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Fiches
d'aide à la préparation au CAPES - - Épistémologie - Meyerson.
Causalité et légalité dans Identité
et Réalité
(1908) Fiche 1 - Fiche 2 Site Philagora, tous droits réservés © __________________ Ch. I- La loi et la cause Jamais
aucun savant digne de ce nom n’a douté que la nature ne
soit entièrement soumise, jusque dans ses replis les plus
intimes, à la légalité. En
posant l’existence de règles, nous postulons évidemment
qu’elles sont connaissables. Une loi de nature que nous
ignorons n’existe pas, au sens le plus rigoureux du terme.
Certes, la nature nous paraît ordonnée. Chaque découverte
nouvelle, chaque prévision réalisée nous confirment dans
cette opinion. C’est au point que la nature elle-même
paraît proclamer sa propre ordonnance, l’idée en semble
pénétrer dans notre esprit du dehors sans que nous ayons
autre chose à faire que de la recevoir passivement :
l’ordonnance finit par apparaître comme un fait purement
empirique, et les lois formulées par nous comme quelque
chose appartenant à la nature, comme des lois
de la nature, indépendantes de notre entendement.
C’est oublier que nous étions convaincus d’avance de
cette ordonnance, de l’existence de ces lois ; tous
les actes de la vie quotidienne en témoignent.
Quelle est l’origine du postulat causal ? Il est clair, tout d’abord, que l’instinct de conservation n’y est pour rien. Pourvu que je puisse prévoir le cours des événements, je me trouve posséder tout le savoir qui m’est nécessaire pour l’action. L’assurance de l’égalité entre les causes et les effets ne m’apporte, en elle-même, aucun enseignement utile à ce point de vue, ou plutôt elle ne m’en apportera un que dans la mesure où je pourrai, avec son aide, établir des prévisions, c’est à dire tirer des règles d’expériences. Il est facile d’établir la liaison entre la notion du rationnel et celle de la persistance à travers le temps. Le principe d’identité est la véritable essence de la logique, le vrai moule où l’homme coule sa pensée. « Je conviens, dit Condillac dans la Langue des calculs, que dans cette langue comme dans toutes les autres, on ne fait que des propositions identiques, toutes les fois que les propositions sont vraies » et dans sa Logique, il affirme que l’évidence de raison consiste uniquement dans l’identité. Toutefois affirmer qu’un objet est identique à lui-même, cela semble une proposition de pure logique et, en outre, une simple tautologie ou un énoncé analytique, selon la nomenclature de Kant. Mais, dès qu’on ajoute la considération du temps, le concept se dédouble pour ainsi dire, car en dehors du sens analytique il acquiert un sens synthétique.
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