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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset   

"L'homme civilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible contre une part de sécurité". Freud.

Par Joseph LLapasset  en réponse à
http://forum.philagora.net/showthread.php?t=8716

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Civilisé signifie ici cultivé, modelé par la totalité des oeuvres et des organisations qui ont pour conséquence d'éloigner d'un état animal premier et pour fin la protection contre les menaces de la nature et la réglementation
des relations des hommes entre eux (Malaise dans la civilisation, PUF , page 37)

Parce qu'elle repose sur un renoncement, aux pulsions instinctives, un renoncement à la libido, certains considèrent que l'homme donne, abandonne une part de bonheur et reçoit une part de sécurité. Il s'agirait bien d'un échange.

Ceci non seulement sur le plan de l'eros (en contrepartie d'une union indissoluble, du renoncement à la sexualité comme source autonome de plaisir) mais aussi et surtout sur le plan de l'agressivité dont Freud a été le témoin horrifié entre 1914 et 1918: penchant à exploiter, violer, martyriser ce qu'on appelle le prochain, au point que la société de la culture est sans cesse menacée de désagrégation, par une agressivité propre à chacun. La conséquence de l'essence de la civilisation est qu'elle rend le bonheur difficile sinon impossible car le maintien de la civilisation exige le sacrifice d'une part de bonheur possible: or le bonheur implique la plénitude d'une satisfaction complète (voir page 75).

Certains feront remarquer que, un tel échange n'a rien à voir avec la liberté d'un don, d'une réciprocité mais s'enracine plutôt dans une nécessité, celle d'une répression, d'une contrainte. On peut donc se demander s'il s'agit bien d'un échange.

=> "Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civile est constamment menacée de ruine."
D'où l'insécurité: la sécurité exigeant l'abandon d'une part de bonheur, du plaisir d'humilier autrui par exemple.

Un plan en trois parties est possible

la première partie expliciterait la pensée de Freud par rapport au contexte.

La deuxième partie en soulignerait l'intérêt et en même temps les conséquences dramatiques en ce qui concerne la guerre perpétuelle.

Dans la troisième partie vous pourriez instaurée un dialogue fructueux avec la lecture de deux auteurs qui ont compris Freud mais qui ne l'ont pas suivi dans son pessimisme:

Reich nie l'existence de cette agressivité.

Marcuse, aussi

D'où trois pistes de lecture: Freud, Malaise dans la civilisation, PUF (au sens de culture) 

WW. Reich; L'Irruption de la morale sexuelle

et surtout Marcuse, Eros et civilisation, Minuit pages 15, 16, 213, 214. Marcuse pose la bonne question.

Bon courage pour ce sujet intéressant car il permet de réfléchir sur l'échange et sur la guerre.


Le mérite de Freud c'est de ne pas fermer les yeux devant la multiplicité des conduites qui semblent bien inhumaines et qui consistent à faire souffrir, et à prendre du plaisir dans la souffrance d'autrui.
Voir
Sur le rapport débiteur et créancier, souffrance et joie.

Voyez par exemple l'importance actuelle du harcèlement moral. Mais on n'a rien inventé: que ne supporte pas un apprenti, un ouvrier, certaines personnes dans l'enfer quotidien de leur bureau. C'est incompréhensible, c'est plus que de la bêtise c'est du plaisir éprouvé à humilier. La position de Freud
semble très forte.

Au Moyen Âge, on commençait à torturer pour faire avouer, puis on torturait parce qu'il avait avoué et enfin on le ranimait pour le tuer proprement ... et cela officiellement jusqu'à, si je ne me trompe, Louis XVI qui a aboli la torture dans l'exercice de la justice. Pourtant Montaigne avait crié longtemps avant: la torture est plus une épreuve de patience que de vérité.

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