° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie

Peut-on être homme sans être citoyen?

 HOMME

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Vous retrouvez une formulation classique qui vous invite à déterminer deux expressions (être homme, être citoyen) et à mettre en évidence leur relation pour répondre à la question posée: être homme cela implique-t-il nécessairement être citoyen, oui ou non?

Peut-on

cela est-il possible, cela peut-il apparaître dans la réalité?

être homme

il ne s'agit pas d'être un homme, d'appartenir à une espèce: être désigne ici l'existence, une situation assumée; le sujet porte donc sur l'homme non comme espèce mais comme être moral, autonomie, liberté, sujet moral et sujet de droit: c'est donc l'idée que l'on peut se faire de l'être humain accompli pleinement réalisé. Il ne s'agit pas de déterminer par un concept (jugement déterminant) mais de réfléchir un cas particulier dans lequel l'universel semble se manifester (jugement réfléchissant).

sans

marque ici l'absence de ce dont on peut se passer tout en restant soi-même: ce dont l'absence n'enlèverait rien à être homme.

être citoyen

citoyen: dans un état de droit le souverain c'est le peuple: il n'y a plus de maîtres et d'esclaves parce que c'est la Loi, être de raison, qui commande à tous et par tous. (égalité, liberté). La force est au service de la Loi c'est à dire de la volonté générale. Le citoyen c'est donc à la fois un législateur et un sujet: l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau).
Bien noter le point universel du concept. Le citoyen n'a rien à voir avec les particularisme d'une nation (enracinement dans un lieu de naissance), d'une classe sociale (bourgeoisie...) ou d'une couleur de peau. Théoriquement, être citoyen c'est donc être citoyen du monde. Pratiquement, parce que le Droit international reste à constituer, le citoyen est citoyen d'une nation ce qui est contradictoire.

Questions ?

Si le citoyen doit être libre dans sa vie, dans ses actes, dans ses jugements et responsable de tout cela, alors être citoyen cela ne reviendrait-il pas à être homme accompli ?

Peut-on concevoir les droits de l’homme (ses pouvoirs) indépendamment des droits du citoyen?

Pour une "problématisation", la question de la question.

  1. Y aurait-il un rôle pédagogique de la loi comme mise en ordre par sa forme (pour tous), quel que soit par ailleurs son contenu? Alors être homme supposerait une " civilisation " par la loi qui seule permettrait une existence pleinement humaine. En ce sens on ne pourrait devenir homme qu’en étant citoyen.

  2. Ou au contraire, être homme, sujet moral, serait-il un préalable qui permettrait d’accéder ou de ne pas accéder au statut de citoyen (voir la définition plus haut)

Que l’on parle de " être homme " et " être citoyen " cela n’invite-t-il pas à les distinguer comme si ces deux conduites pouvaient s’exercer de manière indépendante? Les deux expressions peuvent-elles être pensée dans le même mouvement ou bien l’une des expressions a une prééminence sur l’autre?

Effort pour déterminer " être homme " :

Qu’en est-il de l’homme ?

  • L’homme comme objet de science? Les sciences de l’homme commencent par considérer l’homme comme une donnée, confondant objet (ce que la science fait en se faisant et réalité donnée)

  • La linguistique et l’ethnologie s’efforcent de délimiter et de construire leur objet de manière explicite et consciente : le concept d’homme réduit l’homme à ce qui n’est pas lui mais le produit (structures, inconscient) comme si l’inconscient parlait. Mais être homme c’est toujours entrer dans un réseau de relations avec autrui.

  • Si être homme c’est être une liberté parmi d’autres libertés cela n’exige-t-il pas une théorie du droit, de l’Etat, un système de plusieurs significations, d’une manière chose commune, selon le point de vue: c’est aussi bien la République que l’Etat, le Législateur, l’ensemble des citoyens, l’ensemble des sujets, autant de termes qui désignent la personne publique née d’un accord entre des hommes. Lire Rousseau, Le contrat social Livre I. chapitre VI. (Voir sur philagora les figures du contrat social).

  • Si être homme c’est être unique, s’il y a identité entre l’individu et l’espèce, identité entre tous les agents capables de se conduire moralement ou de faillir: le spécifique est comme un être singulier, la caractérisation est une toujours une tâche à accomplir … 

Qu’en est-il du citoyen?

  • En quoi être citoyen peut-il être une condition de "être homme"? lire ce qui concerne le rôle pédagogique de la loi dans Rousseau, Émile début du Livre IV.

  • Être citoyen dispense-t-il de "être homme"? Le droit ne s’intéresse en effet qu’au comportement extérieur 

  • Quel rôle le droit peut-il jouer dans la civilisation comme action de civiliser?

Pour éloigner les deux expressions :

-Si être citoyen peut être déterminé par un concept; si "être homme" ne peut être réduit à un concept, la différence n’est-elle pas du concept à l’idée?
-La liberté serait-elle une idée irréductible à l’autonomie?
-Que l'on ne puisse être homme sans être citoyen cela signifie-t-il qu’être homme c’est "être citoyen"? (Voir l'illusion pour la distinction concept, idée)

Pour une synthèse . . .

Si être homme accompli entraîne que l'on est citoyen par là même, comment comprendre qu'on en soit arrivé à séparer les deux conduites, sinon par un déficit de pensée: qui croira que le seul droit de vote suffit à faire un citoyen?

La difficulté vient peut-être d’une déception comme si le fait niait le droit:
- être homme serait suivre une introuvable nature et être citoyen serait rêver d’un idéal hors de portée:
- C’est l’existence qui est niée dans sa possibilité intrinsèque de dépassement.
- Être homme serait accepter une contrainte non comme une privation de liberté mais comme ce qui permet de réaliser l’humanité en faisant exister la liberté d’autrui.
- Le fait premier serait alors la société qui n’existe pourtant que par l’individu. En ce sens être homme serait "être citoyen" aussi qu’être soi-même.
- L’homme serait celui qui aurait des droits comme pouvoirs reconnus.

Pistes de lectures
Aristote, Politique I. 1253a. - Politique III, chapitre 12
Spinoza, Traité politique, II, 4
Machiavel, Le Prince chapitre 18
Rousseau, Le contrat social, I. 8 - Emile Livre IV
Kant- Kierkegaard
Marx, Misère de la philosophie.
Alain, Politique, 27
Jaures: République et socialisme
Michèle Crampe- Cosnabet, Condorcet, Lecteur des lumières PUF
Patrice Canivez, Éduquer le citoyen, coll. Optiques en particulier pages: 141 à 152  (Excellent). Voir aussi la bibliographie.

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