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Posons ici que l'action c'est ce qui cherche à
transformer les choses, les autres, ou soi même.
Cela nous renvoie d'abord au désir dont l'essence
est de ne pas se satisfaire du milieu, de ce qui est donné.
Cela nous renvoie aussi à un être raisonnable sensiblement
affecté qui a la capacité de poser une fin, d'inventer ou
d'utiliser des moyens ajustés par son intelligence, de
s'imposer librement une discipline, celle qui est exigée par
le travail de transformation, et enfin de déployer une
énergie pour la réalisation effective de l'action engagée.
L'action est
toujours issue d'un être raisonnable qui se transforme selon
une morale et qui humanise son monde selon une action
politique dont la fin ultime est l'avènement d'un espace de
discussion permanente entre les citoyens d'un État, et entre
les États eux-mêmes.
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Nous distinguerons donc l'action de la simple activité
technique. En effet, l'action est
essentiellement morale dans la mesure où elle procède d'une
volonté libre, d'un pouvoir de décider qui n'appartient
qu'à l'individu. L'action est morale s'il y a recherche
volontaire et personnelle de la réalisation d'une intention
dans et par la modification de soi même, des choses, ou
encore des autres.
Les trois
objets d'une philosophie politique seront la morale, la
Société, l'État. En effet, une action n'est politique que si elle
résulte d'une volonté libre. Cela signifie que l'action
raisonnable a pour origine un individu qui se
détermine en se décidant librement, indépendamment des
intérêts sensibles de la nature à laquelle comme individu
il appartient. En choisissant la cohérence logique de son
attitude et de sa conduite, l'individu ouvre un avenir de
progrès par le dépassement et s'ouvre à une réfutation
toujours possible: par là il ouvre le champ du politique,
d'un pouvoir partagé.
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Il s'ensuit que seule la morale peut amener au point de
vue qui sera celui de l'action politique raisonnable et
donc au dépassement de la simple efficacité adorée par la
société: au delà du simplement utile, l'action et
singulièrement l'action politique, ne vaut que pour autant
qu'elle vise ce qui est bien aux yeux des moralistes: La
maîtrise exercée par le raisonnable sur les appétits de la
générosité restreinte, ce qui autorise l'espoir d'une
humanité réalisant une liberté partagée.
Penser
l'action morale et politique revient donc à penser l'exercice
de la liberté pour humaniser le monde et s'humaniser grâce
à l'action exercée sur le monde et sur soi même.
Joseph
Llapasset
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