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« Puissances de l'imagination »

(voie d'accès choisie: le pouvoir de l'imaginaire - Perspectives par Joseph Llapasset)

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  • Puissance de nous faire rêver autrement ! (Bachelard) 

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=> Fort inspiré par l'élan vital de Bergson , élan qui se détend en matière,ce qui fait un tremplin pour aller plus loin, Bachelard conçoit l'image dans ses deux aspects: dynamisme et inertie; inertie d'un stock d'images qui sont la retombée du dynamisme  et image auréolée d'imaginaire, ouverture, dynamisme, qui est la condition du mouvement de l'esprit. Si les images perdent leur auréole d'imaginaire, elles deviennent des intuitions, des perceptions, des représentations: pourtant elles peuvent encore servir de tremplin pour un nouvel élan. 
Le principe de l'imagination n'est autre que l'imaginaire dont la vie prodigieuse est toujours au delà des images sédimentées. C'est dans l'imaginaire qu'il faut chercher la marque d'une nature humaine

"Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté. Plus que toute autre puissance, elle spécifie le psychisme humain. Comme le proclame Blake: l'imagination n'est pas un état, c'est l'existence humaine elle même."
Bachelard, L'air et les songes, Corti Éditeur.

Bachelard vient de nous mettre en garde contre l'étymologie de "imagination" (image) qui semble en faire la faculté de former des images alors que le corrélatif de l'imagination c'est bien plutôt l'imaginaire. En effet l'imagination loin de décalquer les formes des images représentatives en fonction de la mémoire de perceptions anciennes nous permet en réalité de prendre distance, de nous libérer des images en les déformant par ce que Bachelard appelle une action imaginante pour nous signifier qu'il ne s'agit pas d'un état mais d'une action d'ouverture de l'irréel.

=> Fondamental signifie que l'imaginaire est au principe même de l'imagination; par lui l'imagination peut s'évader de la réalité perçue, de s'échapper. Cela, au point qu'une image n'a de valeur qu'en fonction de l'imaginaire qui l'anime et dans lequel elle va se perdre en une pluie d'autres images.
C'est dire que l'imaginaire est toujours, en un sens, plus que les images, un au-delà des images.
L'auteur peut alors en déduire que s'il y a une nature humaine, une essence spécifique, ce ne peut être que l'imaginaire et qu'il est donc impossible de rester humain en quittant totalement le domaine de l'imaginaire: on ne peut se débarrasser de l'imaginaire, l'imaginaire est bien la structure a priori de toute conscience imaginante, ce par l'intermédiaire de quoi l'homme appréhende, ce dont il ne saurait se débarrasser sans perdre l'esprit et la liberté.

=> Ainsi l'ancien esprit scientifique n'était que l'effet d'un rapport imaginaire et immédiat au monde. 
L'imaginaire est donc bien ce corrélatif de l'imagination, ce milieu, cette spontanéité qui permet au rêveur de se donner à lui même de l'irréel et ainsi de jouir de l'impossible, de jouir de sa liberté. Tout cela parce que l'imaginaire est position d'un irréel, au fondement d'une donation d'absence.

=> L'imaginaire est bruissant du sens, l'image nous fait alors assister à la naissance du sens mais toujours d'un sens autre par lequel nous pouvons rêver

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