A une
finalité linéaire, Rousseau substitue une finalité circulaire.
Stratégie.
Provoquer une réaction de l'homme contre la passion qu'exerce
sur lui l'action de la société. Revenons sur Les rêveries
du promeneur solitaire.
La
promenade joue le rôle d'un paradigme: sa finalité est
circulaire: on revient toujours au point de départ un peu comme
dans la course de l'ancien "theos" qui revient sans
cesse à son point de départ. La promenade nous permet donc de
concevoir ce que peut être une finalité circulaire.
La
rêverie consiste à jouir à partir de ce qui est donné. Pas
d'action = pas d'altération. Finalité circulaire =
restauration, règne du dictamen de la conscience, retour à
l'instinct divin: "L'instinct moral m'a toujours bien
conduit."
L'action
relève alors non plus de fins données par la société mais du
sujet agissant selon ses principes: Rousseau, le Newton du monde
moral selon Kant. Renversement.
Solitaire
parce que, il a compris que l'action finalisée venait de la
société et que cela représentait une perte de soi dans l'altération.
La
société commandait, pas l'homme! Selon le schémas:
société => regard d'autrui => action pour se distinguer
=> paraître au détriment de l'être.
L'action
finalisée n'a donc pas pour origine la nature, l'être en soi,
mais la passion exercée sur l'homme: l'homme subit le regard
d'autrui qui commande son action.
Le
solitaire retrouve sa paresse naturelle, son existence d'être
libre qui jouit du moment, délivré qu'il est d'une société
par l'action de laquelle il souffrait, il supportait un
"travestissement", un engagement dans une voie qui n'était
pas sienne.
Nous
allons maintenant comparer le début d'Emile et du Contrat
social, pour mieux comprendre ce qui précède: point de
vue moral et politique.
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