A
la question: est-on possesseur de son corps? Correspond
la problématique ou chemin vers le problème: j'ai un corps
ou je suis un corps, avec pour question de la question:
qu'est-ce qui me permet de dire: mon corps?
"Il
y a deux sens seulement du mot exister: on existe
comme une chose et on existe comme une conscience.
L'existence du corps propre au contraire, nous révèle
un mode d'existence ambigu." Merleau-Ponty, Phénoménologie
de la perception, page 188.
"Je
suis l'unique tout simplement parce que je sens ...
sentir c'est être déjà "le plus irremplaçable
des êtres." Michel Henry, Philosophie et phénoménologie
du corps, page 148.
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Ambigu, qui se meut au milieu de deux sens possibles
dans une sorte de va et vient: j'existe à la fois comme une
chose, un corps objectif, objet parmi les objets, et comme une
conscience, comme corps origine, mouvement même d'expression
(Merleau-Ponty, Ibidem, page 171).
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Ce dont l'intégrité demeure, en dépit même de l'amputation
d'un membre du corps objectif, ne peut être qu'au fondement
du corps objectif.
Cette image en face de moi en ce miroir, ne me permet pas de
voir un autre corps parce que, en réalité, je me vois voir.
Et, je suis le seul à pouvoir dire: "Ceci est mon
corps", parce que si je lève le bras, ce mouvement comme
essence du sentir est immédiatement mien par une sorte de
savoir immédiat de soi. Ainsi je sens, je pense, que mon
corps comme le carnet de mes pouvoirs ne peut se comprendre
dans son usage qu'à partir de l'essence de la puissance, de
l'être de l'affectivité dont le mode originaire est la présence
à soi du soi, ce que Michel Henry appelle dans les dernière
lignes de Généalogie de la psychanalyse, "le
premier apparaître, l'essence de la puissance, la venue en
soi de la vie" (page 398).
Si pour Merleau-Ponty, notre corps est une origine comme
mouvement, comme transcendance ou si l'on préfère,
projection (conscience); pour Michel Henry si le corps
subjectif est notre corps propre, c'est parce que chaque
mouvement est "l'accomplissement d'une seule et unique
puissance, laquelle sait ce qu'elle fait et le reconnaît en
tant qu'elle se sait elle même, qu'elle parvient
originellement en soi dans l'hyper puissance de son
immanence". (Michel Henry, Généalogie de la
psychanalyse, page 398).
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Lecture incontournable: Michel Henry, Phénoménologie et
philosophie du corps, PUF, 1965, chapitre II. Le corps
subjectif, chapitre III. Le mouvement et le sentir. Il existe
une réédition dans un format de poche.
Joseph
Llapasset ©
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