° Rubrique: http://www.philagora.net/medecine/

- MÉDECINE - par Joseph Llapasset

(Sciences Humaines et Sociales - S H S)

La psychologie médicale 

http://www.philagora.net/medecine/psychologie.php

La fonction apostolique (page 2)

La fonction apostolique, de quoi s'agit-il?

Site Philagora, tous droits réservés ©

__________________

 

De quoi s'agit-il? Puisque de toutes façons la fonction enseignante s'exerce, se vit immédiatement, il s'agit de prendre conscience d'elle pour l'utiliser et ne pas être emporté par elle là où le médecin ne pensait pas et ne voulait aller.

Qu'est-ce qui doit être pris en compte : un certain fanatisme, ce redoutable amour de la vérité, de sa vérité. Non seulement le médecin qui n'a pas pris conscience de sa fonction apostolique enseignante ne l'utilise pas pour que le patient advienne à soi, mais encore en considérant comme son devoir de convertir à sa foi "tous les ignorants et le mécréants qui pourraient se trouver parmi ses patients" (page 150), il cherche inconsciemment à réduire la part d'initiative et d'originalité du patient, sans laquelle il n'y aura pas de guérison. Autant dire que son aveuglement est dans un premier temps celui du fanatique.

Qu'est-ce que prendre en compte? C'est d'abord se reconnaître avec la sorte d'équipement que nous apportons dans toute rencontre et qui nous rend aveugle à la personne rencontrée. C'est du même coup se mettre en état de prendre en compte cela et de le soustraire par un effort de la volonté éclairée par l'intelligence. S'il y a par exemple découverte par le médecin d'une relation causale entre son enseignement et le mode de vie du patient, cela l'engage à la plus grande prudence dans ses propos, ses expressions, ses allusions, ses réactions: il pourra, par exemple les purger de tout discours relevant d'une morale propre.

Un exemple de prudence? Est-il souhaitable de contraindre les malades à passer nécessairement par le même médecin généraliste: le rationnel est-il toujours raisonnable? Cela ne risque-t-il pas d'encourager l'exercice de cette causalité  particulière  puisque l'Idée (l'idée force du médecin) varie selon le médecin. Ne saurait-il pas plus sain de laisser le patient, celui qui supporte, libre de multiplier les influences pour pouvoir en choisissant se choisir?

Un problème: comment amener l'étudiant à distinguer ce qui relève de l'intuition et ce qui relève du discours, si le discours est vraiment guidé par l'intuition?
Les confondre reviendrait en effet à tomber dans le fanatisme qui mélange  toujours un discours discursif avec la révélation intuitive donnée dans un "contact bref et dramatique" (Cf: Balint, Norelle, Six minutes par patient, Payot, chapitre II, page 51).
Comprendre que le "flash" dans l'intuition ne donne qu'une présentation partielle de la difficulté du patient et donc qu'il ne saurait dispenser de la discursivité obtenue par l'étude du patient dans une relation inscrite dans la durée.

Perspectives: Reste que, l'émergence, dans l'idée claire et distincte du médecin, de sa fonction apostolique et de son rôle d'enseignement ne peut qu'alerter le médecin sur le risque qu'il y aurait à ne pas pénétrer cette fonction de réflexion et de prudence, et aussi de cette humilité qui est vérité. Dans le dialogue il s'agit plus de partager la recherche de la vérité que de construire l'autre comme objet dans lequel chacun ne retrouverait que ce qu'il y a mis (voir la fonction iatrogène).

- Dans le "groupe Balint", la rencontre de l'autre est souvent l'occasion de se réapproprier ce qu'on projetait sur l'autre et de prendre en compte, du même coup, cette construction. C'est aussi l'occasion de libérer l'autre en cessant d'être sourd et aveugle au sens de sa recherche.

En un certain sens ce qu'on ignore, on le sait déjà et cela oriente l'étude, ce qu'on sait, on l'ignore tant qu'on ne l'a pas cherché dirait Platon aux jeunes médecins en formation: ce qu'on ignore on le cherche par l'étude patiente et discursive du malade: il ne s'agit de l'orienter par une précompréhension définitive quand il ouvre la porte du cabinet de consultation, mais de l'accompagner et de l'éclairer dans son propre cheminement, dans une meilleure appréhension des difficultés avec lesquelles il se débat vers une renonciation délibérée à ce qu'il y a d'impossible dans sa demande et dont il a beaucoup de peine à se déprendre.

* Groupe Balint: rencontre régulière d'un groupe de médecins soucieux de se former. L'un d'eux expose une difficulté (un cas difficile) et le groupe se met à vivre en échangeant. (Nous reviendrons dans les prochaines pages sur ces très intéressantes expérimentations dans le cadre de la formation post universitaire).

Joseph Llapasset ©

VERS : La maladie refuge

VERS Index http://www.philagora.net/medecine/psychologie.php

° Rubrique: http://www.philagora.net/medecine/

 

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express