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Fort inspiré par l'élan vital de Bergson
, élan qui se détend en matière,ce qui fait un tremplin pour
aller plus loin, Bachelard conçoit
l'image dans ses deux aspects: dynamisme et inertie;
inertie d'un stock d'images qui sont la retombée du
dynamisme et image auréolée d'imaginaire, ouverture,
dynamisme, qui est la condition du mouvement de l'esprit. Si les
images perdent leur auréole d'imaginaire, elles deviennent des
intuitions, des perceptions, des représentations: pourtant
elles peuvent encore servir de tremplin pour un nouvel élan.
Le principe de l'imagination n'est autre que l'imaginaire dont
la vie prodigieuse est toujours au delà des images sédimentées.
C'est dans l'imaginaire qu'il faut chercher la marque d'une
nature humaine
"Le
vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est
pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à
l'étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imaginaire,
l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est
dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture,
l'expérience même de la nouveauté. Plus que toute autre
puissance, elle spécifie le psychisme humain. Comme le proclame
Blake: l'imagination n'est pas un état, c'est l'existence
humaine elle même."
Bachelard, L'air et les songes, Corti Éditeur.
Bachelard vient
de nous mettre en garde contre l'étymologie de
"imagination" (image) qui semble en faire la faculté
de former des images alors que le corrélatif de l'imagination
c'est bien plutôt l'imaginaire. En effet l'imagination loin de
décalquer les formes des images représentatives en fonction de
la mémoire de perceptions anciennes nous permet en réalité de
prendre distance, de nous libérer des images en les déformant
par ce que Bachelard appelle une action imaginante pour
nous signifier qu'il ne s'agit pas d'un état mais d'une action
d'ouverture de l'irréel.
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Fondamental signifie que l'imaginaire
est au principe même de l'imagination; par lui l'imagination
peut s'évader de la réalité perçue, de s'échapper. Cela, au
point qu'une image n'a de valeur qu'en fonction de l'imaginaire
qui l'anime et dans lequel elle va se perdre en une pluie
d'autres images.
C'est dire que l'imaginaire est toujours, en un sens, plus que
les images, un au-delà des images.
L'auteur peut alors en déduire que s'il y a une nature humaine,
une essence spécifique, ce ne peut être que l'imaginaire et
qu'il est donc impossible de rester humain en quittant
totalement le domaine de l'imaginaire: on ne peut se débarrasser
de l'imaginaire, l'imaginaire est bien la structure a priori de
toute conscience imaginante, ce par l'intermédiaire de quoi
l'homme appréhende, ce dont il ne saurait se débarrasser sans
perdre l'esprit et la liberté.
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Ainsi l'ancien esprit scientifique
n'était que l'effet d'un rapport imaginaire et immédiat au
monde.
L'imaginaire est donc bien
ce corrélatif de l'imagination, ce milieu, cette spontanéité
qui permet au rêveur de se donner à lui même de l'irréel et
ainsi de jouir de l'impossible, de jouir de sa liberté.
Tout cela parce que l'imaginaire est position d'un irréel, au
fondement d'une donation d'absence.
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L'imaginaire est bruissant du sens, l'image nous fait alors
assister à la naissance du sens mais toujours d'un sens autre
par lequel nous pouvons rêver
> Les
puissances de l'imagination
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