Pour une approche méthodique du sujet: Soit démocratie = X
Bien noter que la question n'est pas: Pourquoi la démocratie est-elle toujours à conquérir?,
ni même la démocratie est-elle toujours à conquérir?
Mais en quoi la démocratie...
Comprendre que la question porte sur la démocratie, ce qu'elle est ou ce
qu'elle doit être: c'est donc l'analyse de X qui montrera si dans le
concept démocratie réside nécessairement l'élément qui la
rend vulnérable au point qu'elle serait toujours menacée et donc à conquérir: que la
démocratie soit menacée peut aussi venir d'un entourage qui la nie, qui n'en veut pas,
qui veut se servir d'elle pour la faire disparaître.
démocratie
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régime politique dans
lequel l'ensemble des citoyens (à la fois législateurs et sujets) détient la
souveraineté: le peuple est souverain.
-Tout le monde obéit: la loi est pour tous: il n'y a donc pas de
maîtres et personne ne sert.
-Tout le monde commande, est législateur par son vote; la loi est
par tous: la liberté est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite.
-Fraternité: "avec tous", du même côté
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toujours
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dans la totalité du temps,
sans exception.
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conquérir
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obtenir en luttant, par des
efforts:
réaliser.
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*Pour trouver des idées: se
demander si la démocratie est un concept ou une idée, ou, selon la
perspective, un concept et une idée? Conséquences pour le sujet? (voir
la page sur la tolérance, jusqu'au bout, dans
"Philonotions/bac", lien en bas de la page).
*Problème: comment se fait-il que ce qui
est reconnu -(au moins en paroles puisque le dictateur s'appuie toujours sur "un
parti démocratique")- comme le meilleur régime "possible", soit toujours
menacé? Par qui? Par quoi?
I. Par la liberté
naturelle, l'indépendance.L'Etat de droit, le règne de la
loi pour tous et par tous exige que chacun renonce à sa liberté naturelle (de faire
n'importe quoi s'il le peut) et reçoive en échange une liberté civile garantie par la
loi, limitée (interdiction de la violence) mais réelle. Ce contrat qui semble juste
puisque chacun reçoit plus que ce qu'il a donné est en fait très difficile à réaliser
effectivement parce que:
Cet échange est fictif car le renoncement
à l'indépendance n'est pas l'échange d'un objet: alors que si je donne un billet de
100frs, je le perds, il va circuler, c'est définitif, si je donne ma liberté naturelle
je ne me sépare pas de la possibilité de l'exercer, je peux toujours y revenir en
cédant à l'impulsion, en utilisant la violence: c'est que l'indépendance n'est pas un
objet qui s'échange mais un acte. Chacun peut alors profiter de la loi pour
"recycler" l'argent volé, croyant ainsi gagner sur les deux tableaux.
L' État
de droit pose comme fin, promet, le
bien de tous, le fruit d'un effort commun: or un fruit est toujours futur: d'une part
chacun a du mal à préférer un futur qui n'est pas là à un présent qui est là,
d'autre part chacun a du mal à reconnaître dans le bien de tous promis son propre bien:
alors que le bien particulier (le profit) est observable, le bien général est une
hypothèse, un calcul de la raison, souvent ou toujours aléatoire.
L' État
de droit, fondement de la
démocratie, est donc constamment menacé par la générosité restreinte. Il est donc
toujours à conquérir; il faut donner de la force au "lointain", trouver un
équilibre entre le bien particulier et le bien général, définir (nos politiques disent
"expliquer") avec précision les fins et les objectifs.
II. Par son
caractère de concept ou d'idée:
L'État de droit est un être de raison: la
double universalité de la loi est en effet un produit de la raison qui unifie; Mais un
être de raison n'a pas d'organes (il ne parle pas, il n'écoute pas...) il lui faut donc
des ministres, un gouvernement: un pouvoir d'exécution appartient au ministre; Mais
l'exercice du pouvoir est une perpétuelle tentation: le serviteur de la loi, le serviteur
de tous peut à tout instant se transformer en tyran, qui servira ses amis et non le bien
de tous.
D'où la nécessité de séparer les
pouvoirs du législatif et du judiciaire, avec la difficulté de faire que celui qui
contrôle soit contrôlé par celui qui est contrôlé: ex: les juges contrôlent
l'administration de l'Etat, les élus du peuple n'ont-ils pas le droit de contrôler les
juges? C'est un cercle, une menace pour toute démocratie qui ne trouverait pas une
solution à ce problème.
L'exercice du pouvoir rend-il fou?
III.
Par
son fondement: morale et politique.
L'Etat de droit repose sur l'obéissance à
la loi qu'on s'est prescrite, "la priorité donnée à l'universel"
(Montesquieu) mais le travail repose sur l'intérêt, la concurrence, l'appétit: il y a
donc contradiction au coeur de la société entre la raison de l'état et la guerre de la
société: d'un côté chacun pour tous, de l'autre chacun pour soi; Cette contradiction
menace sans cesse la démocratie car elle engendre la violence et chez certains le
désespoir, la volonté de faire la loi dans la rue et non dans les assemblées: ce qui
serait la fin de la démocratie.
Pour une
conclusion:
La démocratie est sans cesse à
conquérir car son concept est contredit par la réalité d'une société où chacun est
encouragé à satisfaire ses appétits et à faire prévaloir son entreprise sur celle des
autres.
La démocratie est donc fragile, sans cesse menacée par des
groupes de pression qui voudraient utiliser la loi (pour eux et par eux).
La démocratie ne peut être réalisée que par une volonté
politique, expression de la volonté générale: le laisser aller ne peut que la faire
disparaître.
L'enjeu du sujet est immense: le maintien de la liberté dont, selon Rousseau, le
sort suit celui des lois.
"Il faut que le peuple combatte pour sa loi" Héraclite.