Commencez
par lire: la page sur l'existence
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Rappelons que nous vous proposons
des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en
pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de
l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle
que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de
l'universel qu'elle vise.
=>
La difficulté vient de ce que vous devez lire la phrase d'un trait
puisque le et
vous invite à ne pas séparer les deux périodes.
Autrement dit = peut-on être sans avoir conscience d'être et
(malgré cela), avoir conscience d'être sans savoir ce qu'on est.
Si je réponds non à la première période, on s'attend à ce que
je sache au moins ce que je suis. 1
Peut-on
être sans avoir conscience d'être ? Si
on signifie l'ensemble des hommes, la réponse semble être non.
Par contre si on,
désignait les choses, Hegel fait remarquer qu'on ne dira jamais:
"cette marchandise existe chère"
Mais on dira, "cette marchandise est chère".
Être désigne donc la réalité actuelle des choses qui nous
entourent et qui n'ont pas conscience de soi ni de leur
environnement; Le moi, le monde, autrui, ce n'est rien pour elles.
Cette pierre ne sait pas qu'elle est pour celui qui la regarde.
C'est comme si celui qui la regarde lui donnait l'être.
Voilà pourquoi il est toujours possible d'affirmer qu'on ne peut
être , au sens plein, que par la conscience de soi dans la mesure
où l'être n'est rien pour moi sans la conscience qui effectivement
fait se déployer pour moi un horizon dans lequel les choses
apparaissent, cet horizon disparaissant avec moi.
Berkeley écrivait dans "Les principes de la connaissance"
I, 6: "Tous les êtres qui composent l'ordre du monde ne
subsistent point hors de mon esprit." 2
Peut-on
avoir conscience d'être sans savoir ce qu'on est? Une
connaissance, c'est la détermination d'une intuition sensible par
un concept. S'il est évident que le je pense doit pouvoir
accompagner toutes nos représentations mentales, sinon je ne
penserais pas, il est encore plus évident que la conscience de soi
n'est pas une connaissance de soi, affirmait Kant.
Rousseau dans Émile, IV, page 341 écrit: "Je sens
mon âme, je la connaîs par le sentiment et par la pensée, je sais
qu'elle est sans savoir quelle est son essence." Dans
les deux cas il s'agit bien de: avoir conscience d'être sans savoir
ce qu'on est. -
La conscience d'être advient par la parole, quand l'enfant dit moi
pour se désigner.
"Cette proposition: je suis, j'existe est nécessairement
vraie toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en
mon esprit." Descartes, Méditations métaphysiques,
deuxième, IX, 19. Il
faut donc effectivement distinguer l'essence (ce qu'on est) et
l'existence (elle vise toujours autre chose que soi), elle s'élance
vers, "C'est un éclatement" dit Sartre, ce qui,
pour cet auteur, exclut l'intimité, le retour sur soi qui
permettrait de savoir ce qu'on est. Si toute conscience est
conscience de quelque chose, avoir conscience c'est toujours
révéler la signification des choses que nous ne sommes pas.
Exister c'est avoir conscience d'être, ce qui donne la certitude de
l'existence, mais qui ne donne pas un objet à connaître.
D'ailleurs, l'homme a-t-il une nature? S'il est liberté, capacité
de se choisir en choisissant, avoir conscience d'être permet de
devenir en effectuant des choix.
Exister
= choisir.
On saurait bien qu'on est (on existe) sans savoir ce qu'on est (sans
connaître son essence).
=>
Et si l'essence de l'homme c'était de ne pas en avoir, d'une
certaine manière il serait ce qu'il n'est pas (puisqu'il se
projette et quitte déjà l'état présent) et ne serait pas ce
qu'il est. En ce sens, être c'est se faire, être c'est parler.
Analyser le projet.
3
Il
est temps de prendre en considération le et
qui relie les deux propositions.
C'est
le coeur de la question. Vous pouvez ajouter en
même temps pour
mieux comprendre.
N'est-il pas contradictoire (au premier abord) d'affirmer qu'on ne
peut être sans avoir conscience d'être d'une part et que en ayant
conscience d'être on ne peut savoir ce qu'on est ! Les deux
propositions peuvent-elles coexister?
Peut-on accorder qu'on ne peut être (pleinement) sans avoir
conscience d'être et que la conscience d'être n'entraîne
cependant pas le savoir de ce que l'on est, puisque la conscience de
soi n'est pas une connaissance de soi.
Serait-ce que celui qui a conscience d'être n'a pas l'idée de ce
qu'il est, un peu comme celui qui saisit l'union de l'âme et du
corps, n'ayant pas l'idée de l'âme est certain de l'union mais il
ne peut connaître ce que c'est que l'union.
Serait-ce que l'existence, parce qu'elle est un acte qui s'accomplit
dans la temporalité fuit devant la pensée qui voudrait la
déterminer.
Serait-ce que "l'homme devrait se créer sa propre essence"
(Sartre) et qu'il ne peut donc se connaître en tant qu'homme que
dans la création de soi par soi?
Conclusion:
Bilan=> Conséquences
Théorique? Pratique?=>
Enjeu => Élargissement vers un
problème
Il semble qu'il est possible de
répondre oui à la question posée: la première proposition est évidente,
d'une évidence rationnelle et la deuxième proposition peut être acceptée à condition
de distinguer les deux sens du verbe être: selon l'essence et l'existence. Les
deux propositions peuvent alors être déclarée non contradictoires.
Bonne
continuation
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