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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

MESURE ET DÉMESURE    

  • "Tu iras en sûreté en suivant le juste milieu" Ovide 
    En quoi cet énoncé est il susceptible d'éclairer les rapports entre mesure et démesure?
    Vous illustrerez vos propositions par 2 oeuvres du programme au moins. 

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Pour la recherche des idées:
On doit à Aristote dans l'Ethique de Nicomaque une nette détermination  de ce qu'est le juste milieu, ce qui est à égale distance de deux extrêmes, comme caractère essentiel de la vertu d'être un milieu entre deux excès: par exemple le courage entre la lâcheté et la témérité.

On vous demande, armé de cette détermination, de montrer en quoi elle éclaire le rapport mesure / démesure, autrement dit en quoi l'affirmation selon laquelle la parfaite raison fuit toute extrémité éclaire ce rapport. Puis vous devez relire deux des oeuvres pour voir en quoi chacune illustre le rapport et en quoi, éventuellement elle contredit le même rapport. (Je choisis Dom Juan. Vous n'aurez pas de peine à effectuer le même travail pour Gorgias ou Gargantua).

La question: quel est le rapport entre mesure et démesure? Sont-ils des corrélatifs, l'un n'allant pas sans l'autre comme le haut et le bas par exemple? Mesure et démesure sont-ils des opposés? Si ce sont des opposés, dans la mesure, il ne peut y avoir de démesure et dans la démesure, il ne peut y avoir de la mesure.

  1. Si la mesure est le juste milieu, il est évident que son concept, étant à égale distance des extrêmes, est absolument distinct de la démesure et que voir de la démesure dans  la mesure tient à la sophistique qui veut tout confondre pour justifier n'importe quel discours: elle a perdu le sens de la vérité. D'ailleurs dans les textes actuels qui trouvent la mesure excessive, on trouve beaucoup de questions, beaucoup de suggestions, mais peu s'aventurent dans une "monstration". 
    Le rapport entre mesure et démesure pour celui qui est armé du juste milieu comme caractéristique essentielle de la vertu, ne peut être qu'un rapport de corrélation et d'opposition.

  2. Ce rapport éclaire-t-il le lecteur des oeuvres du programme. Autrement dit le retrouvons-nous dans les oeuvres du programme. Le retrouvons-nous qui distingue les personnages et le retrouvons-nous en chaque personnage.

a- D'une part, ce rapport fait bien apparaître la démesure comme corrélative et opposée à la mesure. La démesure se trouve dans le comportement amoureux de Dom Juan qui fuit dans la fuite à l'infini, qui nargue le couvent et la religion, qui revendique l'infidélité comme un honneur, qui trouve son plaisir à traiter autrui comme un simple moyen, qui fait l'amour comme il ferait la guerre: qui tel Alexandre refuse la mesure. La démesure est bien dans l'excès, dans l'extrême, loin de la parfaite raison qui fuit toute extrémité.

- Les autres personnages semblent là pour mettre en lumière (un contraire éclaire l'autre) la démesure par leur mesure (Elvire refuse de se laisser emporter, éprouve un amour purifié, mesuré par le transcendant, un amour divin qui ne veut plus que le salut de Dom Juan; Dom Carlos dans l'acte III, scène IV, page 101 s'écrie: "Montrons de la modération"; Dom Luis fait preuve de mesure: "La naissance n'est rien où la vertu n'est pas", page 115 etc...)

b- La question est maintenant de savoir si le rapport mesure / démesure ne passe pas à l'intérieur de chaque personnage: si oui, on perd le juste milieu puisqu'il sera toujours possible de dire qu'il y a une démesure de la mesure chez Socrate, chez Elvire etc...
- Y a-t-il une mesure chez Dom Juan? (voir Acte III. scène I, page 92 et Acte III. scène II, les trois dernières lignes, page 96).
- Y a-t-il une démesure chez Elvire? A discuter. (Veut-elle sauver les gens malgré eux?)
- La démesure de Dom Luis? Serait-il trop exigeant envers son fils?
- La démesure de Sganarelle semble évidente: une superstition extrême.

  1. A vous de jouer. Si vous avez répondons OUI au a) et OUI au b) vous savez en quoi les rapports entre mesure et démesure sont éclairés par la détermination.
    Si vous répondez OUI seulement au a) le rapport n'est que partiellement "éclairé".

L'intérêt de votre sujet est très grand: il vous oriente vers un problème et peut-être un mystère dans lequel nous sommes impliqués comme existence: si toute mesure humaine peut être démesure, n'est-ce pas parce qu'elle risque de se prendre au sérieux, de ne pas se mettre en question et donc de tomber dans l'excès, dans l'extrémité? Les trois oeuvres du programme sont des dialogues, mais il ne peut y avoir de dialogue sans un dialogue intérieur dans lequel , s'étant mis en question, on s'est imposé une mesure de soi, par soi, sur soi qui permet d'entrer en dialogue avec autrui. Sans cette modération qui est modestie, l'individu peut se prendre comme la référence ultime, la mesure de toute chose. En dépit de l'apparence il ne peut y avoir qu'un monologue. Il faut commencer par rire de soi , ce qui préserve de toute démesure, mais tout reste à faire...

Attention, ce n'est pas un corrigé, vous aurez à mieux vous centrer sur le vers d'Ovide.

Bonne continuation pour votre sujet qui doit vous permettre de relire les trois oeuvres.

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