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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

Penser l'histoire

Déplier le sens de l'expression "penser l'histoire" à partir de l'analyse des concepts
  

Horace (Corneille) 
Mémoires d'outre-tombe (Chateaubriand, livre IX à XII inclus).
Le 18 brumaire de Louis Bonaparte (Marx, traduction M. Rubel-Gallimard, Folio Histoire). 

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Dans Être et avoir, Gabriel Marcel nous dit à la page 16 que "penser c'est reconnaître (ou édifier ou dégager) une structure".

Penser avec un complément d'objet direct signifie donc se donner une représentation rationnelle d'un objet, ce qui suppose que l'objet soit accessible (par exemple par des récits) et que le problème de la vérité, la correspondance d'un discours à son objet, soit posé.

Est rationnel ce qui identifie (reconnaît) une diversité d'éléments (principe d'identité), ce qui cerne leurs rapports comme autant d'enchaînement entre eux(principe de causalité), ce qui met en évidence un sens, une cohérence, celle qui relie des moyens bien ajustés à une fin (principe de non contradiction).

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Est rationnel ce qui suit les grands principes de la raison: la représentation rationnelle est en ce sens un être de raison.

Une structure: le terme suggère un arrangement, un ensemble d'interactions ordonnées entre des éléments, selon des lois qu'il a été possible de dégager ou que l'on a inventées. Ce qui implique une fin et des moyens pour l'atteindre. Une structure c'est une forme dans la mesure où structure désigne les différentes parties d'un tout qui sont solidaires les unes des autres.

Reconnaître ou édifier: un premier problème apparaît. Est-ce qu'on ne plaque pas un  modèle rationnel qui offusque la réalité ou est-ce qu'on enlève une couverture, on dégage. Est-ce que l'on ne construit pas plutôt un modèle?

Se donne: dans tous les cas, parce qu'on se donne, on ne peut nier l'activité du sujet, architecte de la représentation rationnelle du devenir historique, ce qui mobilise aussi  l'imagination.

Représentation: c'est d'abord l'acte par lequel l'esprit se rend présent un objet. C'est ensuite le résultat de cet acte, la chose présente à la conscience. Apparaît un fait mental.

Rationnel: qui appartient à la raison dans la mesure où sa forme est le produit des principes de la raison. En particulier le rationnel et le non contradictoire, ce qui est ordonné à l'apparition d'un sens, d'une signification, d'une orientation.

Penser l'histoire c'est accomplir une opération qui édifie un modèle permettant de proposer un éclairage sur la réalité du devenir historique tel qu'il s'est déroulé ou qu'il se déroule.

Que l'objet puisse être présenté et non pas simplement inventé, c'est la condition pour que des caractéristiques du devenir historique soient dégagées.

Pourquoi est-il si difficile de penser l'histoire et si facile de penser la loi? C'est parce que dans le second cas le schéma proposé est purement rationnel. Dans le premier cas, il y a une réalité sensible qui présente le plus souvent comme irrationnelle: à quoi bon la révolution si la contre révolution doit l'emporter? 
Il y a donc une part de la réalité d'un devenir qu'il semble impossible de réduire à une représentation rationnelle. Devant le triste spectacle que présente la narration du devenir passé à la conscience immédiate, la conscience peine à démêler une rationalité que la succession des événements semble contredire.

L'esprit cherche alors ce qui rétablirait la continuité du sens et pour cela il faudrait réduire la diversité des caprices du hasard. Engels le tentera.
Par contre il est facile de penser la loi avec Rousseau car c'est un être de raison universel qui ne dépend pas des circonstances: la loi a pour caractéristique une double universalité; elle est pour tous ce qui assure l'égalité et par tous ce qui assure la liberté. Toute la structure est cohérente puisque la liberté se ramène à: l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite.

Penser l'histoire: l'entreprise se heurte à un dilemme: découvrir ou inventer.
Le terme français histoire a deux sens: d'une part, et "d'abord", le devenir passé qui nous a faits ce que nous sommes en fonction de nos racines et de nos ruptures. Racines et ruptures que nous trouverons aussi bien chez Corneille, Chateaubriand que chez Marx. Pourquoi "d'abord", parce que sans ce premier sens le deuxième, la narration du devenir passé, n'existerait pas. Plus précis que la langue française, la langue allemande distingue: die Geschichte, l'histoire, ce qui est arrivé et die historie désigne la narration de ce devenir passé.
 

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