Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Ce
qui fait la difficulté de votre devoir c'est le faut-il.
Si on vous avait demandé: peut-on ou même doit-on, vous
auriez pu répondre oui sans problème: certains croient au
travail, d'autres n'y croient pas et s'il s'agit d'un devoir, il
s'agit d'une nécessité pratique et non d'une nécessité théorique,
d'une évidence rationnelle. C'est donc du terme "faut-il"
que le problème apparaît: c'est lui qui déterminera le sens du
sujet et le mouvement qui doit être bien ajusté à la problématique:
Comment penser un acte de croire qui serait nécessaire? La
croyance n'est-elle pas contingente, de l'ordre de l'incertitude,
du possible et non de l'ordre du nécessaire, quelle que soit la
volonté qui l'affirme.
Voici
un tableau de définition:
Faut-il |
Est-il nécessaire, est nécessaire ce
qui ne peut pas ne pas être. Par exemple, le Dom Juan de
Molière dit: "Je crois que deux et deux font
quatre". C'est une croyance fondée; en fait, il
croit aux mathématiques. (Dom Juan III, 1)
|
Je crois |
Nous pouvons donc distinguer l'acte de
croire fondé sur l'autorité (je crois au royaume des
cieux) et l'acte de croire fondé en raison par une démarche
que vous devrez dérouler si vous finissez par répondre
OUI au sujet. "Faut-il" oriente donc vers un
croire de l'ordre de la connaissance.
|
au |
Contraction de à le
(travail). Notez l'article défini. Croire au travail
comme un chose nécessaire à l'homme, incontournable.
|
Travail |
Dans tous les cas, le travail est un
processus c'est à dire un ensemble organisé en vue d'une
fin. Sa fonction est la transformation de la nature pour
satisfaire les besoins des hommes: le travail exige une
invention et la réalisation effective de cette intention
à la place d'un donné naturel. Il est donc difficile et
exige un effort; certains vont jusqu'à dire, un combat
contre la nature. C'est dire qu'il serait bien artificiel
de distinguer, chez l'homme libre, le travail intellectuel
et le travail manuel, du moins en ce qui concerne
l'essence du travail que nous venons de déterminer. (les
formes sociales du travail souvent, le réduisent en
miettes, mais ce n'est plus du travail, c'est une aliénation).
On peut dire que c'est une "culture" au sens
propre du terme, ce que l'homme ajoute à la nature, ce
qu'il fait apparaître dans la réalité.
|
Quelques
pistes pour le mouvement du devoir
1-
Il semble, au premier abord, qu'il faille plutôt
faire peser le doute sur l'acte de croire au travail:
- Le travail est
toujours difficile, ingrat. Pourquoi ne pas s'en débarrasser grâce
à la technique? Il se présente comme une contrainte. Voilà
pourquoi les hommes le considèrent comme une malédiction ou une
injustice. C'est dans la consommation, après le travail, qu'ils
éprouvent le sentiment d'une liberté naturelle de faire ce qu'on
veut si on le peut, désir qui n'est pas réfréné, satisfaction
immédiate. Du travail, ils rêvent d'en être délivrés comme le
prisonnier rêve d'être délivré de ses chaînes.
Pensée grecque et foi judéo-chrétienne se rejoignent pour y
voir le signe d'une déchéance par rapport à l'âge d'or
ou au paradis de nos "premiers
parents", Adam et Ève.
-
Les formes sociales du travail semblent souvent
ignorer l'essence du travail au point que croire au travail
revient à ne plus croire en l'homme, à la singularité et à la
liberté des individus qui sont asservis à leur poste.
- Comment croire au
travail aliéné, inventé par un autre, organisé par un autre et
qui profite à un autre? Le travail ne semble plus être que le
lieu de l'aliénation, de l'asservissement à un maître d'autant
plus monstrueux qu'il est insaisissable, que ce soit la
mondialisation ou les actionnaires. l'esclave a perdu sa dignité
avec sa liberté.
Mais tout ceci n'est pas une objection si on s'en tient à la
forme intellectuelle du travail, à son idée, ou si on préfère
à son essence.
2
ème partie: Il
est difficile de ne pas croire au travail, à ce qu'il est, à son
essence car il mérite alors une adhésion pleine et entière, au
point qu'il est incontournable et donc nécessaire:
- L'esprit du
travail c'est en effet la raison et la capacité réflexive qui émerge.
Paradoxalement, la difficulté du travail est peut-être la première
raison d'y croire. Cette difficulté tient à ce que le travail
est négation du donné naturel intérieur et négation du donné
naturel extérieur, par le désir qui se détourne de la présence
immédiate pour vouloir la présence de l'absence: de l'eau, là où
il n'y en a pas, c'est à dire la présence d'un monde humain à
la place de la nature. Autant dire que le travail, par la mise en
acte du désir, est facteur de liberté.
- On assimile à
tort le travail au travail manuel. Mais le travail manuel a pour
condition le travail intellectuel qui invente une forme nouvelle
comme fin et qui ajuste à la fin, par l'intelligence, des moyens
le plus souvent inventés. L'organisation de son travail relève
aussi du calcul, de la raison et de l'imagination. Par et dans le
travail, l'homme apprend à réfréner son désir (à attendre
pour le réaliser), à faire attention et en développant sa
capacité de faire attention, il développe sa capacité de
choisir et donc sa liberté.
- Parce que le
travail produit une oeuvre, la conscience de soi obtient la
reconnaissance d'autrui de manière plus durable que le combat
pour la reconnaissance qui doit être toujours recommencé. Au
contraire, par le travail, la conscience de soi entre dans l'élément
de la permanence et par là l'oeuvre devient une preuve qui
dure.
Il faut croire au travail parce qu'il est facteur de liberté,
d'humanisation, de socialisation.
Pour
une 3 ème partie: Le
problème à résoudre pour répondre au sujet est celui de savoir
comment le travail qui devrait humaniser ... déshumanise dans la
réalité. On voit bien que les formes sociales du travail ne
peuvent être appelées travail, tout simplement parce
qu'elles n'ont pas les caractéristiques essentielles du travail.
Il ne faut donc pas croire aux formes sociales du travail, il faut
croire au travail:
.Conclusion:
Bilan=> Conséquences Théoriques?
Pratiques?=>
Enjeu
Bilan:
-
Nous croyons au travail, car son essence nous
donne une conviction. En effet, il est incontestable que l'esprit
du travail est facteur de liberté. C'est son inspiration
essentielle: le travail libère et il remplace avantageusement par
des échanges, pour conflictuels qu'ils soient, la lutte infinie
pour la reconnaissance de soi et tous les cadavres que cette lutte
sème à tous vents
- Une conséquence:
La forme idéale du travail nous invite à revivifier les formes
sociales et à tout faire pour qu'elle retrouve son intuition
originelle.
Il faut croire au travail, il faut croire à l'esprit du
travail.
Enjeu:
Il s'agit de la liberté!
=> Lire http://www.philagora.net/philo/travail.php
Bonne
continuation
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