Quand un
québécois va visiter ses cousins de la francophonie, vous pouvez être
certains qu'il apportera, dans sa valise, un produit de l'érable.
Comme les érables ne se retrouvent qu'en Amérique du Nord, il y a fort à
parier que vous n'avez jamais eu l'occasion d'en observer.
Alors, voici notre
érable à sucre dans toute sa splendeur et je vous dirais même qu'il y a quatre variétés d'érables à sucre parmi une
centaine de sortes d'érables et, celui-ci pousse dans un sol riche pendant nos longs
hivers très froids.
Mais, commençons donc par le commencement:
Bien avant l'arrivée de l'homme blanc, les
indiens d'Amérique du Nord découvrirent la possibilité de tirer la sève sucrée d'un
type d'arbre - mais pas de tous - de l'érable à sucre.
Lorsqu'ils constataient le
retour des corneilles (vers le 15 mars) qui revenaient du sud, les indiens savaient que
l'heure de la cueillette était arrivée!
Alors tout le monde déménageait son
campement dans les érablières. Les femmes faisaient la tournée des arbres tandis que
les hommes fabriquaient les récipients et allaient chasser.
Avec leur tomahawk, elles pratiquaient une
entaille en V dans le tronc des érables. Ensuite, elles plaçaient un roseau ou un petit
canal d'écorce pour faire couler la sève dans le récipient fait d'écorce de bouleau.
Par la suite, elles faisaient bouillir cette sève dans des récipients d'argile pour en
obtenir un sirop épais.
Les Amérindiens aimaient beaucoup son goût
sucré et en mirent dans leur alimentation; finalement, ils lui trouvèrent un effet
médicinal: ce sirop leur donnait de l'énergie et il soulageait les bronchites.
Dès que l'homme blanc arriva, les
Amérindiens lui enseignèrent la technique du prélèvement de la sève. Comme le sucre
ne se retrouvait pas facilement et coûtait très cher, les premiers colons trouvèrent
que ce sirop faisait un très bon substitut. On tient ce récit de Pierre Boucher
(1622-1717) dans ses mémoires qu'il rédigea en 1695.
Si le printemps était long,
bien enneigé et ensoleillé, on savait que la récolte serait bonne. Au début, on
marchait d'un arbre à l'autre et on transportait les chaudières. Cette technique
était très éreintante, car on s'enfonçait dans la neige. Par la suite, on se servit du
cheval et d'un traîneau sur lequel on avait installé un baril.
On vidait chaque chaudière de son précieux liquide dans le
baril et quand celui-ci était plein, on retournait changer de baril à l'endroit où l'on
faisait bouillir la sève. L'on faisait ainsi la tournée de tous les arbres et ce deux ou
trois fois par jour. Plus on passait au même endroit, plus un chemin carrossable
apparaissait; ce qui facilitait un peu la tâche.
Après les premiers colons, les techniques
ont peu évoluées, si ce n'est qu'on a construit des cabanes pour cuire le sirop à
l'abri.
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Une table, des bancs, des chaises, des
outils, des chaudrons, des moules à sucre devaient prendre place dans la cabane.
À cette époque, on
construisait la cabane en fonction de la grosseur de l'évaporateur et du bois qu'on
devait entreposer dans la cabane. |
On construisait également à côté de la cabane, un entrepôt pour le plus gros
du bois. Pour faire fonctionner l'évaporateur,
il fallait faire un bon feu en dessous, sans jamais le laisser s'éteindre... Sur un
autre petit poêle à côté, on plaçait une bouilloire
remplie de sirop pour en faire de
la tire et du sucre. Le sucrier (celui qui faisait bouillir la
sève) se consacrait entièrement à sa tâche durant un mois environ, 24 heures sur 24.
L'eau qui coule et la cuisson ne font pas relâche!!! L'eau coule au rythme de
la nature et du climat. Le sucrier dort quand il le peut. On rigole et on mange avec
les ramasseurs et les amis.
Vous vous demandez peut-être ce que l'on
peut bien manger à la cabane à sucre? Eh bien, voici le menu type:
Des
fèves au lard au lièvre, du pain de ménage frais sorti de la cuisson, des crêpes géantes recouvertes de ..... sirop d'érable,
du
jambon, des grillades de lard, des oeufs dans le sirop, de la tire et du sucre d'érable.
Hummmm que c'est bon !!!!!!!!!!! Le tout accompagné de thé
sucré, de bagosse et de caribou (alcool)
Toute cette nourriture et ce
travail attirent la famille, les amis, les voisins pour des fêtes à la "cabane à
sucre".
Les cultivateurs se sont légèrement
modernisés mais on se sert toujours de vilebrequins pour trouer les arbres, de mèches,
du marteau, de chalumeaux et de chaudières métalliques. Ces chaudières ont aussi un
couvercle pour protéger la sève de la poussière, de la neige et de la pluie. La
partie la plus difficile à accomplir est celle des ramasseurs car plusieurs étapes
doivent être suivies pour parvenir au sirop d'érable. Puis, on filtre le sirop et on le
verse dans des barils métalliques. Une autre tradition extraordinaire consiste à
étendre de la neige propre sur une table et de verser du sirop bouillant, en traînée,
sur celle-ci. Le sirop durcit.
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On prend une petite palette
de bois, et à partir d'un bout, on enroule la tire durcie autour de la palette. Ce
qui nous donne comme un gros suçon de tire glacée.... MENOUM!!!! mais oh! combien
sucré :-))
Lorsque la saison est
terminée, il faut tout décrocher, les chalumeaux, les chaudières. On doit tout
laver, nettoyer et ranger.
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Il faut même couper le bois qui devra servir pour la prochaine
année. Comme vous pouvez le constater, c'était un gros travail!. Mais, le fermier avait
encore un mois pour se reposer avant de retourner aux champs.
Louise
Turgeon pour que vive la fête!!!
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