Comment
faire du temps destructeur un bien propre, comment le faire
sien? La réappropriation du temps dans
La brièveté de la vie
.
En
accédant progressivement à la sagesse par la philosophie: en
résolvant le problème: comment réunir les trois temps,
comment les rassembler en un seul temps.
- Ne pas perdre son temps à attendre le bon vouloir des
contemporains: ils sont trop préoccupés par leur passion,
leurs soucis, leurs projets (en fait ils sont occupés à ne
rien faire de ce qui importe vraiment!). Il s'agit de récupérer
son temps (XVI).
-
Lorsque cela sera fait, lorsque l'on se sera écarté des
"fâcheux", il faudra utiliser le
temps que l'on vient de libérer pour accéder par l'Esprit
à la compréhension et à la fréquentation dans l'intimité
des anciens maîtres de sagesse, ceux qui orientent vers le vrai
et vers le bien. En se réappropriant ainsi le passé par le
loisir studieux, en le comprenant, on donne -librement- un
contenu au maintenant et dans un même mouvement on se réapproprie
le passé et le présent, on les faits siens.
-
Se réapproprier le temps c'est donc consacrer tout son temps à
la sagesse et du même coup bien vivre, en adjoignant à son
temps, en s'appropriant ainsi le temps de ceux qui nous ont précédés,
ce qui revient à profiter du fruit de leurs efforts, de leur découverte
ou de leur invention.
-
Cela exige une tâche de notre part: développer notre Esprit
car c'est l'esprit qui nous permet de nous élever au bonheur de
comprendre les fondateurs des doctrines qui nous ont précédés.
Cela nous permet de naître à notre gré en
nous choisissant des parents spirituels qui nous consolent
souvent de nos parents biologiques. L'accès à chacune des
grandes doctrines est donc comme une nouvelle naissance, une éclaircie
dans notre vie: comme c'est le fruit de notre volonté éclairée
par notre intelligence, c'est une manière d'être maître de
notre temps, de le gérer à notre convenance. Ce faisant nous
nous plaçons sur le chemin de l'éternité, nous enrichissons
notre présent en dépassant nos limites, en nous réappropriant
le passé, en le faisant nôtre. En prime nous possèderons le
secret d'une longue vie, puisque d'une part
nous ne perdrons plus notre temps et d'autre part nous l'élargirons
au passé comme à l'avenir: nous voilà divins car les siècles
passés nous sont soumis puisque nous les utilisons dans notre
sagesse présente. Fabuleux bonheur dans la vie du sage que
cette réappropriation du temps.
Pour
s'approprier le temps il suffisait en fait de ne pas se
laisser dominer par sa division en passé qui n'est plus, en présent
qui s'enfuit et en avenir qui n'est pas, division qui, si nous
la laissons se produire comme un destin nous condamne au non être,
à l'inexistence: s'approprier le temps c'est passer de l'inexistence
à l'existence, en activant en nous une existence
spirituelle, une intériorité conquise: en ne négligeant ni le
passé, ni le présent, ni l'avenir mais en les rassemblant en
un seul temps.
"Le
temps, est-il passé? Le sage s'en saisit par le
souvenir. Présent? Il en fait usage. A venir? Il
l'anticipe. La réunion de tous les temps en un seul lui
fait une longue vie."
La Brièveté de la vie, XV, 5 Traduction
Turpin/Pellegrin
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"Mais
quand les hommes oublient le passé, négligent le présent
et craignent l'avenir, leur existence est extrêmement
brève et troublée. Au dernier instant, ils
comprennent, trop tard, les malheureux! que pendant si
longtemps ils ont été occupés à ne rien faire."
XVI, 1
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Lire
de XI à XVII compris. |