° Rubrique Philo-prepas => La science

PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

« La science »

Les sciences humaines ne sont-elles que des savoirs?

Esquisse, niveau Classes prépas.

_____________  Perspectives par Joseph Llapasset   ______________

 

=> Commencer par lire dans Citations, le n°33 (lien ouverture nouvelle fenêtre) en vous demandant si son articulation n'est pas celui d'une dissertation qui traite de façon magistrale votre sujet: une piste de lecture incontournable!

Voici deux autres sujets qui tournent autour du même problème:
- Peut-on accorder la scientificité aux sciences humaines?
- Peut-il y avoir une science de l'incertain? (Lire l'article de P. Montfraix qui pose très bien le problème auquel se heurtent les sciences humaines.)

Pour la problématique:

Les sciences de l'homme peuvent -elles prétendre à la scientificité ou ne sont-elles qu'une forme du savoir? On ne peut nier leur effort pour conquérir le statut de sciences exactes: la sociologie en s'appuyant sur les mathématiques, la psychiatrie sur la neurologie comme étude du système nerveux central, la psychanalyse sur la réflexion philosophique.
Le projet des sciences humaines est bien l'objectivité, l'explication et donc la déduction rigoureuse: "C'est un simple sel, le lithium, ... qui a mis fin à l'interminable martyre des psychoses périodiques." Escoffier-Lambiotte, Cité dans La folie de Roland Jaccard, page 55.

Quelques pistes de réflexion:

Comment peut-il y avoir un objet qui soit aussi le sujet connaissant et qui prétende à l'objectivité? Si l'homme est à la fois le pays exploré et l'explorateur, comment pourra-t-on construire un objet?

Quel est le modèle des sciences exactes? C'est la scientificité, le caractère opératoire, l'ensemble d'opérations effectuées pour isoler des éléments,  les faire agir dans des conditions particulières que l'on peut varier: dans tous les cas cela doit permettre de mesurer ce qui revient à l'un et ce qui revient à l'autre. Il s'agit donc de définir l'objet de manière à ce qu'il soit mesurable ce qui autorise des expérimentations pour confirmer ou infirmer des théories formalisées mathématiquement que l'imagination rationnelle produit.
D'où une grande difficulté: comment isoler un objet du sujet si le sujet est à la fois l'objet étudié et celui qui étudie? Comment sélectionner des phénomènes en éliminant les racines qui plongent dans les institutions et les moeurs. Si l'homme moderne apparaît en fonction d'un bouleversement des savoirs, comment en faire la science et pour cela éliminer les racines qu'il plonge dans les institutions et les moeurs et qui l'ont constitué, sans le faire disparaître?

Si le caractère opératoire de la scientificité et son corrélat le postulat d'objectivité, exige de s'en tenir à des processus antécédents, à l'explication, comment pourrait-on soumettre, réduire à un processus explicatif des signes qui ne relèvent que de la compréhension? Comment dès lors se détourner de la conception de l'homme comme sujet d'une histoire, ce qui lui donne une signification et une orientation, un sens.

D'ailleurs il est difficile de nier que les sciences humaines sont apparue dans le champ d'un savoir et à l'occasion du bouleversement de ce champ. Ce qui est en question c'est de savoir si elles se sont constituées comme sciences, en accédant par exemple à la formalisation mathématique qui permettrait la prévision et l'expérimentation.

Pour le mouvement:

A partir de la distinction de la science et du savoir, vous pourrez, par exemple, vous interroger, chercher l'argumentation qui permette de soutenir que même si les sciences humaines choisissent pour horizon l'objectivité, même si elles tentent d'accéder au formalisme mathématique, à la déduction ou prévision, à l'expérimentation, à l'évaluation cela ne signifie pas qu'elles le fassent par un mouvement qui leur serait propre.
Certains, s'ils le souhaitent, pourront établir que leur échec était déjà inscrit dans leur origine: les sciences humaines ne pouvant échapper au statut de savoir que justifie le pouvoir et rien que le pouvoir, sont tributaires de la conception de l'homme née du savoir et échouent à transformer cette conception en objet réel d'étude. Comment en effet transformer en objet réel ce qui n'est que le produit du savoir et ce qui n'existe pas indépendamment d'un sujet?

Vous avez à choisir entre une charge justifiée contre l'ambition des sciences humaines ou ce que Piaget effectue (citation n°33)

Bonne continuation