Un
chemin paradigmatique pour comprendre, une approches
orientée vers un en deçà (pas un au delà) du
corps, son être, l'essence de la puissance et aussi bien de
l'ego, du vouloir, du corps.
=
Le mouvement n'est-il pas, à la manière d'un
paradigme, significatif (= il fait signe vers un en deçà)
des problèmes (soulevés par la question sur le corps
selon l'instrument ou selon l'être) et initiatique aux
solutions possibles qui permettraient de naviguer entre
j'ai un corps et je suis un corps sans jamais perdre de vue
l'un ou l'autre. Cette question, est-on possesseur de son
corps, ne doit pas apparaître comme une fuite de l'essentiel,
ce sans quoi il ne peut y avoir d'expérience du mouvement,
une fuite dans une alternative ruineuse: ou bien je possède
le mouvement comme puissance du corps, ou bien je suis ce
mouvement, j'en suis possédé et je disparaît au bénéfice
d'un destin. Il se pourrait bien que seule l'expérience du
mouvement senti , en nous permettant d'échapper à
l'alternative ruineuse de l'avoir ou de l'être, retrouve, au
niveau de l'expérience du corps se mouvant entre
l'avoir et l'être, l'avoir comme l'être métamorphosé en
instrument, en mouvement, et l'être comme pureté
retrouvée de l'instrument, comme apparaître à soi
de ce qui le fonde. Cela fonderait trois figures de la vérité
originaire qui se rejoindraient dans leur être: l'ego, le
corps, le mouvement.
Autant dire que le mouvement est aussi bien l'ego que le corps
en ce qu'ils nous sont connus immédiatement par savoir immédiat
de soi.
Ce
que nous cherchons dans l'égarement, dans l'excès ou
l'extension d'une transcendance, nous ne le trouverons jamais
dans l'extériorité car il est toujours en deçà, dans une
présence à soi fondatrice. L'origine même du mouvement se
confond avec l'immanence de l'essence de la puissance exercée,
toujours déjà là parce que précisément condition de
possibilité de tout apparaître.
A ceux qui objectent que le corps n'est pas seulement le
mouvement, qu'il y aussi le sentir et aussi bien le vouloir,
on pourrait tout leur accorder sauf leur objection en répondant
et en établissant que l'essence du sentir est constituée par
le mouvement et que le vouloir, dans son accomplissement même,
est l'être du mouvement.
=
Si l'être de l'affectivité constitue bien le fondement du
mouvement, du vouloir et de l'action, il devient ainsi
inconcevable que l'on puisse changer son être par une action.
(= racine du désespoir)
L'être de l'ego, du corps, du mouvement, ne peut se
comprendre que comme essence immanente d'une puissance à
partir de laquelle s'éclaire le jeu ambigu entre l'avoir et
l'être. Pourtant, l'ambiguïté ne résiste pas aux raisons:
si j'ai un corps comme instrument de telle ou telle action, ce
n'est que parce que le corps comme ensemble de pouvoir ne peut
se saisir et se comprendre que par le premier apparaître,
l'essence de la puissance, "la venue en soi de la
vie".
=
Qu'est-ce qui permet de dire mon corps?
"Dans
le corps propre et par lui s'exprime l'univers des
relations, réfracté dans une expérience singulière."
Gaston Berger, Recherche sur les conditions de la
connaissance, page 97.
"Sentir, c'est faire l'épreuve dans
l'individualité de sa vie unique, de la vie
universelle de l'univers." Michel Henry, Philosophie
et phénoménologie du corps, page 148.
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Heidegger
disait avec bonheur que la table ne touche pas le mur ... tout
est là!
Joseph
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