=> L'air
de fierté,
L'effort pour
comprendre le sens et les implications de "l'air",
chez Malebranche, va pour nous être l'occasion de cerner ce
qu'il faut entendre par cause occasionnelle, cause efficace ou
cause totale, et de débarrasser le concept de "cause"
de toute contamination par le concept de production ou de création.
Comment les chocs et les effets liés par lesquels les
mouvements se développent ne sont que l'occasion de la réalisation
de l'oeuvre divine qui est exercice de la loi générale de la
communication des mouvements.
=> Ce
que nous appelons "cause", à tort (il
faudrait dire processus causal antécédent), n'a rien d'une
cause efficace , qui serait source de la totalité de l'effet et
qui aurait produit ou, si l'on préfère créé,l'effet qui lui
succède. Ces "causes" , pour Malebranche,ne sont que
l'occasion d'une production nécessaire, l'oeuvre de dieu.
L'esprit
d'examen nous amène en effet à nous demander en quoi ce que
nous désignons par le terme de cause est autre chose qu'un
effet dans un processus causal: en toute rigueur nous ne pouvons
pas dire que l'impression est cause efficace du mouvement des
nerfs, de l'agitation des esprits animaux, car l'impression est
aussi un effet d'une vive expression qui l'a précédé, elle même
précédée d'une agitation des nerfs..... Autant dire que nous
appelons cause ce qui n'est qu'une succession. La cause
occasionnelle n'est pas cause efficace car elle est relative à
ce qui l'a précède et ne produit donc pas nécessairement
l'effet, à elle toute seule.
Seul
l'absolu qui a sa raison d'être en soi et ne découle donc pas
d'un processus causal antécédent peut être cause efficace de
toutes choses:
en ce sens Dieu n'est soumis qu'à lui même c'est à dire à la
raison universelle et infinie et donc à l'Ordre.
Rousseau
écrira: qui désobéit à la loi désobéit à Dieu.
Malebranche avait précisé: "C'est véritablement
suivre Dieu que de soumettre à la loi qu'il aime invinciblement
et qu'il suit immédiatement." Traité de morale, I.
chapitre 1.
La
forme du mouvement est la même, même si Rousseau se réfère
plutôt au "suivre le divin" des stoïciens.
=> Comme
ce que nous appelons cause naturelle ou occasionnelle ne sont
que des effets liés entre eux par des lois de la nature et par
des lois divines, il ne faut pas leur attribuer le pouvoir de
produire un effet puisque la cause naturelle n'est que
l'occasion de l'exercice de la volonté divine productrice de créature.
Ainsi, impression et expression ne sont que des effets
liés entre eux par la simplicité des lois: on peut
alors écrire: passion => impression => expression vive
=> impression ...
L'impression et l'expression sont bien par essence alternatives,
ce qui est une manière de leur refuser l'être et de les
cantonner à l'apparaître d'un mécanisme.
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différents airs (Pocket, page 117)
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