° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

  Peut-on critiquer la démocratie? 

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-Tableau de définitions

Peut-on écarter le sens: est-il possible? étant donné le nombre de critiques qui pleuvent sur la démocratie... Choisir le deuxième sens: est-il légitime de?
on vous invite à vous placer sur le plan de la pensée, de l'objectivité, avec tous ceux qui pensent.
critiquer juger de la valeur de, séparer le vrai du faux et donc faire des remarques désobligeantes, limiter, porter un jugement défavorable sur.
la démocratie régime politique soumis à une constitution adoptée par tous: dans un tel régime, le peuple, comme ensemble des citoyens à la fois législateurs et sujets, est le souverain. Dans une démocratie, il ne peut y avoir ni maître ni esclave car "Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois; et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes." Rousseau.

==>Pour la problématisation: étonnez-vous!

Comment pourrait-on critiquer légitimement ce qui fonde toute légitimité?

La double universalité des lois (pour tous et par tous) ne fonde-t-elle pas l'Etat de Droit, l'égalité devant la loi et la liberté civile sans lesquelles il n'y a pas de vie humaine possible?

La démocratie est-elle une technique ou une valeur? -Si c'est une technique, un concept, ne suffit-il pas que les hommes soient gouvernés comme ils souhaitent? -Mais si c'est une valeur, une idée, il faut que les hommes maîtrisent leur destin.

==> Pour la recherche des idées et du plan.

1) Quelles critiques est-il possible d'entendre sur la démocratie?

  • -La démocratie n'est peut-être qu'un terme, un mot, dont le sens évolue sans cesse en fonction de l'évolution de la société, des désirs et des besoins qui l'animent... Peut-on penser, peut-on se fier à cette pluralité de formes et de contenus, à ce qui n'est pas un concept déterminé?
  • -Parce qu'elle est fondée sur la souveraineté du peuple la démocratie, en affirmant que la majorité a toujours raison, ne confond elle pas la clairvoyance de l'intelligence et l'opinion de la majorité des "prisonniers de la caverne"? Mais dans le devenir de l'humanité, c'est souvent un individu qui a eu raison contre tous? (cf. Platon scandalisé par la mort de Socrate... Pasteur seul contre tous devant ses confrères.. et bien d'autres).
  • -Pour que le peuple exerce sa souveraineté il faudrait qu'il existe. Mais où trouver un citoyen qui ait accédé à la parfaite maîtrise de soi, qui serve l'intérêt général lorsque le pouvoir lui est confié et qui ne favorise pas ses amis ou même les amis des amis...
    -La démocratie ne donne-t-elle pas en fait le pouvoir de faire la loi aux prisonniers de la caverne, à l'opinion et donc aux montreurs de marionnettes, aux manipulateurs qui utilisent la puissance des mots, la peur, pour persuader?
  • -A l'heure où la technique annule les distances spatio-temporelles et permet de réagir en temps réel, la consultation du peuple pour les grandes décisions ne retarde-t-elle pas, parfois, pas la réaction nécessaire et n'affaiblit-elle pas les démocraties? Où irait un bateau si le capitaine devait consulter l'équipage sur la nécessité d'une manœuvre pour éviter un iceberg?
  • -"La tragédie des démocraties modernes est qu'elles n'ont pas réussi à réaliser la démocratie" Maritain.

=Transition. Toutes ces critiques portent sur ce qui est et n'ont pas sur ce qui doit être: elles n'atteignent pas l'idée de démocratie qui, comme exigence de ce qui doit être, garde toute sa valeur. Ces critiques se fondent sur l'idée de démocratie, comme ceux qui critiquent l'idée de justice s'appuient sur cette même idée.

2) Pour quelles raisons l'idée de démocratie ne peut être critiquée: -pas d'existence humaine, pas d'humanité possible sans elle.

  • La liberté pourrait-elle exister sans Loi? La liberté ne suit-elle pas le sort des lois? Une existence peut-elle avoir un sens humain sans liberté?
  • "L'amour de la démocratie est celui de l'égalité" Montesquieu, Esprit des lois, V, III. Peut-il y avoir égalité sans loi?
  • Parce que la démocratie est un idéal, elle implique que toute réalisation se questionne elle même, ce qui empêche la réalisation de dégénérer en principe de totalitarisme: ce questionnement exclut le dogmatisme qui confond l'hypothèse et le principe, l'idée et la réalisation: cela fait la force de la démocratie contre les ennemis de la liberté.
    "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" Saint Just.

3) Parce qu'elle est toujours critiquée, menacée, parce sans elle, il n'y a pas d'humanité possible, parce sans elle aucun jugement ne peut être porté sur ce qui est violence, rapine, manipulation, parce qu'il est impossible de critiquer la démocratie sans l'utiliser comme fondement même de la critique, sans l'affirmer comme ce qui doit être défendu, la démocratie est toujours à conquérir!

  Pistes de lectures:
Platon, La République, Livre VIII, 555 à 565.
Montesquieu, L'esprit des lois, II, II.
Rousseau, Contrat social, III, IV.
R. Raymond, La démocratie à refaire, Paris 1963.
Dans l'Encyclopédia Universalis, TomeV, p. 1081 à 1086. Un excellent article de G. Burdeau, exhaustif et clair.

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