Voyez la réponse de Descartes dans son ouvrage: les Méditations
Métaphysiques:
"Mais moi, qui suis-je, maintenant que je suppose qu'il y a un certain
génie qui est extrêmement puissant, et, si j'ose le dire, malicieux et
rusé, qui emploie toutes ses forces et toute son industrie à me tromper?
Puis-je assurer que j'ai la moindre chose de toutes celles que j'ai dit
naguère appartenir à la nature du corps? Je m'arrête à penser avec
attention, je passe et repasse toutes ces choses en mon esprit, et je n'en
rencontre aucune que je puisse dire être en moi; il n'est pas besoin que
je m'arrête à les dénombrer. Passons donc aux attributs de l'âme, et
voyons s'il y en a quelqu'un qui soit en moi. Les premiers sont de me
nourrir et de marcher; mais s'il est vrai que je n'ai point de corps, il
est vrai aussi que je ne puis marcher ni me nourrir. Un autre est de
sentir; mais on ne peut aussi sentir sans le corps, outre que j'ai pensé
sentir autrefois plusieurs choses pendant le sommeil, que j'ai reconnu à
mon réveil n'avoir point en effet senties. Un autre est de penser, et je
trouve ici que la pensée est un attribut qui 'appartient; elle seule ne
peut être détachée de moi. Je suis, j'existe, cela est certain; mais
combien de temps? autant de temps que je pense; car peut-être même qu'il
se pourrait faire, si je cessais totalement de penser, que je cesserais en
même temps tout à fait d'être. Je n'admets maintenant rien qui ne soit
nécessairement vrai; je ne suis donc, précisément parlant, qu'une chose
qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison, qui sont
des termes dont la signification m'était auparavant inconnue.
Or je suis une chose vraie et vraiment existante; mais
quelle chose? Je l'ai dit: une chose qui pense. "
Descartes cherche ce qui ne peut être détaché du moi: il écarte tout ce
qui peut être attribué à la nature corporelle (on peut perdre une main et
rester soi même).
A la question: qu'est-ce qui ne peut être détaché de moi sans que
je disparaisse? , qu'est-ce qui est véritablement à moi, spécifiquement,
qu'est-ce que j'ai en propre, répond: la pensée. Il faut comprendre les
actes de la conscience libre qui doute, imagine, conçoit, assure, veut,
désire etc...
En effet c'est moi qui doute, c'est moi qui veut etc...
Suivez cet auteur dans sa grande découverte: l'existence est la première
des vérités: je suis, j'existe est une certitude que donne la pensée, non
pas la pensée élaborée mais la conscience: toute conscience est présence à
soi, elle ne peut être détachée de moi sans que je disparaisse.
C'est la découverte du sujet qui s'éprouve lui même, qui est placé
dessous, condition de possibilité de toute conscience. Car il est de soi
si évident que c'est moi qui doute, qui entend, et qui désire, ...
Ainsi je suis certain d'être, ce qui n'empêche que j'ai à me connaître
Ainsi , si on ne me le demande pazs je sais qui je suis, mais si on me le
demande je suis dans l'embarras car la conscience de soi n'est pas une
connaissance de soi!