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« Puissances de l'imagination »

(voie d'accès choisie: le pouvoir de l'imaginaire - Perspectives par Joseph Llapasset)

Classes prépas, programme des prépas scientifiques

Malebranche, La recherche de la vérité

(Livre second, troisième partie, chap.IV, page 155)

L'air et les manières:
    Propédeutique: cause occasionnelle, cause efficace, cause totale  ...

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=> L'air de fierté
L'effort pour comprendre le sens et les implications de "l'air", chez Malebranche, va pour nous être l'occasion de cerner ce qu'il faut entendre par cause occasionnelle, cause efficace ou cause totale, et de débarrasser le concept de "cause" de toute contamination par le concept de production ou de création.
Comment les chocs et les effets liés par lesquels les mouvements se développent ne sont que l'occasion de la réalisation de l'oeuvre divine qui est exercice de la loi générale de la communication des mouvements.

=> Ce que nous appelons "cause", à tort (il faudrait dire processus causal antécédent), n'a rien d'une cause efficace , qui serait source de la totalité de l'effet et  qui aurait produit ou, si l'on préfère créé,l'effet qui lui succède. Ces "causes" , pour Malebranche,ne sont que l'occasion d'une production nécessaire, l'oeuvre de dieu. 

L'esprit d'examen nous amène en effet à nous demander en quoi ce que nous désignons par le terme de cause est autre chose qu'un effet dans un processus causal: en toute rigueur nous ne pouvons pas dire que l'impression est cause efficace du mouvement des nerfs, de l'agitation des esprits animaux, car l'impression est aussi un effet d'une vive expression qui l'a précédé, elle même précédée d'une agitation des nerfs..... Autant dire que nous appelons cause ce qui n'est qu'une succession. La cause occasionnelle n'est pas cause efficace car elle est relative à ce qui l'a précède et ne produit donc pas nécessairement l'effet, à elle toute seule.

Seul l'absolu qui a sa raison d'être en soi et ne découle donc pas d'un processus causal antécédent peut être cause efficace de toutes choses: 
en ce sens Dieu n'est soumis qu'à lui même c'est à dire à la raison universelle et infinie et donc à l'Ordre.

Rousseau écrira: qui désobéit à la loi désobéit à Dieu. Malebranche avait précisé: "C'est véritablement suivre Dieu que de soumettre à la loi qu'il aime invinciblement et qu'il suit immédiatement." Traité de morale, I. chapitre 1.

La forme du mouvement est la même, même si Rousseau se réfère plutôt au "suivre le divin" des stoïciens.

=> Comme ce que nous appelons cause naturelle ou occasionnelle ne sont que des effets liés entre eux par des lois de la nature et par des lois divines, il ne faut pas leur attribuer le pouvoir de produire un effet puisque la cause naturelle n'est que l'occasion de l'exercice de la volonté divine productrice de créature.
Ainsi, impression et expression ne sont que des effets liés entre eux par la simplicité des lois: on peut alors écrire: passion => impression => expression vive => impression ...
L'impression et l'expression sont bien par essence alternatives, ce qui est une manière de leur refuser l'être et de les cantonner à l'apparaître d'un mécanisme.

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