III.
La notion- Parcours, la double présence. 
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La conscience
spontanée: je vois une page d’une BD. et soudain c’est comme
s’il n’y avait que la dernière image de la page: spontanément
elle a été fixée au foyer de ma conscience par un acte de
relation qui s’est effectué sans mon accord. C’est bien un
acte de conscience puisqu’il fait apparaître ce vers quoi il se
dirige mais le but, le sens, la fin s’exerce en moi sans moi.
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La conscience réfléchie:
par un effort d’attention je fixe maintenant chaque image et je
m’efforce, par exemple, de comprendre leur enchaînement: là
encore j’entre en relation mais par l’attention la
manifestation dépend de moi, elle a son origine en moi. La
conscience peut revenir sur le moi et sur le savoir constitués
par l'effort d'attention.
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Ce serait une illusion de
croire que la notion vient d’être parcourue par le seul fait
d’avoir envisagé la conscience "témoin" et la
conscience "juge", comme un point de départ et un point
d’arrivée entre lesquels il sera possible de distinguer des
niveaux de conscience, de l’opinion qui ne donne que sa propre
existence à l’idéal d’une vision maîtrisée, ajustée,
objective, en passant par l’étonnement d’une prévision déçue,
par la surprise au choc de la nouveauté, par l’inquiétude du
doute libérateur, par le vertige devant la profondeur du visible.
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Dans
tous les cas la caractéristique essentielle de la conscience
comme pouvoir de voir ce qui est à distance va révéler:
a)
sa nécessité,
b) sa
pauvreté,
c)
son indigence.
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a-
Sa
nécessité: le "voir" implique la
distance, la séparation, la médiation.
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b-
Sa
pauvreté: la distance n’est pas la lumière car de
la distance on ne peut déduire que l’incertitude de ce qui
ne se donnera jamais dans l’intimité de la présence, de ce
qui ne sera jamais rejoint mais seulement aperçu. La distance
étant la condition de possibilité de sa manifestation,
l’apparition d’un objet a pour "prix", ce
qu’on perd parce qu’on le donne en échange, la pauvreté
d’une l’information colorée affectivement partielle et
partiale parce que tout choix fait disparaître le contexte
qui devient insignifiant. Ainsi la conscience intentionnelle témoignera
plus de l’existence que de l’essence.
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c-
Son
indigence: la conscience s’épuise dans un acte de
transcendance qui fait apparaître le monde comme objet d’un
voir ce qui est autre mais, par là, elle ne dit rien du soi
qui s’apparaît comme soi. Or l’acte de transcendance, réduit
à lui-même est impossible car il ferait apparaître la chose
à rien: il se perdrait dans l’inconscience comme pierre
roulant dans un précipice. C’est que l’acte de
transcendance ne peut s’apparaître à lui-même dans la
distance de l’objectivité car le moi serait transformé en
une chose autre.
-
Il faut donc que la conscience s’apparaisse à elle-même dans
une présence à soi, une épreuve de soi qui exclut la distance
objectivante un peu comme le recto et le verso d’une feuille de
papier. La conscience est donc cette lumière qui éclaire le
monde d’un sujet, ce dépassement qui ne se dépasse pas, cette
certitude du soi qui a pour nom la vie: double présence, du monde
et d’autrui dans la distance, dans l’absence et du soi dans
l’absolue proximité, dans la présence sans laquelle il n’y
que l’inconscience de l’inanimé.
Descartes:
"...tout ce qui est tellement en nous que nous
l’apercevons immédiatement par nous-mêmes" (rep 2è
obj, 2)
Rousseau: "Je sens mon coeur et je connais les
hommes" (Confessions, début)
Michel Henry: "Le soi est ce qui ne peut échapper à
soi" Généalogie de la psychanalyse
Descartes:
Discours de la Méthode
Rousseau: Confessions, 1ère page
Hegel: Philosophie de la religion
Bergson: L’énergie spirituelle, début
H. Ey: La conscience
Michel Henry: Phénoménologie matérielle |