Quelques indications .....
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Pour la compréhension du sujet, vers le problème:
Ce sont deux composantes en chacun de nous , et c'est
éclairant:
anima
permet à l'homme de comprendre sa compagne;
animus
permet à sa compagne de le comprendre.
De plus cela leur permet
de faire des choses ensemble.
=> anima c'est la
sensibilité, l'intuition, l'écoute, la tendance à s'ouvrir.., à
accueillir, à partager nourriture et vêtement...
=> animus
c'est le dynamisme créateur, la force de donner, la rude franchise,
l'esprit d'entreprise.., Le désir de vérité, de pénétrer.
Si l'éducation amène à refouler un des aspects il y aura des difficultés
de relations:
- Par exemple si on fait
honte à un garçon qui pleure, s'il refoule anima,
il ne comprendra pas sa compagne: on l'entendra grogner:
"Elle complique tout, c'est une hypocrite, elle coupe les cheveux en
quatre...."
- Si on amène une fille
à refouler animus elle ne comprendra pas
son homme et elle organisera des "thés".
== Comme refouler un aspect de soi ça épuise et ça culpabilise,
beaucoup d'énergie se perd. On comprend que la virilité implique
l'acceptation et l'utilisation d'anima et qu'une féminité épanouie et désirable
implique l'acceptation d'animus...
D'ailleurs c'est la
complexité, la difficulté, la liberté que l'on désire.
Est-ce que cette
domination animus ou anima
est définitive ? L'exemple du couple d'universitaire emploie
"dominer" parce que cela semblait être le cas.
L'idéal est que animus et anima
dialoguent, s'unissent sans se confondre en chacun, car de la confusion naît
la domination par la disparition de l'un ou de l'autre. Je pense à
l'union des contraires chez Baudelaire ou à la conception politique du
moi chez Nietzsche.
Dans tous les cas il y a le souci de préserver une multiplicité en lui
donnant un ordre, grâce à un dialogue.
= Il faudrait alors que
l'un soit nécessairement plus animus et
l'autre plus anima?
Probablement, mais c'est là encore la composante des deux qui permet de
comprendre l'autre. Ce serait la complexité, figure de la fuite et de
l'impossible qui exaspèrerait le désir.
Dans L'échange, Claudel présente quatre
aspects de la multiplicité qui le compose!
Marthe-marie: anima qu'il vient de découvrir
dans une conversion, l'âme qui écoute... etc...
Thomas, animus, qui conçoit, ajuste les
moyens à la fin(=intelligence), produit, échange... etc
Mais aussi:
Louis, la liberté naturelle qui ne fait pas la guerre aux hommes mais aux
animaux, un indien dans la ville...
Lécky, la tentation du dérèglement des sens et de l'imagination. La
chair.
Le dialogue entre ces quatre composantes n'est possible que parce que
chacun est capable d'écouter l'autre, puisqu'il porte en lui l'autre
comme on porte un enfant, à protéger.
Ne jamais oublier Rimbaud,
"Je est autre", "La vraie vie est absente".
Claudel nous amène au plus près de nous-mêmes et au plus près de la création.
"l'exhibition", quand l'amour ne suffit pas, on appelle le paraître
au secours.
== Jung 1875
- 1961.
Vous trouverez chez cet auteur l'origine explicite de la distinction animus
et anima, même si on peut considérer que cette
distinction s'enracine dans le mythe de l'androgyne.
Pour Jung, il s'agit d'archétype, de mouvement: à comprendre comme des
dynamismes en relation avec le sacré, avec ce qui attire vers le haut.
Anima est d'abord une puissance informe,
l'inverse du rationnel qui pousse à ce risque tout où en se perdant on
se sauve par une crise propédeutique, à l'harmonie comme union des
contraires. On le comprendra si on compare les deux versions de L'Échange
de Claudel. Claudel reprend en l'élargissant la distinction animus
anima. Dans la première version, Marthe
est anima à l'état brut, à la limite,
une puissance un peu stupide. Dans la deuxième version elle s'est élevée
vers l'harmonie, l'intelligence, la maîtrise de soi.
La conscience serait ainsi habitée par l'image du sexe opposé qui
l'enrichit et la féconde dans un dialogue intérieur, une balance intérieure
entre la sensibilité et la rationalité.
Le succès de cette hypothèse tient à ce qu'elle permet de comprendre la
complexité d'un être humain, la possibilité d'une compréhension
d'autrui: s'aimer soi-même, s'accepter pour aimer et accepter autrui.
Dans sa pièce de théâtre L'échange , Claudel se montre soucieux de ne
refouler aucune de ces possibilités mais d'utiliser leur dynamisme à la
réussite de sa vie dans une organisation qui relèverait de lui. Les
quatre personnages sont quatre aspects de son moi et il est très intéressant
d'étudier dans la deuxième version ce qu'ils sont devenus cinquante après.
Ainsi, Louis Laine qui au début de la pièce est débiteur devient créancier
à la fin de la pièce.
Ainsi Thomas devient dans la deuxième version ce publicain qui dans le
royaume des cieux passera devant beaucoup de prêcheur.
== Il s'agit donc
d'un inconscient collectif qui se développe et se particularise en
fonction des choix de chacun, une sorte de condition humaine pour ne pas
dire plus, qui permet à chacun de se comprendre et de comprendre l'autre.
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