Où
situer l’idéologie personnaliste sur l’axe gauche-droite ?
Encore faudrait-il savoir en quoi consistent ces positions,
dont d’aucuns affirment que la réalité est dépassée
depuis que, disent-ils,
les idéologies sont entrées en déclin. Or, cette
dernière affirmation est ici contredite par l’affirmation
de la nécessité d’une construction idéologique propre au
personnalisme.
Dans
la foulée de cette affirmation, on ajoutera qu’il est faux
de prétendre qu’il ne subsiste plus d’idéologies de
gauche et de droite. Mais c’est une toute autre affaire de
juger quel sens on peut aujourd’hui attacher à ce clivage
et comment il convient de se situer par rapport à lui.
Tentons
en premier lieu d’attribuer une définition aux positions de
gauche et de droite. Ce qui les distingue ne se résume pas à
cette hiérarchie des valeurs selon laquelle les unes
pencheraient vers la solidarité et les autres vers la liberté.
Les valeurs ne signifient rien indépendamment de la manière
d’interpréter leur contenu. Une hiérarchisation ne se conçoit
qu’après avoir précisé le sens donné aux mots.
Qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce que l’égalité ?
Le discours sur les valeurs, déjà critiqué sous l’angle
philosophique, mérite aussi de l’être sur le plan idéologique.
Depuis que la révolution de 1848 a ajouté le mot « fraternité »
à la devise de la République française, deux manières
d’interpréter la liberté et l’égalité s’affrontent.
Il
est essentiel de souligner que le clivage entre la gauche et
la droite ne repose pas uniquement sur cette affaire des
valeurs. Il reflète fondamentalement une différence
d’attitude par rapport au politique.
Considérons
les idéologies de droite. Elles comprennent deux variantes
qui aboutissent
à la même conclusion politique au prix parfois de tensions
internes. La première tendance de la droite considère que
l’ordre social spontané est satisfaisant. Il n’y a donc
pas lieu de le changer. C’est l’option de la droite
conservatrice qui peut, le cas échéant, devenir réactionnaire
si elle estime qu’il faut revenir à une situation primitive
dont on s’est écarté artificiellement. La seconde tendance
de la droite se montre plus réservée et même parfois
critique dans son appréciation de l’ordre social, mais elle
considère qu’il n’appartient pas à l’ordre politique
de corriger des travers dont il faut s’accommoder. On a ici
affaire à une droite plutôt modérée.
Les
idéologies qui constituent la gauche classique sont plus
monolithiques dans leurs éléments constitutifs. Ces idéologies
combinent à la fois le rejet de l’ordre social existant et
la volonté de le transformer fondamentalement par des moyens
prioritairement politiques.
On
peut classer à droite du champ politique les tendances idéologiques
qui adoptent le modèle de « l’Etat minimaliste »
(libéralisme), et à gauche celles qui se rangent du côté
du modèle de « l’Etat constructiviste »
(socialisme d’Etat).
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