Le
malade et sa guérison !
Vers
un ajustement du médecin et de son malade.
Longtemps le médecin n'avait rien comme observation réelle mesurable, il
se tournait donc vers le qualitatif non pas par grandeur d'âme mais parce
qu'il n'avait rien: il écoutait longuement les plaintes du malade ce qui
suffisait parfois à rassurer le patient ... Le médecin d'aujourd'hui
multiplie les examens, s'appuie sur des spécialistes, et rêve souvent
d'un client qui se tairait.
Reste que le
malade qui ne sait plus trop ce que c'est d'être malade, surtout si on
lui a dit que l'impression d'être en bonne santé est une illusion, reste
que le malade attend la guérison, une guérison totale, avec comme
condition qu'on le considère donc comme un tout psychosomatique. Il
quête le salut comme santé du corps et paix de l'âme, ce que les grecs
appelaient avec bonheur aponie et ataraxie. Mais qui les lui donnera?
Si on admet que guérir c'est retrouver la santé et la liberté, alors,
à celui qui mène une enquête sur le thème de la guérison se posera
nécessairement le problème de la définition du terme santé.
Si la santé c'est plus qu'un réglage qui fait disparaître tel ou tel
dérèglement, c'est plus que l'absence de maladie, alors s'éclaire
peut-être l'origine du malentendu entre le médecin et le malade: cet
éclairage va refluer sur le médecin comme sur le malade et les
détourner du mensonge, cette blessure mortelle de toute relation vraie.
Sinon le
malade se plaindra toujours de ne pas avoir été guéri et il multipliera
les consultations diverses dans une errance sans fin.
L'idéal pour
qu'un dialogue s'instaure entre le médecin et le malade serait que chacun
se sente pauvre de son propre savoir
pour s'ouvrir au savoir de l'autre et en être éclairé. Cela passe par
un effort d'explication qui débouche toujours sur une remise en question
car il suffit d'expliquer quelque chose pour mesurer l'aspect théorique
de son savoir et en apercevoir les limites.
Joseph
Llapasset ©
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