"C'est l'avènement
de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement
videra les usines et libérera l'humanité de son fardeau le plus
ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement
à la nécessité. (...)
C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes
du travail, et cette société ne sait plus rien des activités
plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la
peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire,
car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il
ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou
spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres
facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les
premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires
à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste
que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des
oeuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous
avons devant nous, c'est la perspective d'une société de
travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule
activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire."
Hannah ARENDT .
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Voici
pour comprendre votre texte:
Le travail: le
monde de la vie asservie: habitude, routine,
production / consommation =>
|
Le travail est assujetti à la nécessité
de se nourrir, aux besoins: il exige une vie
monotone et routinière, quasi-animale: un
consentement à la nature.
|
L'œuvre: le
monde humain des objets: il implique la pensée
=>
|
L'œuvre est la fabrication
d'objets durables qui constituent un monde humain
-> l'œuvre d'art
|
L'action: le
monde pleinement humain des relations.
Le politique réhabilité =>
|
L'action partagée manifeste à
la fois la créativité et la liberté. Elle se réalise
dans un pouvoir partagé grâce au débat démocratique,
ce qui a pour origine le développement d'un espace
public et donc d'un monde pleinement
humain.
|
I
- Une libération qui semble à l'opinion riche de
promesses.
II -
Une liberté qui en réalité nous amènera au pire
III-
Conclusion: ce qu'on peut attendre de l'avenir proche c'est
une société de travailleurs sans travail.
Faut-il
craindre que la société du travail soit libérée du
travail? Nietzsche disait que le travail était la meilleure
des polices. |
= Lisons
le texte ensemble:
c'est: introduit
une affirmation à partir de laquelle une prévision de ce qui
risque de se passer est probable.
l'avènement: terme
biblique: la venue, l'arrivée, le développement. Ce qui
adviendra.
l'automatisation: la
transformation des processus du travail pour les rendre
automatiques, pour qu'ils fonctionnent sans intervention humaine.
décennies: quelques
dizaines d'années: il est difficile de prévoir une invention et
le rythme des inventions pourrait changer... C'est à plus ou
moins long terme.
probablement: d'ailleurs,
puisqu'une prévision n'est jamais certaine, elle ne peut être
que probable. Est probable ce qui peut être tenu pour vrai
bien que cela ne soit pas certain.
videra: les
usines étant "automatisées", il n'y aura plus
d'ouvrier.
libèrera: délivrera,
dispensera de la nécessité du travail puisque le travail sera
fait sans intervention de l'ouvrier.
fardeau: charge
pénible incontournable dont on ne peut se débarrasser.
l'asservissement: le
travail tient l'homme en captivité, il l'enchaîne à un
processus.
la
nécessité: ce qui ne
peut pas ne pas être: les besoins doivent être satisfaits sous
peine d'une mort certaine.
Vers
la page page 2
Bonne
continuation
Joseph Llapasset ©
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