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Commencer toujours par s'étonner devant la question posée:
questionner le sujet: comment peut-on poser une telle question?
Par
exemple... peut-on douter de ce qui permet de douter? Après tout,
c'est moi qui doute: puis-je douter de moi? Peut-on douter du
point de départ de toute recherche? Puis-je douter de moi, de mon
existence au moment même où je doute, où elle s'exerce? Le
doute ne me découvre-t-il pas, tout d'un coup, mon existence et
son essence, ce qui m'appartient en propre, ma conscience? Si je
doute de ma conscience, quel sera mon point d'appui?
L'inconscient?
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Voici le
"classique" tableau des définitions
Faut-il
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Est-il
nécessaire dans tous les cas?
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douter
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Être
devant deux routes (duo a donner douter), être hésitant,
perplexe devant. Mettre en question dans un dialogue intérieur
ce que l'on pense ou ce que l'on vit. On peut distinguer
le doute méthodique, utilisé dans la recherche
de la vérité, provisoirement et le doute
absolu, sceptique, définitivement?
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sa
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ce
qu'on a en propre: "C'est moi qui doute, qui
imagine, qui affirme ou qui nie..." Descartes.
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conscience
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1- Ce
qui accompagne (cum = avec) le savoir, la présence du
sujet à son savoir: la conscience est d'abord une présence
à soi (le moi). Cette présence à soi est certitude du
sentiment car ce qui s'éprouve soi-même ne peut douter
de cette épreuve qui le constitue. "Je suis,
j'existe", si je doute je sais que c'est moi qui
doute. ce savoir n'est pas le savoir d'un objet que je
considère, c'est le savoir qui accompagne toute
existence, qui la constitue comme sujet.
2- Mais aussi, la conscience c'est ce avec quoi je sais:
elle est acte de relation: un acte ne se définit pas,
il s'accomplit de multiples manières: la conscience
choisit, retient, anticipe, imagine ... et dans tous les
cas elle vise autre chose qu'elle: elle fait apparaître
le monde, les autres, un moi empirique (construit dans
l'expérience, représenté) par des images ou des représentations
élaborées par l'esprit. La conscience peut témoigner
ou juger.
3- Sans la présence à soi les actes de la conscience
ne seraient pour personne: à la lettre ils
n'existeraient pas. Si on appelle acte de transcendance
la visée du cogitatum (objet de pensée intérieur) par
le cogito (la conscience), il faut dire que l'acte de
transcendance doit s'auto-affecter, s'éprouver soi-même
sous peine de n'être pour personne: au moment même où
le moi accomplit l'acte de sentir, de percevoir, de se
souvenir, d'imaginer, il se sent ou il se sait en train
d'accomplir tous ses actes.
4- Toute conscience est conscience de quelque chose, une
suite d'actes de relation mais ces actes peuvent varier
selon leur niveau ou leur degré, de la conscience immédiate
ou spontanée (l'opinion) à la conscience réfléchie
constitutive du savoir jusqu'au sommet de la conscience
morale qui fait apparaître autrui comme un sujet libre
et par là l'humanité comme ensemble des sujets dignes.
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= Pour
comprendre, faisons un exercice de maïeutique plus que jamais nécessaire
dans un sujet aussi difficile.
* Si nous sommes "existence",
sommes-nous quelque chose en nous-même? Serions-nous néant?
Au contraire des choses qui sont en elles mêmes tout ce qu'elles
sont (en-soi), ne serions-nous pas, par nos fins (= ce que vise un
acte) et par nos motifs (raison d'agir d'ordre intellectuel), toujours
en avant de nous-mêmes?
Problème:
comment accorder la liberté d'une existence avec la continuité
d'une essence? Comme projet l'homme n'est-il pas autre que
ce qu'il est? Il n'est donc pas ce qu'il est, en ce sens.
Comme projet, l'homme n'est-il pas déjà en train de devenir cet
autre? En ce sens il serait ce qu'il n'est pas.
Dès lors comment parler d'une conscience d'être alors que l'être
manque?
*Si,
pour l'homme, être c'est exister peut-il y avoir
conscience d'une chose dont l'essence est de devenir, de
n'être pas ce qu'il est et d'être ce qu'il n'est pas?
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*Si
X et Y sont confondus en quoi le sujet a-t-il malgré tout une
raison d'être?
Comment
comprendre qu'on puisse ne pas être soi-même sans admettre qu'on
puisse parfois être soi-même?
L'alternative ne
renvoie-t-elle pas -à un choix, une liberté (Voir la LA
LIBERTÉ) à une distance, temporalité, être
serait se faire par un projet et une action fidèle au projet, -
et à un effort de fidélité à un choix = fidélité à soi-même
comme on se prévoit dans le futur?
L'appétit,
le refus du projet, la lâcheté nous conduiraient à ne pas être
soi-même.
Mais cela implique que le soi puisse être choisi: je serai cela!
S'agit-il bien du soi?
Fondamentalement le soi est la présence à soi, ce qui s'apparaît
à soi-même, l'épreuve de soi, l'auto-affection, ce qui ne peut
échapper à soi (consulte dans Philo Recherche/fac, la page sur
Michel Henry).
Alors
il serait impossible de ne pas être soi-même, le moi serait cloué
à lui-même (Kierkegaard).Ce
que j'appelle soi ne serait-il que le personnage, la personnalité
ou la personne qui sont des "vêtements" auxquels on
peut échapper, fruit du regard des autres ou d'une conception?
"Amer savoir qu'on tire des voyages",
Baudelaire: on ne quitte jamais le soi et, en ce sens, on ne peut
pas être soi-même: on s'accompagne partout.
La liberté ne porterait donc que sur des actions conformes ou non
conformes (dignes ou indignes) à nos projets (= autonomie, obéissance
à la loi qu'on s'est prescrite) mais l'épreuve de soi ne peut
pas ne pas être, ce serait la perte de la conscience!
Une conception
politique du moi permettrait peut-être d'échapper à l'aporie,
l'embarras: le soi comme ce qui a surmonté les autres instincts:
résultat d'une victoire. Alors on pourrait changer d'instinct et
ne plus être le soi qu'on était; Le soi ne serait alors qu'un
nom, une "notation commode (Alain), désignant une pluralité
d'instincts en lutte et le vainqueur provisoire. Pense aux
sophistes (hommes de la politique et du pouvoir) qui ne sont
jamais ce qu'ils sont toujours en mouvement au contraire de
Socrate l'homme de l'essence de la définition.
Pourtant on peut se demander si
cette destruction du soi peut aller jusque dans les fondements qui
sont les conditions de possibilité de toute conscience: la présence
à soi, sans distance et sans multiplicité.
Pour
ton sujet tente de déterminer le terme conscience:
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sens 1) un mouvement vers un objet que je
ne suis pas, une chose qui apparaît: en ce sens
"Toute conscience est conscience de quelque
chose". C'est Husserl que reprendra Sartre. Mais si
je me regarde, j'ai conscience d'un moi empirique qui
n'est pas moi, que je place à distance dans un acte de
transcendance, un horizon. En ce sens j'ai conscience d'être
une chose déterminable par son caractère (actif ou non
actif par exemple), le personnage, la personnalité, la
personne. Ces déterminations me sont quand même extérieures
comme des vêtements plus ou moins bien ajustés parce
que:
-
sens 2) la conscience est avant tout présence
à soi, auto affection de l'acte de transcendance, épreuve
de soi, passion pour ainsi dire: en ce sens j'ai
conscience d'être conscient. C'est tout, c'est la Vie.
Au sens 1) je ne suis pas ce que j'ai conscience d'être
car le seul fait de le savoir m'en distingue, m'en sépare:
en ce sens Sartre écrit: "L'homme est ce qu'il n'est
pas (son projet) et n'est pas ce qu'il est (parce qu'il
s'en sépare, en en prenant conscience)
Au sens 2) je suis toujours ce que j'ai conscience d'être
parce que l'existence est la première donnée de toute
conscience. (voir Descartes Discours de la méthode)
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Pour
le plan tu peux l'articuler
selon le sens 1),
puis le sens 2), mais le meilleur plan sera celui que tu
trouveras.
Voici un tableau qui peut aider à lire les pages 515 et 516 de l'Être
et le Néant (Sartre). Tu dois comprendre chaque
colonne prise de haut en bas: confondre les deux colonnes c'est
confondre les motifs et les fins avec les choses données!
Existence,
mouvement
Conscience
Pour soi
Liberté
Néant
Discontinuité, autre
Motif, mobile
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Essence,
ce que la chose est
Inconscience
En soi
Déterminisme
Être
continuité, le même
Processus causal
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Tu peux aussi regarder dans le site: Le cours sur l'existence
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