° Rubrique lettresJ'aime les livres

Auteurs

BAHA TAHER

Tante Safeya et le Monastère.

Safeya

Un roman qui nous vient d'Egypte, écrit en 1991, traduit de l'Arabe en 1996, 
 publié aux éditions Autrement-Littérature.

------------------------------------------------------------

Non loin de Louxor, dans l'univers patriarcal des paysans de Haute-Egypte, un enfant a côtoyé un drame où se perdirent deux cousins qu'il aimait et qu'il admirait. En rappelant ses souvenirs, le narrateur dénoue peu à peu le mystère qui a pesé sur toute sa jeunesse.
Il évoque avec tendresse la vie au village, si étroitement liée au  travail des champs et aux relations entre parents et voisins, où tout semble obéir à des traditions immuables dictée par des règles précises de discrétion et de bienséance différentes selon l'âge et la condition.

Toutes les décisions importantes y sont soumises aux aînés et aux chefs de famille, dont l'avis n'est pas discuté, et le prestige des notables, des hommes riches, des grands de ce monde pèse très fort sur ces gens simples. Ainsi, il est délicat de ne pas accéder à la demande d'un bey. Même pour des juges, d'ailleurs, il est impensable de donner tort à cette sorte de personnage.

Les fêtes du calendrier musulman sont l'occasion d'un échange de politesses et de friandises, auquel participent les moines du monastère voisin, car, les mêmes principes de bienveillance et d'honnêteté animent les deux communautés. Un vieux moine qui tient ses souvenirs d'un ancien depuis longtemps disparu s'est institué le gardien du passé du village, et ses relations pleines de naïvetés dont s'amusent les adultes font rêver les enfants.

--

Mais l'actualité met aussi sa marque dans ces lieux hors du temps. Les rois  disparaissent. La République distribue les terres des trop riches aux plus pauvres. La guerre éclate, l'aviation d'Israël écrase l'Egypte. Le brigandage sévit dans les campagnes. Les fils quittent la terre pour aller étudier en ville. L'archéologie méthodique remplace la légende...

La figure dominante du récit est celle du père du narrateur, un homme intelligent et énergique, qui guide sa conduite sur les préceptes de sa Foi. Ce juste, qui incarne un Islam de sagesse et de bienveillance, peut compter sur les moines du monastère comme sur ses frères du village, mais, malgré toute son habileté, il ne pourra pas protéger ceux qu'il considérait comme ses enfants et qu'il avait décidé d'unir.
Depuis l'adolescence, en effet, la ravissante Safeya et le bel Harbi semblaient destinés l'un à l'autre, et tout le monde s'attendait à la demande du garçon. Mais le vieux Bey-Consul, le richissime seigneur du village, décide un beau jour d'épouser la jeune fille. Harbi, qui est le protégé du bey et lui est aveuglément dévoué, loin de chercher à  faire échouer ce projet, y souscrit avec enthousiasme.
  L'indifférence que lui révèle cette attitude bouleverse radicalement Safeya. Son amour devenu haine implacable, elle cache ses sentiments, et accepte sans hésiter de devenir l'épouse d'un vieillard. Avec un zèle qui fait l'admiration de tous, elle se consacre désormais entièrement à ses devoirs d'épouse. En fait, elle prépare sa vengeance. Le récit de cette passion, fait par un enfant, qui recueille avec la même intensité les menus événements d'un temps révolu, et les moments atroces qu'il a vécus sans les comprendre, prend un charme plein de de nostalgie et de simplicité. Il nous plonge dans une Egypte familière et laborieuse, bien éloignée des images du grand tourisme.  

Aller à la rubrique "J'aime le français"

Texte de Jacqueline Masson

° Rubrique lettres  

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express