Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Le
rire est la meilleure arme de paix (cf Aristophane)
Une lecture du texte d'Aristophane doit vous permettre d'établir
la valeur de cette affirmation et rien ne peut empêcher cette
relecture qui vous permettra d'examiner très attentivement le
texte.
Mais, vous serez amené à poser des questions après vous en être
posé à vous-même. Voici donc des pistes pour réfléchir sur
cette thèse, votre sujet. Remarquons d'abord que le rire
suppose que l'on ne soit pas pleinement impliqué dans l'action,
qu'il y ait déjà une distance, une indifférence, c'est à
dire une sorte de paix. Qu'est-ce que cela veut dire, une arme
pour la paix qui suppose pour que l'on puisse s'en servir une
certaine paix ou au moins une paix prochaine?
Allons-nous dire: j'ai une excellente arme de paix mais je
ne pourrai m'en servir que lorsque la paix sera installée.
Imaginez la guerre aux portes du théâtre, le théâtre est
vide. Plus simplement, une dame très élégante , trébuche en
descendant un trottoir et se raccroche à un personnage qui se
met à lui crier après: vous riez à condition que, en vous
rapprochant vous ne découvriez pas qu'il s'agit de votre amie,
de votre soeur ou de votre mère.
Certes, le rire est une arme
de paix, encore faut-il qu'on soit désarmé, devant un
spectacle gratuit dans lequel rien ne se joue vraiment. Dans la
réalité la violence ne fait pas rire et si on fait rire de la
violence qui écrase une masse et laisse échapper un individu,
c'est après, la violence.
Autrement dit, ne peut être désarmé par le rire que celui qui
est dans certaines dispositions.
Remarquez que le rire réunit, rassemble parce que, d'une part
il démystifie et surtout parce qu'il fait éprouver une
satisfaction partagée qui s'accroît de la jouissance d'autrui.
=>
Le problème: comment passer du théâtre à la réalité? Si le
rire permet de rendre présente, sur les planches , la paix, la
vraie vie, comment faire descendre la paix des planches, c'est
à dire de la représentation d'un idéal.
Au théâtre, si je me désarme , ça ne me coûte rien, je peux
pleurer ou rire, en regardant Arpagon, l'avare rit de lui-même,
en pleurant devant la petite marchande d'allumettes qui meurt de
froid , je sais bien que cela ne me coûte rien! Et, qu'est-ce
qui me prouve que tous ces grecs qui rient de la guerre parce
qu'elle enfume les yeux ou de la "capilotade" ne vont
pas retourner à leurs vieux démons, justement parce qu'ils ont
eu, un instant l'impression d'être des gens très bien. Comme
celui qui sort de la petite marchande d'allumettes laisse mourir
de froid quelqu'un.
On peut certes rire de tout mais les véritables artisans de
paix sont peut-être ceux que ça ne fait pas rire. http://www.philagora.net/ph-prepa/la-paix/aristophane/index.php
=> Piste de lecture:
Diderot, Lettre à d'Alembert
Marivaux, La vie de Marianne
Rousseau, Premier discours sur les sciences et les arts.
Bergson, Le rire (comme sanction sociale, par exemple)
Bon
courage !
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