3 La mise en oeuvre de ces refus.
Pratiquement, Rimbaud a tenté sur lui-même un total bouleversement:
==== dans la perception sensitive:
" Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très franchement une
mosquée à la place d'une usine..."
"Les hallucinations sont innombrables". "Je suis maître en fantasmagories".
dans l'organisation de la pensée:
"Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit".
==== dans le contact avec le monde des idées:
"plus de foi en l'histoire, l'oubli des principes".
==== Dans la conduite de la vie personnelle et sociale::
"...j'ai l'idolâtrie et l'amour du sacrilège, oh! tous les vices, colère, luxure (magnifique, la luxure), surtout, mensonge et paresse".
4 La traduction poétique de cette révolution..
Tout ce tohu-bohu mental, Rimbaud se faisait un devoir de l'exprimer, et il pensait sûrement en retirer pour lui-même un soulagement agréable:
"Je me flattais d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction. Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges".
===== Il a écrit dans une sorte de transe:
"J'expliquais mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots!"
=====
Mais il semble que ses efforts l'aient finalement laissé insatisfait:
"Cela s'est passé peu à peu. Je hais maintenant les élans mystiques et les bizarreries.
===== Maintenant, je puis dire que l'art est une sottise".
Et il a cette réflexion désabusée:
"Bah! Faisons toutes les grimaces".
Le bilan n'est pas rose!
===== Un garçon mal dans sa peau, révolté, mais pourtant nostalgique du passé, après avoir violemment arraché de son être ce qui le constituait,
essaie de réinventer un monde, qu'il n'arrive pas à concevoir clairement, dans une langue qui se voudrait résolument autre, mais qui, souvent, lui échappe...
Quelles découvertes allons-nous faire maintenant dans les Illuminations?
Aller à la page suivante Tout
bazarder! Délirer à son aise!