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BAC FRANÇAIS par J. Llapasset

Les réécritures

Un choc qui mène à un problème: intertextualité et singularité

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On étudiera et on pratiquera les formes de réécritures par amplification, par réduction et par transposition, en montrant comment elles peuvent s'adapter à des situations, des destinataires et des buts différents.
Corpus: Un groupement de textes littéraires au choix du professeur.
Perspectives d'étude: réflexion sur l'intertextualité et la singularité des textes; analyse de l'argumentation et les effets sur le destinataire; connaissance des genres et des registres; approche de l'histoire littéraire et culturelle. 

= On a longtemps dit: écrire / récrire, et cela suffisait bien comprendre.
Pour insister, on a ensuite adopté: réécrire.
Je peux réécrire ce que j'avais écrit, mais le plus souvent c'est ce que d'autres écrivains ont écrit que je réécris. De ce lien entre ce que j'écris et ce qui a été écrit, je ne suis pas conscient, la plupart du temps. C'est que le style de celui qui réécrit porte la marque de ses lectures, de ce qu'il a choisi: le style est nourri des souvenirs d'écrits qui l'ont impressionné. Ainsi ce que j'écris est toujours peu ou prou, une réécriture, comme si en écrivant je rédigeais de nouveau ce qui a été écrit. Cela permet de comprendre l'intertextualité. On ne crée pas un livre et les livres qui paraissent puisent leur inspiration dans des écrits du passé.
Ainsi de nombreux passages de Pascal sont une reprise de Montaigne. Pascal en était conscient, mais la plupart du temps l'intertextualité ne nous apparaît pas. 

Cela permet de comprendre mieux l'importance de l'intertextualité qui relie des textes de différentes époques et qui fait d'un texte actuel le reflet, ou plutôt la réfraction d'un texte plus anciens, comme si chaque texte était parent du palimpseste: le terme désigne un texte qui offre par transparence sa propre origine: un texte ancien recouvert ou gratté qu'il est toujours possible de retrouver car l'écriture du texte, le style de celui qui écrit porte dans sa chair des traces du modèle, comme s'il s'était nourri de lectures.

Baudelaire parle, avec bonheur, de l'immense et compliqué palimpseste de la mémoire. 

Que l'on vous demande de cerner l'intertextualité et la singularité d'un texte pose un problème. Ces deux termes d'opposent, mais entre eux il y a un médiateur: le style. Le style, en effet marque une originalité: originalité signifie aussi, qui a une origine: la réfraction dans un sujet qui écrit de l'originalité des autres comme s'il avait acquis son style personnel en se frottant au style des autres. Comment accorder cela? Comment l'imitation peut-elle être créatrice?

Si le programme parle des réécritures, c'est donc qu'on en trouve partout chaque fois que l'auteur manifeste son style personnel, c'est que la mémoire est à l'origine d'une intertextualité omniprésente, qui s'exerce inconsciemment dès que l'on écrit. En ce sens écrire c'est d'abord récrire
Alors, on posera la question: à quoi bon réécrire ce qui a été si bien écrit dans le passé, à quoi on écrire si tout est écrit et si l'on vient trop tard pour écrire du neuf? Celui qui s'enferme ainsi dans une impasse, n'a peut-être pas considéré que la réécriture n'est pas un plagiat, la reprise intégrale d'un texte. Tout l'aspect révolutionnaire d'une réécriture lui échappe. 

En effet, la réécriture ne consiste pas à refléter passivement un texte, puisque le plus souvent on l'a oublié. Ce n'est pas donner une image, un reflet de ce qui a été dit, c'est s'exprimer personnellement dans un style et dans un écart conscient ou inconscient, c'est s'inspirer ou être inspiré au vrai sens du terme: l'inspiration est le contraire de l'imitation, c'est le résultat d'un choix du sujet qui écrit, c'est lui même qui écrit. Alors si la vraie originalité s'acquiert au contact répété de l'originalité des autres cela ne doit pas nous surprendre.

IL nous est maintenant possible de tenir un discours en apparence contradictoire et de comprendre pourquoi il n'est pas contradictoire, pourquoi les deux termes s'articulent l'un sur l'autre: 
- Rien n'est dit et l'on vient trop tôt, tout est dit et l'on vient trop tard!

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