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Aides à la dissertation sous forme d'esquisses 

Niveau classes prépas - Colles et Dissertations par J. Llapasset

La fête  (colle en prépas)

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Rappelons que nous vous proposons des pistes: vous avez à choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même, sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins de l'universel qu'elle vise.

Les figures de la fête changent mais les caractéristiques restent les mêmes: on partage des croyances d'une certaine manière. Le nombre des participants importe: l'énergie d'une fête n'est pas la même si on est deux ou si on est cinquante mille à danser dans la prairie...

Posons comme un fait peu contestable que toute fête concerne un lien social qu'il s'agit de manifester, de renforcer, que ce soit un lien familial, un lien religieux, un lien politique... Par exemple le culte totémique renforce le lien social. Le fondement de la fête est toujours une croyance partagée, une foi que la fête rappelle et renforce: comment s'effectue le rappel et comment s'effectue l'intensification du lien social? de quelle énergie jaillit cette intensification: comment se fait-il que la somme des individus réunis dans une fête soit infiniment plus importante que l'addition des énergies de chaque individu dans la vie quotidienne. Comment le quantitatif peut-il se transfigurer en qualitatif?

Remarquons que toute fête semble superflue et que rationnellement il serait possible d'en faire l'économie.
Pourtant, la fête est nécessaire, comme le luxe et comme le don.
- Toute fête nie cette vie que nous traînons dans le quotidien, un peu comme le supérieur nie l'inférieur. Il y a comme une communion entre les participants et l'émergence quasiment palpable d'un idéal opposé à la réalité quotidienne, cet idéal devenant la réalité à laquelle le groupe participe.

Fête a pour origine festa dies, jour de fête en latin.

A l'origine toute fête était religieuse. On entrait dans la ronde communautaire et dans telle ou telle communauté religieuse attiré par le rythme des fêtes, par leur rayonnement. Le rythme comme retour à intervalle régulier d'un temps fort: ce que l'on attend, ce que l'on vit, ce dont on se souvient, ce dont on attend le retour...

- Par exemple, la Toussaint, fête dans laquelle la ronde s'étend aux grands  disparus, à ce passé qui nous a fait ce que nous sommes, qui imprègne notre langue.
Bien entendu après la fête il faut parfois gérer le retour à la réalité.

La fête rappelle à tous des fins communes: ces fins se déploient dans la fête, elles remplacent les fins égoïstes et particulières qui séparent les individus dans la vie de tous les jours. Cela produit l'illusion qu'il n'y a plus de barrière (dans le don entre les pauvres et les riches): les individus en effet se donnent entièrement et obtiennent par là une sorte de plage commune qui permet la rencontre, l'échange du même, si l'on peut dire.
Notez que cette union des fins produit une telle énergie qu'elle se dégrade parfois dans des excès et débordements qui se libèrent des contraintes sociales comme si, par la grâce de la fête, les contraintes sociales n'étaient plus nécessaires.

Les rapports se multiplient, une autre vie psychique apparaît, d'une intensité extraordinaire: les sentiments partagés, les émotions développent une grande énergie. Tout semble différent comme si l'existence privée, solitaire et l'existence publique dans les relations, se rejoignaient: on a le beurre et l'argent du beurre.
Cette énergie et la communauté des fins partagées peuvent faire de la fête le lieu où s'enracinent les grandes décisions ou la commémoration de ces grandes décisions qui sont revivifiées. La fête de la fédération, la fête de l'humanité, la fête de Noël...
C'est donc comme si l'idéal ne faisait plus qu'un avec le réel. Alors c'est comme si chacun voyait les prémisses de la venue d'un sauveur.
- Si les églises ont de plus en plus de mal à organiser ou à animer ces fêtes, il est tentant de dire que c'est l'État qui doit prendre la relève. (défilés sur la Place Rouge). Mais c'est la main mise sur les foules et la fête de l'Idée reine, l'orientation vers le totalitarisme.
Le marketing cherche à fabriquer des fêtes: c'est bon pour les débiles qui croient n'importe quoi. Cela n'aura jamais l'intensité d'une croyance partagée. En ce sens Halloween n'est pas une fête ou alors tout au plus une mascarade autour de squelettes empaillés.

Conclusion: - La fête est un fait social qu'il faut d'abord, expliquer, traiter comme une chose et ensuite s'efforcer de comprendre.

Une piste de lecture: Durkheim, Jugements de valeur et jugements de réalité, Armand Colin, Paris

Bonne continuation.

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