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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La recherche du bonheur

La voie studieuse des cours.  Du bonheur.

La voie positive nous oriente vers la réalité du bonheur. (page 7)

  • Le chercheur d’or (Jean Marie Le Clézio) 
    La vie heureuse suivie de La brièveté de la vie (Sénèque) - (Traduction de François Rosso - Editions Arléa).
    Oncle Vania (Anton Tchékhov) (Traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan - Editions Actes Sud Babel).

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La voie positive (suite).   Ce quelque chose que la mer reflète. .

En nous donnant des conditions du bonheur et sa caractéristique essentielle comme exercice incarné de la liberté, reprise de la nature par la liberté dans l'amour et dans l'amour de la vie, la mémoire du paradis terrestre, semble cependant interdire la possession d'un bonheur durable à l'être raisonnable sensiblement affecté que nous sommes, car la possession serait passion et aliénation. En effet notre nature d'être sensiblement affecté nous soumet à des actions qui ne sont pas les nôtres et nous fait donc éprouver des passions ce qui empêche le plein exercice de notre liberté.

=> Par exemple, le médecin Astrov (cf. Oncle Vania, Tchékhov), d'une part, comme être raisonnable agit continûment pour la santé de ses patients, mais, il se livre aux effets de l'alcool d'autre part, et il éprouve un sentiment bien naturel: il n'aime personne, il n'aime pas les gens et il désespère de jamais aimer. Ne se déclare-t-il pas soumis à la passion du temps lorsqu'il gémit: "Il est trop tard pour moi". Ne signifie-t-il pas que même que les sentiments se sont émoussés, que l'ordre du temps qui fait apparaître et disparaître a triomphé, et que ces luttes contre sa nature pour rester "les mains blanches" ont été vaines. Ce qui ronge les personnages de Tchékhov, c'est l'absence de médiation.

Comme si nature et liberté étaient incompatibles: les meilleurs commencements, ces matins du monde, se perdent parce que la compromission n'est pas une médiation. Seule l'illusion peut donner l'impression fugitive d'échapper au déchirement et à la déchéance, mais les bonnes résolution se perdent dans les saouleries nocturnes. 

=> Ce qui scande l'action heureuse et libre, ce qui la transforme c'est donc le temps, ce grand maître, qui par le changement qu'il impose force à quitter ce bonheur et l'homéostasie, l'équilibre harmonieux qui le nourrissait. Ce qui est passé est mort et le passé est un tombeau avant que l'écriture si elle est aussi chant et parole, ne le sauve en quelque sorte. Mais là encore le récit est plus une incitation à vivre qu'une invitation à revivre: car vouloir revenir dans ce présent lumineux qui a disparu c'est le mouvement même de la passion tragique qui pulvérise la possibilité même du bonheur, plonge dans l'impuissance et condamne aux satisfactions imaginaires de l'illusion, comme si le présent pouvait être confondu avec le passé (le présent d'un enfant, le présent d'un adolescent, le présent d'un adulte qui n'est jamais arrivé...).