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Texte de Bergson -  Vivre c'est agir ...

  • Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets ...

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"Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées: les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon cœur. Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique. Dans la vision qu'ils me donnent des choses et de moi-même, les différences inutiles à l'homme sont effacées, les ressemblances utiles à l'homme sont accentuées, des routes me sont tracées à l'avance où mon action s'engagera. Ces routes sont celles où l'humanité entière a passé avant moi. Les choses ont été classées en vue du parti que j'en pourrai tirer. Et c'est cette classification que j'aperçois, beaucoup plus que la couleur et la forme des choses."


Bergson
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= Pour mieux comprendre.

Cela vous plairait-il d'être comparé à un ruminant?
Vous me direz: le ruminant est guidé par l'instinct et l'homme par son intelligence. 
C'est une distinction importante !
Bergson vous dirait que l'intelligence chez l'homme joue le rôle de l'instinct chez l'animal.
Bergson a lu dans Rousseau que c'est l'herbe en général qui attire le ruminant. Dans ce texte, il s'en inspire largement.
Cela signifie que la vache ne contemple pas la réalité d'une chose, mais que ses sens opèrent une classification et ne retiennent de l'objet que ce qui intéresse sa survie. Ainsi Bergson vous dira que dans la vision donnée par nos sens et notre conscience, ce sont les ressemblances utiles qui apparaissent. Voilà pourquoi : "je regarde et je crois voir" alors que, en réalité je repère et je classe ce qui m'est utile. L'intelligence ne nous donnera donc jamais la complexité et la fluidité de la réalité.

Lisons  ensemble le texte.

vivre : c'est avant tout survivre, c'est à dire agir, s'adapter, ne retenir des choses que ce qui est utile: on choisit, on préfère, et on laisse dans la conscience marginale ce qui est inutile. A la limite on ne verra plus ce que l'on a en face de soi. C'est l'herbe en général qui attire le ruminant dirait Rousseau. 

je regarde et je crois voir : ce qui signifie que je ne crois que ce qui peut me servir: je ne regarde pas l'objet dans sa singularité mais je le prends avec un concept général.

j'écoute et je crois entendre : alors que je ne perçois, par exemple, que ce craquement de pas précipité de quelqu'un qui me guette. Tout le reste, le vent dans les arbres ne m'atteint pas.

je m'étudie et je crois... (saisir ce que je suis) : alors qu'en réalité ce que j'ai saisi de moi même, c'est seulement ce qui est en rapport avec  mon action du moment. Si je cours, si je fuis, je saisis ma capacité à courir.

mes sens : autant dire que mon environnement se découpe selon mes besoins, que le rôle de mes sens c'est de ne faire apparaître de l'environnement que ce qui concerne mon action. On dira que les sens simplifient en fonction de l'action à accomplir. Les différences sont effacées parce qu'elles sont inutiles. Si j'ai faim, je demande une pomme, n'importe laquelle, la pomme en général et peu importe les différences de pomme à pomme. Si celle qu'on m'amène est petite, j'en prendrai deux. Je mets toutes les pommes dans la même classe et je peux dire à la manière de Rousseau que c'est la pomme en général qui m'attire: peu importe son aspect, l'utile seul est perçu, le reste est confus.

pratique : signifie, en vue de l'action, en vue de se nourrir par exemple, ou de se protéger: n'importe quelle grotte fera l'affaire.

les ressemblances sont accentuées : car elles permettent la classification, on met dans le même sac ce qui a la même utilité.

routes : celles de mon action, de la manière dont je vais aborder la réalité et m'adapter à elle.

tracées d'avance : par les impressions des sens, j'irai vers ce qui m'est utile et je fuirai ce qui est désagréable.

l'humanité tout entière : celle de tous ceux qui m'ont précédé.

classification : en fait, ce que je vois ce sont des classifications opérées par l'humanité passée en fonction des besoins ou des menaces.

= Pour contempler les choses, il faut être désintéressé. La dernière ligne fait allusion à l'art. La couleur et la forme, la beauté n'existe pas pour un homme affamé.
Ainsi l'intelligence ordonnée à l'action n'est pour l'auteur qu'une forme d'adaptation de la réalité aux besoins de l'homme. L'intelligence fixe et immobilise, en ne retenant des objets que ce qui est utile. Il y a une parenté entre l'instinct et l'intelligence.

Bonne continuation

Joseph Llapasset ©

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