Origine probable de votre sujet: ..."Ne pouvant fortifier la
justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent
ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien." Pascal,
Pensées, 470
Difficultés: que pouvez-vous "faire" de ces trois
termes? Comment faire jaillir une problématique, un ordre à suivre qui
orienterait vers un problème? Vous avez à découvrir / inventer un chemin de
pensée là où aucune méthode ne peut vous tirer d'affaire. Comment ajuster
au sujet cet "habit sur mesures" que sera le mouvement
de vote dissertation? Par un tableau de définitions et la recherche des
relations possibles entre ces trois termes, le point de vue formel
(académique ou rhétorique) n'offusquant jamais la recherche de la vérité
du contenu, la règle de composition propre au concept ne faisant jamais
oublier la considération de l'existence sans laquelle la pensée risque
toujours d'être creuse: dans le tableau de définitions scrutez d'abord le
terme "et" qui relie et qui évite une pure
juxtaposition des trois termes.
ET
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Conjonction
de coordination qui lie des mots de même nature ou de même fonction:
coordination laisse lire ordinatio qui signifie "ordre" , selon
l'addition ou un rapprochement entre justice et force , ce qui vous
étonnera aussi longtemps que vous confondrez force et violence. En
juxtaposant il invite donc à distinguer, à rapprocher, à opposer
selon un mouvement essentiel de la pensée.
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PAIX
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Distinguez
paix véritable, idée à quoi rien de sensible ne correspond et paix
réelle, précaire: selon l'essence ou l'existence. Paix perpétuelle, et
paix éternelle en utilisant nos aides.
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JUSTICE
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C'est, du
point de vue du concept, de ce qui est écrit, la conformité au droit
positif: la justice des hommes est aussi bien le pouvoir de faire
régner le droit et l'exercice de ce pouvoir.
Du point de vue de l'Idée, la justice est un idéal, une valeur, un
horizon comme respect de la personne, en tant que sujet moral et sujet de
droits.
Selon le concept on trouve comme qualité essentielle de la justice le
pouvoir d'exercer et donc la force au service du droit: une force
calculée, maîtrisée, limitée au service de la raison, pour tous et par
tous; au contraire de la violence, irrationnelle, emportée, sans limite
que la mort d'autrui, au service d'une volonté particulière, exercée
par une violence particulière.
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FORCE
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Concept désignant la
puissance d'action physique, mais aussi la contrainte morale, la violence.
Contrairement à l'idée qui se pense par un effort de liberté, une force
se mesure. Contrairement à l'idée qui régule, la violence ne régule
rien, elle brise ou détruit. Si l'idée permet de juger, d'évaluer, de
justifier dans une certaine mesure, la force ne justifie rien car la force
ne fait pas le droit. Voir: Le
loup et l'agneau (lien
ouverture nouvelle fenêtre)
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A
- Pour l'introduction et la problématique:
- Commencez
par vous étonner: paix, justice, d'accord ! Mais que vient faire la force
dans tout cela. On sait très bien que du point de la justice, la raison du
plus fort n'est jamais la meilleure et que poser la justice c'est du même
coup poser l'égalité. Or la répartition des forces est inégales entre le
riche et le pauvre, entre le fort et le faible... La force n'est-elle pas le
refus de recourir aux lois? C'est Bismarck qui dit que la force fait le
droit, mais ce sont les paroles d'un guerrier, d'un homme de guerre et pas
d'un artisan de paix.
Cependant, cette exclusion de la force du triangle (justice paix force)
n'est-elle pas ruineuse pour la paix et pour la justice? Que serait la paix
appuyée sur la faiblesse? Et que serait la justice si rien ne venait faire
respecter le droit?
-Que serait
une paix sans justice sinon une paix par la force? Que serait une force sans
la justice sinon une violence aveugle au service des appétits particuliers?
Je suis donc contraint d'une certaine manière de ne pas exclure la force sous
peine de voir la paix et la justice être réduites, chacune, à un idéal de
l'imagination Me voilà donc obligé de les penser ensemble: problème:
comment penser ensemble ce qui semble s'opposer? D'où l'embarras dans lequel
je me trouve et qui indique que je suis au plus prêt du problème.
Enjeu:
importance de la question, de ce qui se joue, se risque dans une pensée
libre.
B
- Pour la
recherche du plan: trois pistes possibles:
1) Si
Je les pense ensemble: Est-ce que je ne vais pas obtenir une paix
temporaire, pleine d'arrière pensée, provisoire parce que imposée ...
2) Si j'exclus la force, ne vais-je pas perdre la justice et la paix ...
3) A quelles conditions la force pourra-t-elle dans la réalité, se
déployer comme ce qui fait rayonner le droit? Comment concevoir une
force au service du droit et donc de la paix? Ne doit-on pas recourir à
la solution que donnerait une conversion, une force morale et donc
pleinement humaine? Pour cela ne faudrait-il pas que la justice soit
justifiée?
C
- Pour la recherche des idées - Quelques
citations comme autant de pistes de lecture.
"Où manque la force, le droit disparaît; où apparaît la force, le
droit commence de rayonner." Barrès, La grande pitié, page
360.
"Le culte de la force a toujours eu des autels, mais il semble qu'à
mesure qu'on voit plus de justice et d'humanité, l'autre dieu voit grandir
son empire." Amiel, Journal intime 19 Août 1973.
"L'exigence de justice ...a sa racine dans l'affirmation radicale que
l'autre vaut en face de moi , que ses besoins valent comme les miens."
Ricœur, Philosophie de la volonté, page 120
"Rien de plus impérieux que la faiblesse appuyée de la force." Napoléon
Bonaparte.
"La justice sans la force est impuissante; la force sans la justice
est tyrannique ..." Pascal, Pensée 470.
D
- Pour une conclusion... Ordre possible de votre conclusion: Bilan
=> conséquence théorique ou pratique => élargissement.
- Vers un
élargissement. Comment s'assurer que la force ne dégénère pas en violence?
- On trouvera de quoi nourrir et appuyer ces réflexions dans Le Projet de
paix perpétuelle (Kant) et Quatrevingt-Treize (Hugo)
=> Vers
Paix véritable, paix réelle
(*lien ouverture nouvelle fenêtre)
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