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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

MESURE ET DÉMESURE  

PLATON : GORGIAS

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Sur le prologue:  Le prologue, l'essentiel: l'être serait-il donc mesure?

 

Hibou: Ce qui me fait rire, c'est que Gorgias va se trouver devant une question bien simple qui ne peut que le prendre au dépourvu. Il ne peut y répondre car il ne se  l'ait jamais posée, puisque pour lui tout est devenir, et que le devenir n'est pas. Il joue et se joue du devenir, ce sophiste. Dans la démesure, on n'est rien qu'une succession. Que répondre?

Oui-oui: Socrate veut lui demander ce qu'il est. Quel rapport entre cette question et la mesure?

Hibou: A l'image de l'être, qui selon Platon est mesure, référence absolue, origine de toute détermination, celui qui veut être doit se déterminer, se choisir pour ainsi dire ou si on préfère, se limiter: bien entendu, celui qui s'est déterminé est capable de répondre à une question aussi simple: qui es-tu? Se déterminer selon une mesure que l'on s'est imposée c'est être définissable, échapper par exemple aux plaisirs déréglés, illimités et irréalisables, maîtriser la course folle de l'illimité. Socrate est bien l'homme de l'essence, il pense toujours.

Oui-oui: Je crois comprendre: mettre un rythme dans sa vie, la régler grâce à l'intelligence, qui "pénètre et règle toutes les activités, y apporte une mesure qui ne soit pas quantitative (ni trop ni trop peu), mais qualitative (ce qui convient où cela convient)." Monique Dixsaut, République Livre VI et livre VII - Bordas, page 59 à 62. La loi?

Hibou: D'où la difficulté du Gorgias pour qui n'est pas familier de l'oeuvre de Platon, puisque toute l'oeuvre conduit une recherche de ce qu'est la juste mesure, qui trouve son couronnement dans la dernière oeuvre de Platon: Les lois. La clé se trouve peut-être dans Le Philèbe, l'avant dernier dialogue de Platon. Je le répète, la méthode de Platon consiste simplement à faire apparaître une intuition synthétique et à l'expliciter progressivement dans d'autres dialogue comme s'il nous demandait d'approfondir par nous même et nous en laissait le temps au lieu de nous assommer d'un corrigé qui ne nous sert à rien sinon à tromper,dans le meilleur des cas, le professeur qui nous a donné un devoir.

Oui-oui: ça va chauffer! Cher Hibou, peux-tu résumer pour ma pauvre tête.

Hibou: Volontiers, résumons, mais c'est toi qui va résumer.

Oui-oui: 
1- D'une part, la quantité sans mesure, le devenir, la conférence qui passe en revue, qui juxtapose (la tête bien pleine), que Gorgias peut d'ailleurs répéter à volonté, mécaniquement, toujours prêt à répondre à une infinité de questions compliquées sauf à la petite question de Socrate. Malgré sa belle assurance sa course le laisse à bout de souffle car elle est sans lien, sans frein, sans mesure.

2- D'autre part, Socrate pose la bonne question: quel rapport Gorgias a-t-il avec l'être, s'est-il imposé une mesure: qu'est-ce qu'il sait de ce qu'il est, lui qui prétend enseigner? Possède-t-il un Art ou un simple savoir faire qui fait illusion?

3- Je note un curieux déplacement Chéréphon va parler pour Socrate. Polos va répondre à la place de Gorgias.

Hibou:Déplacement significatif de mesure et démesure: Chéréphon répète la question de Socrate après lui en avoir demandé l'explication: il le représente bien. Ce qu'il ne sait pas, il le cherche ou il le demande. Quand il ignore il est conscient de son ignorance. Il se mesure. 
Mais Polos comme le suggère Chéréphon s'imagine pouvoir répondre mieux que Gorgias et de toute façon, comme il faut. Autant dire que Polos ignore son ignorance, qu'il sait avant même d'avoir compris la question, il sait ce qu'il n'a pas cherché!Il est emporté par la démesure qui enfle l'opinion qui croit qu'elle sait !

Oui-oui: c'est une comédie! Il ne l'a pas cherché parce qu'il croyait le savoir.

Hibou: Comédie qui n'est jamais loin de la tragédie. La démesure fait toujours trébucher, et celui qui trébuche, emporté par un mouvement mécanique, dans un premier moment fait rire. Mais en arrière plan il faut toujours entendre Platon blessé par la mort de Socrate causée par la démesure des imbéciles. La démesure de la démocratie.
La suite montre que Polos, non seulement croyait mieux faire que Gorgias mais encore ne répond pas comme il faut.
=> Tu peux opposer la mesure de Chéréphon qui, sachant ses limites, demande à Socrate qui a posé la question de l'éclairer, qui sait imiter en un certain sens et la démesure de Polos qui se vante de pouvoir répondre à tout, à la place de Gorgias ce qui est un comble.

Oui-oui: A la réflexion ce que j'admire c'est la simplicité de Socrate et la "limitation" de sa question par opposition à la prolixité et à l'enflure sans frein de leurs interlocuteurs: l'être est opposé au devenir fou.

Hibou: Bien dit: on est donc au coeur du problème dans ce prologue. J'ai lu dans un autre dialogue, Le politique: "Ce qu'il va nous falloir examiner ce sont les questions de longueur autant que de brièveté, et, de façon générale, du trop et du trop peu, car c'est à cela, je le suppose que se rapporte l'Art de mesurer."
Le grec a deux termes fort intéressants pour notre recherche:
Brachyologie = faire court
Macrologie = faire long.
Disons pour terminer ce simple entretien que la mesure s'oppose à la démesure comme le limité à l'illimité.

A demain, si tu as lu le Prélude ... A cette seule condition.

Oui-oui: promis.

 

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