Avec
toutes les chances qu'il a eues dans sa vie et
dont l'énumération désespère Vania:
-
Fils de petit diacre = de condition modeste, il
va sortir de sa condition par le hasard d'un concours qui
favorise davantage ceux qui répètent que ceux qui créent.
(Cela-t-il beaucoup changé?)
-
se décrocher = réussir comme on gagne à la
foire.
-
Une chaire = la tribune du professeur qui l'élève
au dessus des simples c'est à dire de l'immense majorité.
-
son excellence: titre donné, à l'époque, au
professeur enseignant à l'université.
-
Le gendre d'un sénateur: le père de Elena, sénateur
(homme influent = beau mariage, belles relations). Ce père a eu
la bonté paternelle de donner sa fille, toute jeune, à un
homme beaucoup plus âgé qu'elle.
-
Et ainsi de suite .... La chance a continué:
la suite nous montrera que Sérébriakhov est aimé par la
femmes, même par la mère de Vania qui s'est entichée du
professeur.
Vania,
avec beaucoup d'art,a ainsi enchâssé cet "enchaînement"
de bonnes heures, de chances, dans le "procès"
de sa critique acerbe: il veut mieux faire ressortir que Sérébriakhov
ne méritait pas un tel sort.
-
Par contre = en opposition avec.
Le professeur ne sait pas de quoi il parle, c'est donc un
imposteur. En bon universitaire qui lit un livre à la place de
son cours il recopie les idées des autres: il n'intéresse
personne, ni les gens cultivés qui connaissent déjà ce qu'il
rabâche, ni ceux qui manquent d'intelligence et ne le
comprennent pas: il est "rien", il n'est pas et il n'écrit
pour personne: à force de remuer du vide, il finit par le
transvaser, il n'est même pas capable de choisir dans ce qu'il
recopie.
Cela ne fait que mieux ressortir sa prétention: la satisfaction
de soi même qu'il promène partout ne correspond à rien.
-
A la retraite: terme définitif: en perdant sa
chaire, il a perdu le vêtement qui masquait sa nullité,
d'ailleurs personne ne se souvient de lui, personne ne le connaît.
Pourtant, il continue à avoir la démarche d'un demi-dieu,
comme s'il était sorti de la cuisse de Jupiter.
Tchékhov
ajoutera à tout cela qu'il est tyrannique et a exploité sa
famille sans aucun scrupules. C'est le point de vue de Tchékhov
qui apparaîtra dans la pièce, lui qui prenait en grippe ce
genre de personnages académiques, toujours prêts à donner des
conseils convenus, à parler par sentences, cachant mal le vide
ou le rien qui les habite. On comprend que le professeur répande
le malheur autour de lui par sa lâcheté et son manque de
scrupules. Il n'est fort qu'envers les faibles qu'il rencontre.
A la fin de la pièce il s'enfuit comme un lapin qui a peur de
Vania. |