"Peu de créatures humaines accepteraient d'être changées
en animaux inférieurs sur la promesse de la plus large ration de
plaisir de bêtes; aucun être humain intelligent ne consentirait
à être un ignorant, aucun homme ayant du coeur et une conscience
à être égoïste et vil, même s'ils avaient la conviction que
l'imbécile, l'ignorant ou le gredin sont, avec leurs lots
respectifs, plus complètement satisfait qu'eux même avec le
leur. Ils ne voudraient pas échanger ce qu'ils possèdent de plus
qu'eux contre la satisfaction la plus complète de tous les désirs
qui leur sont communs. S'ils s'imagine qu'ils le voudraient, c'est
seulement dans des cas d'infortune si extrême que, pour y échapper,
ils échangeraient leur sort pour presque n'importe quel autre, si
indésirable qu'il fut a leur propre yeux. Un être pourvu de
faculté supérieure demande plus pour être heureux, est
probablement exposé a souffrir de façon plus aiguë, et offre
certainement a la souffrance plus de points vulnérables qu'un être
de type inférieur; mais en dépit de ces risques, il ne peut
jamais souhaiter réellement tomber a un niveau d'existence qu'il
sent inférieur.[...]
Il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait; il
vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. Et
si l'imbécile ou le porc sont d'un avis différent, c'est qu'ils
ne connaissent qu'un coté de la question: le leur. l'autre
partie, pour faire la comparaison, différent les deux cotés."
John Stuart Mill, L'Utilitarisme.
=======================
= Un
échange est juste si on reçoit au moins autant que ce que
l'on donne. Qui vendrait son droit à un héritage contre
une ration de lentilles se comporterait comme un animal
dépourvu de raison.
Il serait difficile de
trouver quelqu'un qui accepte vraiment d'échanger ses
qualités supérieures, son esprit, contre des satisfactions
purement animales.
Il suffirait pourtant de
distinguer radicalement le quantitatif et le qualitatif pour
comprendre que l'homme qui abandonnerait des satisfactions
données par ses facultés supérieures contre des
satisfactions animales aurait tout perdu. La ration de
plaisir journalière des bêtes aussi large qu'elle soit, ne
saurait équivaloir aux satisfactions auxquelles il
renoncerait.
C'est comme si l'on donnait
l'infini contre le zéro. Voilà pourquoi peu d'êtres
humains accepteraient un tel échange car l'imbécile ne
peut être heureux, il peut être simplement gavé,
satisfait dans l'instant.
|
= Lisons
le texte ensemble:
peu: car,
pour un homme, l'utilité qualitative l'emporte sur l'utilité du
quantitatif.
accepteraient: donneraient
leur accord pour qu'on leur enlève les facultés supérieures de
l'esprit
sur
la promesse: de recevoir
en échange la ration la portion journalière de vivres et de
boissons la plus large.
quelle
que soit son importance: en
effet quand l'animal est satisfait le reste de la portion ne lui
est pas utile.
plaisir:
chez l'animal, la satisfaction d'un besoin.
bêtes: d'animaux
dépourvus d'esprit et donc de liberté: ils n'ont pas le choix. ====> Suite
de l'explication : page
2
|