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Quelle est la valeur de cette expression par rapport à la
vérité?
Dans quelle mesure est-il vrai d'affirmer: à chacun sa
philosophie? Jusqu'à quel point? En quel sens peut-elle être
acceptée?
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Étonnez-vous ! L'opinion répondrait immédiatement que
c'est la pagaille: il vaut mieux étudier la
philosophie et adopter le point de vue de la philosophie. Mais si
on ne lui demande: où la philosophie est-elle écrite, l'opinion
se trouve dans l'embarras: elle ne trouve que des philosophies.
Alors elle exprime son dédain: "A l'égard de la
philosophie, on se laisse aller à justifier le dédain qu'on a
pour elle, par le prétexte qu'il y a tant de philosophies
diverses et que chacune n'est qu'une philosophie et non la
philosophie - comme si les poires n'étaient pas des fruits."
(Hegel, Encyclopédie, paragraphe 13, T).
Le problème est donc de savoir comme on peut refuser l'expression
à chacun sa philosophie étant donné qu'il n'y a que des
philosophies diverses et singulières.
A chacun sa philosophie signifierait-il, à votre bon coeur
messieurs dames, selon vos caprices et selon votre imagination?
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Dans un premier moment du devoir: à chacun sa
philosophie semble une expression pertinente: si la philosophie
n'existe pas, on ne peut qu'apprendre à philosopher: au bout de
ce mouvement, doit logiquement apparaître une philosophie propre
à chacun de ceux qui ont fait l'effort de penser. (=> Kant,
Critique de la Raison pure, deuxième partie, troisième section).
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Mais, à une condition: l'effort de penser, en effet, exige
que l'on dépasse l'opinion, la conscience immédiate, la simple
originalité d'un point de vue, le caprice du moment, dans la
mesure où la pensée vise une validité universelle: c'est comme
si on pensait devant tous, devant tous les autres actes de pensée.
Il suffit alors que toute philosophie soit de la philosophie c'est
à dire un effort pour se tourner vers l'intelligible et pour
obtenir l'accord de tous ceux pensent. (Platon,
La république fin du livre VI et début du Livre VII )
A chacun sa philosophie ne saurait donc signifier, à chacun son
opinion puisque l'acte de philosophie exige une conversion; se détourner
de l'opinion et se tourner vers l'intelligible. On ne pense pas
n'importe comment, on pense devant tous.
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Il est vrai que si on considère que chaque philosophie s'efforce
d'exprimer une intuition qui est propre à celui qui philosophe,
on peut affirmer: à chacun son désir, à chacun son élan. C'est
par exemple le cas de Spinoza dont nous parle Bergson dans La
pensée et le mouvant, deuxième partie: l'intuition
philosophique.
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Pour une conclusion: Conclusion:
Bilan=> Conséquences Théorique?
Pratique?=>
Enjeu => Élargissement vers un problème.
On peut accepter
l'expression, à chacun sa philosophie si cette philosophie est de
la philosophie et si, penser par soi même est compris au sens de
penser par soi même en lisant de grandes philosophies.
Conséquence: alors il faut chercher la philosophie dans les
philosophies propres à chacun de ceux qui ont accompli l'acte de
philosopher, l'acte intérieur de celui qui sait interroger et répondre.
=> Lire la
page: Apprendre
à philosopher