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PHILOSOPHIE
- CLASSES PREPAS par
J. Llapasset
Penser
l'histoire
(Pour
vos problématiques -
suite)
Y
a-t-il une différence entre l'histoire de la nature et
celle des hommes?
Esquisse
au fil d'un texte de Engels.
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"L'histoire
du développement de la société se révèle, sur un point,
essentiellement différente de celle de la nature. Dans la
nature, ce sont uniquement des facteurs inconscients et
aveugles qui agissent les uns sur les autres et c'est dans leur
jeu changeant que se manifeste la loi générale. De tout ce qui
se produit, rien ne se produit en tant que but conscient, voulu.
Par contre, dans l'histoire de la société, ceux qui
agissent sont exclusivement des hommes doués de conscience,
agissant avec réflexion ou avec passion et poursuivant des buts
déterminés ; rien ne se produit sans dessein conscient, sans
fin voulue. Mais cette différence, quelle que soit son
importance pour l'investigation historique, surtout d'époques
et d'événements pris isolément, ne peut rien changer au fait
que le cours de l'histoire est sous l'empire de lois générales
internes. Car, ici aussi, malgré les buts consciemment
poursuivis par tous les individus, c'est le hasard qui, d'une façon
générale, règne en apparence à la surface. [...]
Les buts
des actions sont voulus, mais les résultats que donnent réelle
ment ces actions ne le sont pas, ou s'ils semblent, au début,
correspondre malgré tout au but poursuivi, ils ont finalement
des conséquences tout autres que celles qui ont été voulues.
Ainsi les événements historiques rai sent en gros également
dominés par le hasard. Mais partout où le hasard semble jouer
à la surface, il est toujours sous l'empire de lois internes
cachées, et il ne s'agit que de les découvrir. Les hommes font
heur histoire, quelque tournure qu'elle prenne, en poursuivant
chacun leurs fins propres, consciemment voulues, et c'est précisément
la résultante de ces nombreuses volontés agissant dans des
directions différentes et de leurs répercussions variées sur
le monde extérieur qui constitue l'histoire."
F.
ENGELS, Feuerbach et la fin de la philosophie classique
allemande, 1886, Éditions Sociales.
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1- Engels
relève et explicite une objection qui pourrait être utilisée
contre le matérialisme dialectique: si on compare le devenir
historique, le développement de la société et celui de la
nature, il faut reconnaître un point qui les distingue,
d'autant plus que c'est une des caractéristique essentielle du
développement de la société dans lequel interviennent des
facteurs qui s'accompagnent de conscience, de présence à soi,
alors que le développement de la nature est inconscient, ne
s'apparaît pas à lui même. |
--
|
2-
"Dans
la nature ... Par contre ..."
En dépliant ce point l'auteur l'explicite dans une
opposition qui semble d'abord radicale:
a) Dans la nature...
"uniquement
...": au contraire de
la société où d'autres facteurs se mêlent, le jeu des
volontés particulières, jeu mouvant de la rencontre de ses
volontés, dans la nature. La rencontre des facteurs se figure
comme hasard dont l'essence est la loi générale. Notons que la
détermination de la loi ne se trace pas un chemin à travers le
hasard, mais, pour notre auteur, se révèle comme essence
interne du hasard.
"Inconscient
et aveugle": qui ne
s'apparaissent pas à eux mêmes et à qui rien n'apparaît.
"Acteur":
ce qui joue un rôle déterminé dans un processus.
b) Par contre...
"agir":
signifie, pousser dans la même direction, réaliser un projet,
produire une oeuvre.
"exclusivement":
à l'exclusion de tout autre facteur. Seul l'homme agit par
réflexion ou par passion: ce qui se produit a donc pour
condition un dessein ou une fin voulue: en cela c'est une
action. Il s'agit bien entendu des actions particulières qui
agissent dans des directions différentes et dont on constate
une résultante.
3-
Mais...
Apparaît ici la thèse de Engels. La différence sur un
point ne change rien au déterminisme structurant le cours de
l'histoire, dont le hasard est la figure.
"Empire":
terme très fort comme dans l'empereur: il signifie domination
absolue, parfaite maîtrise.
Il y a en effet comme dans l'histoire du développement de la
nature, une même apparence, le hasard, et une même réalité,
l'empire de lois générales internes.
Si "presque
toujours en politique le résultat est contraire à la
prévision",
selon Chateaubriand, c'est que les événements semblent être
la résultante du hasard, en réalité, c'est l'empire d'une loi
générale, la force des choses qui commande.
Conclusion.
L'apparence c'est le hasard, la réalité c'est l'essence du
hasard, le déterminisme. C'est la première conclusion.
Deuxième conclusion:
"Les
hommes": ce sont bien
les hommes qui, en agissant font leur histoire; l'histoire est
la résultante des séries causales indépendantes qui se
rencontrent et produisent des effets sous l'emprise d'une loi
générale interne.
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