Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
= Note
propédeutique:
Si
ce travail est proposé dans le cadre de la préparation à un
concours, il est évident que rien ne servira de s'appuyer sur
des références à l'auteur dont vous ne disposerez peut-être
pas lors d'un concours: d'autant, ici, que la pensée de Fichte,
se développant comme système ayant pour centre l'absolu, vous
risquez d'être entraîné fort loin dans des affirmations mal
établies et très controversées, comme celle d'un "idéalisme
fichtéen."
Je
vous conseille donc de travailler laborieusement et méthodiquement
sur les thèmes du sujet, de l'interroger. Plutôt que d'évoquer
quelques points de la pensée de Fichte, il est plus habile de
les utiliser en les prenant à votre compte, en les tirant du
texte.
En
présence de la citation:
D'abord se
mettre en présence des termes du sujet en pointant tout ce que
vous observez et tout ce qui peut vous étonner.
La
répétition de la référence à l'être n'est pas rien: elle
saute aux yeux:
-
D'abord, être .... n'est rien, ensuite devenir ... c'est ...
-
Le ciel = l'absolu, ce à quoi il ne manque
rien, le devoir être réalisé, le divin élaboré: autrement
dit, puisque c'est dans un devenir, c'est dans le monde
sublunaire: le ciel sur la terre!
L'être
et le devenir: ici ce qui est privilégié c'est le
devenir comme émergence de la temporalité déployé par la
conscience volontaire. Il ne s'agit pas de l'opposition de ce
qui devient et de ce qui est vraiment comme dans la ligne de la
République de Platon, mais de l'opposition entre le donné immédiat
qui ne peut être que la liberté naturelle et individuelle qui
peut tout faire, si elle le peut, - et la conquête d'une liberté
partagée. Si être libre n'est rien c'est que le moi se heurte
sans cesse au non moi, c'est à dire à l'autre dont il nie la
liberté. Comprenons que c'est l'enfer ..., dans le déchaînement
de la violence. Théoriquement la liberté naturelle est illimitée,
pratiquement elle n'est rien, parce qu'elle n'est pas morale.
Une liberté qui n'est pas morale n'est rien. Une liberté qui
n'est pas partagée par la médiation du droit et les exigences
de la morale n'est rien.
Alors,
être libre correspond au sensible de la caverne (fin du Livre
VI et début du Livre VII de la République) et, devenir libre
à l'orientation vers les Idées, l'intelligible: le fruit d'une
enquête, d'un raisonnement vigilant en fonction d'un désir
(manque éprouvé) d'égalité, de liberté, et de
fraternité.
Vous
pouvez alors parier que Fichte a cru en la Révolution française,
comme d'ailleurs l'Europe de son époque; qu'il a maudit Napoléon,
étant sur ce point plus lucide que Hegel qui voyant passer
Napoléon croyait voir l'esprit à cheval ...
Quelles
conséquences tirer de cette citation ? Nécessité de
l'éducation, importance de la temporalisation.
L'Éducation:
Revenons
au sens de la citation: comment comprendre ce "rien"?
Il désigne l'inertie et l'immobilité de celui qui se contente
de ce qui lui est donné et refuse le devoir être, l'exigence
de la raison pratique. C'est que le mal radical n'est pas un
hypothétique choix antérieur de la sensibilité, mais
l'acceptation de cette inertie: la paresse.
C'est à l'éducation qu'il faut demander de lutter contre ce
mal radical en faisant intervenir l'insertion de la volonté
dans le devenir.
La
temporalisation:
Le
devenir volontaire va donc sauver l'être donné de son inertie
en l'orientant vers le devoir être. Comment? Par le projet
d'une conscience dans lequel elle se lie avec l'autre dans une
intersubjectivité que rend possible la temporalité. Ce monde
moral que je veux et que je construis avec l'autre est le résultat
d'un devoir être qui atteint l'absolu dans l'autre dans ce qui
a sa raison d'être en soi. On pourrait alors affirmer que
devenir libre c'est réaliser la liberté comme chose en soi et
donc que la chose en soi c'est la liberté.
A la limite un idéalisme qui n'aurait jamais abandonné
le réalisme.
Pour
une conclusion: Il s'agit bien du ciel dans lequel le
sensible et la raison sont réconciliés, mais il s'agit d'un
ciel sur la terre où la réalisation effective de la fraternité
du droit et de la morale, n'est rien d'autre que l'élaboration
du divin, sans pour cela perdre la fidélité au corps et à la
terre.
Attention,
ce n'est qu'une esquisse, gardez votre cap. |