° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

Le plaisir n'est-il pas une cessation de la douleur? 

  

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Voici quelques pistes de réflexion: ce n'est pas un corrigé, c'est à vous de faire le devoir.

=> Commençons par interroger la formulation de ce sujet, nous y trouverons peut-être une sorte de panneau indicateur.
Remarquez que si nous avions "n'est-il que", cela sous-entendrait que la cessation de la douleur serait au moins une condition qui accompagne le plaisir. Tel qu'il est formulé, le sujet nous détourne de tout compromis du style "c'est cela et ce n'est pas cela" et singulièrement de toute confusion du plaisir et de l'agréable.

=> Vous pouvez alors vous étonner: si le plaisir était la cessation de la douleur, comment accorder cela avec le fait que le plaisir peut accompagner une douleur ou même la couronner comme dans le masochisme? De plus, comment nier qu'il y a des plaisirs nimbés de tristesse comme de parler de chers disparus... ou de les faire parler?

=> Pour une fois le tableau de définition sera original: jugez-en.
 

Le plaisir

Indéfinissable! La question est précisément de savoir si on peut le déterminer, s'il a une positivité. On définit le plaisir par l'agréable, mais comme on définit l'agréable par le plaisir ...

Est

Au sens strict et rigoureux de " = " n'est-il pas est une figure de style = est-il selon vous, selon ce qui semble évident à l'opinion.

La cessation

Tout simplement l'arrêt, la disparition.

De la douleur

Là encore, indéfinissable: on ne peut pas déterminer ce qui n'est pas dans l'espace, ce qui n'a pas de frontières. C'est comme pour le temps, si on me le demande, je ne sais pas ce que c'est; si on ne me le demande pas, je le sais car après tout, la douleur c'est familier .

Pour la problématique, difficultés.
1- Deux termes indéfinissables qui renvoient cependant à une expérience qui semble bien différentes. Un s'éprouver soi même qui ne peut venir au bout d'un regard intentionnel, qui ne peut être observé et décrit. Comment d'un contraire pourrait-on tirer l'autre contraire? Comment l'absence d'un contraire serait la présence de l'autre?

2- Répondre oui à la question c'est du même coup enlever toute positivité au plaisir. 
En un sens le plaisir ne serait rien, ce qui, évidemment, amène la protestation de celui qui l'éprouve. Celui qui éprouve un plaisir ne perd jamais la réalité de ce qu'il éprouve et si on peut douter de l'existence d'un objet, on ne peut douter d'une sensation de plaisir.

=> C'est une opinion qui affirme que le plaisir est la cessation de la douleur, mais, comme dans toute opinion il y a une part de vérité, la réalité éprouvée par celui qui opine, il nous faut trouver la part de vérité ou plus exactement, d'où vient cette opinion: c'est l'interprétation et l'extrapolation d'une expérience sensible, d'une succession observée:
Le plaisir est un état transitoire qui est précédé par une tension, la pauvreté d'un désir, et qui est suivie par le sentiment de ne plus avoir ce qu'on vient de posséder, par une tristesse et peut être même un désespoir chez Dom Juan car le plaisir cesse dès qu'on l'a atteint.

=> Alors, comme les prisonniers de la caverne confondent la consécution des ombres qu'ils voient avec la réalité, l'opinion constatant que le plaisir comme satisfaction d'un désir est précédée de douleur en conclut que le plaisir est bien la cessation de la douleur. Mais l'opinion qui transforme ses besoins et ses désirs en connaissance, confond en réalité le plaisir avec l'agréable.

Quelques pistes:
-
Dire que le plaisir est la cessation de la douleur c'est dire qu'il est une absence, qu'il n'est rien en soi, que toute son essence est d'être relatif à ce qui n'est pas lui. Mais la sensation de plaisir est présence à soi, auto-affection.

-Mais au sein même de la tension du désir n'y a-t-il pas un plaisir éprouvé à désirer? Conséquence pour votre sujet?

- A vous maintenant, puisque la route est déblayée, de tenter de cerner le plaisir et de produire les raisons de répondre non au sujet, en définitive.

Vers quelques auteurs.
- Pour Aristote, le plaisir est ce qui accompagne, ce qui couronne l'action réussie. Vous pouvez dans l'Éthique de Nicomaque lire ce qui concerne l'amitié et le plaisir (Livre  IX).

- Épicure, à partir d'une distinction des désirs, définit le plaisir suprême comme absence de douleurs (paix) et pose un tel plaisir comme le but d'une vie qui serait conduite par l'intelligence. Il distingue le plaisir en mouvement qu'il faut poursuivre à l'infini et qui est source de souffrance et le plaisir qui est un état de satisfaction durable.

- Pour Spinoza, l'homme est un être de désir, l'essence de l'homme c'est le désir: l'homme est effort pour accroître sa puissance, puissance de s'affirmer (et non pas de dominer). chaque fois que la puissance s'accroît c'est la joie, chaque fois qu'elle décroît c'est la tristesse. On voit donc que chez Spinoza l'homme s'efforce vers un plaisir supérieur qu'il éprouve dans l'exercice de la liberté: le salut de l'homme c'est la liberté et la joie. vous avez à lire dans L'Ethique, V, 31, Sc. et V, 33.

- Pradines dans La sensibilité élémentaire, I. page 29 écrit: "Le plaisir n'est donc pas une sensation, mais une appétition qui atteint sa fin dans une sensation."

Conclusion: 
Bilan=> Conséquences
Théorique? Pratique?=> Enjeu => Élargissement vers un problème

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