Voici quelques
perspectives:
Ne parler
que de Pascal ?
S'inspirer de
Pascal, plutôt, mais l'ordre doit être de vous.
L'éloquence c'est l'art de toucher , de persuader à l'aide du
discours, mais l'éloquence vraie est une fin et non
un simple moyen . Elle s'exerce par la rhétorique, un ensemble
de règles et de moyens soumis à la mesure de l'esprit de
finesse.
"Il y faut
de l'agréable et du réel mais il faut que l'agréable soit
lui-même pris du vrai" Pascal. Autrement
dit ce qui règle la vraie éloquence c'est d'abord la vérité
et la sincérité, l'ajustement qui se moque des règles
quand les règles sont trop grossières pour ajuster le
discours à ce qui est,: les suivre ce serait manquer de
finesse. La finesse de la vraie éloquence consiste dans la
mesure, l'art d'ajuster au vrai, même l'agréable!
Rhétorique ou
théorie de l'éloquence: la critique de la rhétorique ouvre un
champ pour la vraie éloquence et pour une finesse qui décourage
toute définition: la vraie éloquence trace son propre sentier
et se moque des chemins tracés par une méthode et des procédés
qui relèvent de l'artifice.. .Le terme rhétorique désigne
l'art de parler, de bien parler, d'écrire, et dans les trois
cas de persuader avec toujours la nécessité de plaire, de
toucher, d'enflammer par le ton (image auditive) l'air
et les manières (image visuelle). Le risque est grand,
lorsque l'on veut plaire ou manipuler, de sacrifier la vérité
ou la sincérité. C'est l'art d'amener celui qui voit et celui
qui écoute à ingurgiter ce que l'on veut lui signifier: art de
manipulation qui transforme l'auditeur en consommateur, la
personne en simple moyen, en provoquant sa passivité par l'émotion
qui tue l'esprit d'examen ( les jouets dans les ruines), en stérilisant
ses forces imaginantes à la source de sa créativité
personnelle. Entraîné par le plaisir, poussé à regarder, à
écouter, rendu stupide par l'émotion, le consommateur ne peut
qu'ingurgiter l'image ou la série d'images qu'on lui assène.
C'est une dictée
par l'image...
-> Voir L'air et
les manières dans Malebranche
Verlaine:
"Prends l'éloquence et tords lui le cou."
La vraie éloquence,
au service de la vérité et de la sincérité, qui s'avance nue
et seule. "Je n'aime pas les phrases" Léautaud
== Point de départ
possible: Platon, Gorgias:
la
rhétorique athénienne semble à Platon mal orientée, mal
dirigée, dé-chaînée qu'elle est de la réflexion, de
l'examen d'elle même et de ce qui est, du bien dont les
trois éclats sont, la vérité, la justice, la beauté.
=>
La rhétorique n'est donc pas un Art mais une simple pratique
qui a pour fin de produire un sentiment de conviction dans une
foule assemblée: le moyen de la rhétorique c'est la flatterie:
produire du plaisir dans cette foule qui écoute: la rhétorique
loin d'être mesurée par l'être et le bien, fluctue en
fonction des désirs de la foule et du plaisir: faire plaisir à
la foule devient l'unique souci de la rhétorique.
Autant dire que la rhétorique orientée vers le plaisir
alimente la démesure.
=>
Il faut comprendre que Platon loin de vouloir anéantir la rhétorique
(il y a de la pensée dans toute rhétorique et ...de l'agilité)
voudrait en faire un instrument de la philosophie en extirpant
tous les germes de fausseté et d'illusion qu'elle porte en
elle, telle qu'elle est pratiquée à Athènes. L'ambition de
Platon est donc "d'arraisonner" la rhétorique, de
l'amener à s'examiner elle même et de la soumettre à la
philosophie: cela revient à l'orienter différemment, à
l'orienter vers le bien et vers ce qui est pour la débarrasser
de la fausseté et des mensonges que les mots employés à Athènes
par la rhétorique portent en eux: en quelque sorte bien les
ajuster à ce qui est.
"Il y a
une éloquence du silence qui pénètre plus que la langue ne
saurait faire." Pascal
Bonne
continuation
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