La
valeur d'une théorie se mesurerait-elle à son efficacité
pratique?
Le
terme valeur qualifie ce qui a un mérite, ce qui mérite, ce
qui devrait être l'objet du désir pleinement humain, être désiré
par tous les hommes. On la distinguera de l'utilité qui
concerne ce qui est et non ce qui doit être, le simplement
utile. La valeur est de l'ordre de ce qui doit être, de ce qui
est reconnu universellement par la raison.
Une
théorie, c'est un regard contemplatif formulé, une
connaissance générale qui se présente comme un ensemble d'énoncés
cohérents.
L'efficacité pratique désigne le succès de la technique comme
application de la science dans l'effectuation de moyens
performants. Le savoir tient-il sa
valeur du pouvoir qu'il assure? On distinguera l'efficacité et
la sagesse pratique.
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Pour la problématique, le chemin vers un problème.
Comment
l'efficacité, réduite à elle même, pourrait-elle donner une
valeur si elle est de l'ordre de ce qui est alors que la valeur
est de l'ordre de ce qui doit être, d'une exigence
d'intelligibilité par exemple? Comment articuler le spéculatif
et l'utilitaire? Le pouvoir que donne une théorie ferait-il la
valeur de cette théorie au point qu'une théorie sans aucune
utilité perdrait toute valeur?
Ce qui est, pourrait-il prétendre fonder ce qui doit être? Par
ailleurs, on peut se demander comment une connaissance générale
pourrait advenir à elle même en se fermant à la pratique et
aux enseignements de l'expérimentation.
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Pour une introduction.
A
la question posée Malebranche avait répondu fermement dans la
recherche de la vérité (II, VIII, IV, Pocket, page 146): Ce
qui fait la valeur d'une connaissance c'est l'intelligibilité
qu'elle apporte. "Un défaut des chimistes serait de
chercher avec ardeur ... les expériences qui apportent du
profit et de négliger celles qui ne servent qu'à éclairer
l'esprit." C'était mesurer la valeur d'une connaissance à
l'intelligibilité qu'elle apporte et non à l'efficacité
pratique, sans pour cela d'ailleurs négliger l'aspect expérimental
de la recherche.
=>
Pour le mouvement de la dissertation.
1
ère partie:
Ce
qui fait la valeur d'une théorie semble bien être
l'intelligibilité qu'elle apporte dans la contemplation de la réalité,
dans son organisation, résultat d'un effort désintéressé.
Par la théorie le monde est pour ainsi dire découvert
objectivement: la théorie se donne comme une connaissance générale
intelligible. C'est dire que la théorie s'oriente vers la vérité
comme valeur, le vraiment utile, en dévoilant ce que sont les
choses, leurs propriétés sans se laisser détourner par les
appétits d'une être sensiblement affecté. En ce sens la théorie
prend sa valeur de l'exigence morale qu'elle implique et qu'elle
promeut.
A
faire attention, à dominer ses appétits, on se prépare à
mieux comprendre et à devenir meilleur: se tourner vers ce qui
importe vraiment c'est du même coup devenir plus sage et se maîtriser
en refusant de se laisser aller au libre cours des appétits.
Alors on peut dire que se tourner vers l'efficacité pratique et
ne donner de valeur qu'à ce qui permet cette efficacité
revient à méconnaître l'essence de la théorie, la liberté
de l'esprit, ce qui oriente vers la valeur. Or sans l'esprit on
perd de vue l'intelligibilité et on la remplace par un savoir
faire empirique et aveugle.
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