture et la
prononciation de cette langue, à moins bien entendu qu’il ne
soit périodiquement corrigé par des réformes de l’orthographe»
(1970, p : 49). Pourtant, lorsqu’il s’agit en France d’une réforme
orthographique, le pays boulversé se divise en deux camps et de
grands écrivains prennent naturellement tout de suite parti dans
ce débat. Paul Valéry, par exemple, en critiquant l’écriture
française, dit: «L’absurdité
de notre orthographe qui est, en vérité, une des fabrications
les plus cocasses du monde, est bien connue. Elle est un recueil
impérieux ou impératif d’une quantité d’erreurs d’étymologie
artificiellement fixées par des décisions inexplicables»
(Reflet, 1989). Raymond Queneau aussi qui est partisant d’une réforme
dans l’orthographe du français la critique de la manière
suivante : «Qu’est-ce que l’orthographe ? Un système de graphies
chaotiques, absurdes, arbitraires, une invention des premiers
imprimeurs pour rendre le métier difficile et se créer ainsi des
privilèges corporatifs» (op.cit.). En revanche, Jules Renard
prétend que «le paon fait
la roue grâce à son o». Colette, montre son enthousiasme
pour l’orthographe actuelle française en affirmant: «J’adore les mots d’une orthographe compliquée » (op.cit.) ou
bien «on applaudit mieux
avec deux p». Toute ces prises de position sur l’écart entre
l’oral et l’écrit depuis des siècles poussent l’Académie
française à faire des modifications dans la graphie du lexique
en 1694, 1718, 1740, 1762, 1798, 1835, 1878 et 1932-35. En 1975
elle propose une série de nouvelles rectifications, qui ne sont
pas passées dans l'usage. Dernièrement, en 1990 l’écriture du
français a connu une nouvelle revision sur laquelle on n’a pas
cessé de discuter depuis soit en France, soit dans les autres
pays francophones comme le Canada (le Québec), la Suisse romande,
la Belgique.
4.La réforme de
1990
Avant de rappeler les rectifications orthographiques, il
nous convient de nous attarder un peu sur les conditions qui les
préparent.
Une lettre ouverte signée par une dizaine de linguistes et
reclamant une réforme urgente dans l’écriture
est publiée le 10 février 1989 dans le journal le Monde.
24 Octobre 1989, le Premier ministre (Michel Rocard) installe un
Conseil supérieur de la langue française qui est composé, pour
la première fois dans l’histoire de la République, de
linguistes, de philologues (dont un belge), d’écrivains (y
compris un écrivain marocain, une romancière québécoise), d’éditeurs,
d’un animateur de télévision (Bernard Pivot),
d’un chanteur (Pierre Peret) etc. Ce conseil a comme
mission de «préparer
les propositions de rectifications précises, limitées et
respectueuses de l’histoire et de la nature de la langue française».
Les points à étudier portent essentiellement sur l'accentuation,
le trait d'union, le participe passé et la formation du pluriel. En
juin 1990 quand le rapport préparé par un comité (composé de
cinq linguistes, deux responsables de dictionnaires, un
chef-correcteur du journal Le Monde, un inspecteur général de
l’Education nationale) au sein du Conseil est
présenté au Ministère avec l’avis favorable de l’Académie
française, les réactions s’éclatent. Des écrivains, des
jounalistes et quelques associations d’enseignants s’y
opposent. En revanche, des linguistes (Nina Catach, Claude Hagège,
André Goose) et des associations nationales et internationales
d’enseignants de français défendent le projet de
rectifications. Elles sont finalement publiées le 6 décembre
1990 dans le journal
officiel de la République française. Quelles modifications ont-elles été apportées à
l’orthographe du français par les dernières rectifications qui
concernent 2000 mots environ dont 800 plus fréquents? Voici les règles
tirées du rapport du Conseil Supérieur de la Langue Française: pages: 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - |