On étudiera et on
pratiquera les formes de réécritures par amplification,
par réduction et par transposition, en montrant comment
elles peuvent s'adapter à des situations, des
destinataires et des buts différents.
Corpus: Un groupement de textes littéraires au choix du
professeur.
Perspectives d'étude: réflexion sur l'intertextualité
et la singularité des textes; analyse de l'argumentation
et les effets sur le destinataire; connaissance des genres
et des registres; approche de l'histoire littéraire et
culturelle. |
= On a longtemps
dit: écrire / récrire, et cela suffisait bien comprendre.
Pour insister, on a ensuite adopté: réécrire.
Je peux réécrire ce que j'avais écrit, mais le plus souvent
c'est ce que d'autres écrivains ont écrit que je réécris. De
ce lien entre ce que j'écris et ce qui a été écrit, je ne suis
pas conscient, la plupart du temps. C'est que le style
de celui qui réécrit porte la marque de ses lectures, de ce
qu'il a choisi: le style est nourri des souvenirs d'écrits qui
l'ont impressionné. Ainsi ce que j'écris est toujours peu ou
prou, une réécriture, comme si en écrivant je rédigeais de
nouveau ce qui a été écrit. Cela permet de comprendre l'intertextualité.
On ne crée pas un livre et les
livres qui paraissent puisent leur inspiration dans des écrits du
passé.
Ainsi de nombreux passages de Pascal sont une reprise de
Montaigne. Pascal en était conscient, mais la plupart du temps
l'intertextualité ne nous apparaît pas. Cela
permet de comprendre mieux l'importance de l'intertextualité qui
relie des textes de différentes époques et qui fait d'un texte
actuel le reflet, ou plutôt la réfraction d'un texte plus
anciens, comme si chaque texte était parent du palimpseste:
le terme désigne un texte qui offre par transparence sa propre
origine: un texte ancien recouvert ou gratté qu'il est toujours
possible de retrouver car l'écriture du texte, le style de celui
qui écrit porte dans sa chair des traces du modèle, comme s'il
s'était nourri de lectures. Baudelaire
parle, avec bonheur, de l'immense et compliqué palimpseste de la
mémoire. Que
l'on vous demande de cerner l'intertextualité
et la singularité d'un texte pose un problème. Ces deux
termes d'opposent, mais entre eux il y a un médiateur: le style.
Le style, en effet marque une originalité: originalité signifie
aussi, qui a une origine: la réfraction dans un sujet qui écrit
de l'originalité des autres comme s'il avait acquis son style
personnel en se frottant au style des autres. Comment accorder
cela? Comment l'imitation peut-elle être créatrice? Si
le programme parle des réécritures,
c'est donc qu'on en trouve partout chaque fois que l'auteur
manifeste son style personnel, c'est que la mémoire est à
l'origine d'une intertextualité omniprésente, qui s'exerce
inconsciemment dès que l'on écrit. En ce
sens écrire c'est d'abord récrire.
Alors, on posera la question: à quoi bon réécrire ce qui a
été si bien écrit dans le passé, à quoi on écrire si tout
est écrit et si l'on vient trop tard pour écrire du neuf? Celui
qui s'enferme ainsi dans une impasse, n'a peut-être pas
considéré que la réécriture n'est pas un plagiat, la reprise
intégrale d'un texte. Tout l'aspect révolutionnaire d'une
réécriture lui échappe. En
effet, la réécriture ne consiste pas à refléter passivement un
texte, puisque le plus souvent on l'a oublié. Ce n'est pas donner
une image, un reflet de ce qui a été dit, c'est s'exprimer
personnellement dans un style et dans un écart conscient ou
inconscient, c'est s'inspirer ou être inspiré au vrai sens du
terme: l'inspiration est le contraire de l'imitation, c'est le
résultat d'un choix du sujet qui écrit, c'est lui même qui
écrit. Alors
si la vraie originalité s'acquiert au contact répété de
l'originalité des autres cela ne doit pas nous surprendre. IL
nous est maintenant possible de tenir un discours en apparence
contradictoire et de comprendre pourquoi il n'est pas
contradictoire, pourquoi les deux termes s'articulent l'un sur
l'autre:
- Rien n'est dit et l'on vient trop tôt, tout est dit et l'on
vient trop tard!
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