Qu'en est-il de la
vertu?
C'est tout
d'abord une disposition permanente (habitus, exis);
il faut que la nature s'appète, elle est donc mauvaise,
pas éducable, on n'est pas vertueux naturellement. D'ailleurs
remarque Aristote, rien de ce qui est naturel ne peut être
changé par une habitude.
Mais il y a une flexibilité de la nature humaine: l'éducation
fait prendre des dispositions bonnes à l'enfant, comme le
ferait un tuteur pour une plate.
L'exis consiste dans le choix du juste milieu car la
vertu se porte vers le juste milieu alors que le vice se porte
vers l'excès. Si le vice c'est la mauvaise disposition, la
vertu c'est la bonne disposition. Il s'agit de viser une fin et
de trouver les moyens. L'erreur sera toujours due à un manque
de prudence. Pour chaque vertu il y a deux voies
correspondantes, par excès ou par défaut. Par exemple pour le
courage, la témérité (par excès) la lâcheté (par défaut).
L'intellect n'est pas une réalité simple: sa vertu peut être
dirigée contre l'appétit, c'est la morale, mais c'est aussi un
acte propre de l'intellect, la pensée dianoétique, ou
encore les actes de l'intellect en tant que tels, c'est à dire:
les sciences, les arts, la prudence (phronésis) la
sagesse (sophia), la pensée intuitive comme capacité
de saisir les principes.
Qu'en est-il de
la prudence?
Elle va servir
l'action. Alors que la vertu dépend de la science et s'occupe
de la raison, un père dirige ses enfants, la prudence n'est pas
la science car ce qui concerne l'homme n'est pas le nécessaire:
la science a trait au général, la prudence a trait au fait
particulier, elle porte sur la connaissance des moyens et c'est
la vertu intellectuelle de l'âge mûr, qui a l'expérience.
Cette séparation de la science et de la prudence peut paraître
artificielle car on voit mal comment un homme pas éduqué
pourrait être véritablement prudent.
La science peut
être apprise à quelqu'un de jeune, la raison intuitive étant
saisie immédiate de l'universel. Au contraire la prudence est
inséparable de la vertu déjà acquise, elle ne se sépare pas
de la sagesse pratique. Il y a cependant une tendance à
rejoindre la sagesse théorétique.
Parce que la vertu ne peut se réaliser qu'à l'intérieur de la
cité, l'éthique ne pourra se comprendre qu'à partir de la
politique.
Comment saisir
la vertu?
Par l'exercice,
on réalise une disposition au bien qui passe à l'acte: la
pratique du bien est une actualisation qui doit correspondre à
une actualité, la loi, car seule la loi peut habituer tous les
hommes de la cité à la vertu. Le fait de vivre en acte est la
véritable réalisation de l'âme humaine. L'homme est un animal
politique, la loi est le résultat de l'art politique produit
par la co-action des hommes libres entre eux.
La politique
est donc l'art architectonique. La fin c'est la vie de l'homme
libre à l'intérieur de la cité juste: le but absolu c'est le
souverain bien et la vie vertueuse, c'est la vie politique si
bien que l'homme libre dans la cité libre sera pleinement réalisé,
heureux.
Notes prises à un
cours donné par monsieur Wilfred.
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