Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Vous pourriez
commencer par réfléchir sur ce fait indiscutable relevé par M.
Guichard dans La genèse et la valeur de la connaissance
positive, page 117:
"Pendant que Descartes pâlissait sur la méthode, de
purs savants, sans discourir sur leur méthode, faisaient de
grandes découvertes; Galilée, Torricelli, Pascal, Newton, Boyle,
créaient la physique suivant l'exemple donné par quelques grands
Anciens comme Archimède."
L'idée
de méthode.
L'idée c'est la forme
intellectuelle d'un objet.
Méthode: de chemin (odos) avec lequel on va vers
(meta) un résultat déterminé, pourquoi pas l'établissement et
la démonstration de la vérité? !
Problème:
Comment une méthode
pourrait-elle garantir la découverte ou l'invention? Une méthode
pour la recherche de la vérité ne supposerait-elle pas une
connaissance préalable de la vérité. Elle aboutirait à un
objet construit par le sujet, préalablement à la recherche !
Il s'agirait d'un préjugé.
Pour quelle raison peut-on affirmer que toute recherche implique
que, en un certain sens, on renonce à une telle méthode? Le
chercheur ignore la méthode même s'il en vit des exigences. Mais
les exigences de rigueur, cela va de soi, et le plus beau des
syllogismes cela n'a jamais été qu'une solennelle tautologie.
Quelques
pistes de lecture:
La dialogues de
Platon: on ne peut savoir que si l'on cherche et rien ne
peut économiser la dialectique, il
faut prendre le temps de philosopher (lien
ouverture nouvelle fenêtre)
Effectivement Platon ouvre une porte qu'Aristote ferme avec le
syllogisme.
Descartes / Bachelard, le Discours de la méthode
bien entendu. Voir la critique de Bachelard dans la dernière
partie du Nouvel esprit scientifique.
Pascal: vous pouvez utiliser la distinction entre
l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse.
Koyré: Les chemins de la science moderne
dans Etudes d'histoire e la pensée scientifique, Gallimard,
1973, page 83.
Pour
l'éventuel rapport de votre travail avec le dogmatisme et le
scepticisme, procédons par
maïeutique: à vous de répondre.
Si je crois pouvoir déterminer l'idée d'une méthode efficace,
cela ne m'oriente-t-il pas vers le dogmatisme qui prétend
atteindre l'absolu, une vérité qui ne serait pas relative à la
seule condition de se soumettre à une méthode rigoureuse?
Si j'abandonne l'espoir de déterminer une méthode, suis-je
orienté vers le scepticisme qui tient l'homme pour incapable
d'arriver à la certitude?
Enfin, remarquons
qu'il est toujours possible de dire et d'établir que Descartes
assure plutôt un ordre qu'une méthode ... Reste qu'il écrit sur
la méthode ....
Scepticisme
et dogmatisme:
Dogmatisme:
au début dogme vient de dokein qui signifie paraître, et suggère
l'opinion, la croyance (doxa). Par la suite cela devient un élément
d'une doctrine qu'il faut croire, qu'il ne faut pas remettre en
question, qui s'impose à tous. Il finit par équivaloir certitude
même si la
certitude peut-être un signe de pensée morte (lien
ouverture nouvelle fenêtre)
Le terme passe de la religion à la philosophie pour désigner une
thèse admise par la plupart des philosophes ou par une école
philosophique comme le stoïcisme ou l'épicurisme.
Dogmatique s'oppose à scepticisme: il signifie, qui admet la
possibilité de parvenir à la certitude.
-Mais, chez Kant, dogmatique s'oppose à critique: qui admet la
valeur de la connaissance humaine sans même la mettre en
question: sans réfléchir sur les conditions de possibilités de
la connaissance.
Alain compare le dogmatisme à un délire car il lui manque le
doute, "cette pointe de diamant". Jean Guéhenno parle
du maître qui enseigne le doute, sans être lui même effleuré
par le doute.
Le dogmatisme finit par désigner toute doctrine qui affirme que
la certitude peut être atteinte par l'homme: il entreprend
donc de faire de la métaphysique sans s'interroger: puis-je le
faire?
"Le dogmatisme est donc la marche que suit la raison pure sans
avoir fait une critique préalable de son pouvoir propre." Kant.
Voir dans Pascal, Pensées, 508.
Scepticisme:
De skeptikos, qui observe, qui réfléchit, qui examine:
comprendre que le sceptique se contente d'examiner et n'affirme
rien, ne juge pas. En effet si l'homme ne peut parvenir à la
certitude, il faut suspendre le jugement pour ne pas se tromper.
"Le scepticisme se nie en se posant comme vrai" Lagneau.
Le scepticisme prétend donc éviter le dogmatisme: mais comme il
se présente comme absolu, il tombe dans le dogmatisme.
Bien distinguer le doute méthodique qui n'est qu'une étape dans
la recherche d'une certitude (Voir Descartes Méditations métaphysiques)
et le doute absolu.
On peut se demander si le scepticisme absolu n'est pas "une
forme de la paresse".( Victor Brochard.) En tout cas c'est
une des premières figures du nihilisme
Bonne
continuation
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