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Texte de Sartre 

"...Dans la perception j'observe les objets..."

Page 1 et page 2

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"Dans la perception j'observe les objets. Il faut entendre par là que l'objet, quoiqu'il entre tout entier dans ma perception ne m'est jamais donné que d'un côté à la fois.
On connaît l'exemple du cube: je ne puis savoir que c'est un cube tant que je n'ais pas appréhendé ses six faces; je puis a la rigueur en voir trois à la fois, mais jamais plus. Il faut donc que je les appréhende successivement. Et lorsque je passe, par exemple, de l'appréhension des faces ABC, à celle des faces BCD, il reste toujours une possibilité pour que la face A se soit anéanti durant mon changement de position. L'existence du cube demeurera donc douteuse (....)
Tout cela a été dit cent fois: le propre de la perception c'est que l'objet n'y parait jamais que dans une série de profils, de projections. Le cube m'est bien présent, je puis le toucher, le voir, mais je ne vois jamais que d'une certaine façon qui appelle et exclut à la fois une infinité d'autres points de vues. On doit apprendre les objets c'est a dire multiplier sur eux les points de vus possibles. L'objet lui même est la synthèse de toutes ces apparitions. La perception d'un objet est donc un phénomène à une infinité de faces. Qu'est ce que cela signifie pour nous? La nécessité de faire le tour des objets, d'attendre, comme dit Bergson, que le "sucre fonde"
. Lorsque par contre, je pense au cube par un concept concret, je pense ses six cotés et ses huit angles à la fois; je pense que ses angles sont droits, ses cotés carrés. Je suis au centre de mon idée, je la saisis tout entière d'un coup. Cela ne veut naturellement pas dire que mon idée n'ait pas besoin de se compléter par un progrès infini. Mais je puis penser les essences concrètes en un seul acte de conscience;je n'ai pas a rétablir d'apparences, je n'ai pas d'apprentissage a faire. Telle est sans doute la différence la plus nette entre la pensée et la perception. Voila pourquoi nous ne pourrons jamais percevoir une pensée ni penser une perception. Il s'agit de phénomènes radicalement distincts :l'un, savoir conscient de lui -même, qui se place d'un coup au centre de l'objet, l'autre unité synthétique d'une multiplicité d'apparences qui fait lentement son apprentissage."

Sartre. L'imaginaire.
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= Je veux acheter cette maison devant laquelle je suis arrivé. Je la perçois. Je ne vois jamais une maison de nulle part. Ce n'est donc pas la maison que je perçois actuellement, mais un aspect, un profil de la maison.

Je suis donc condamné à en faire le tour, en multipliant les perspectives, un peu comme si je devais "apprendre" cette maison par une longue patience. Des multiples apparences données par de multiples perspectives de la maison, je vais enfin, épuisé, tirer un objet, une unité synthétique des apparences: je sais bien que cet objet est provisoire, qu'un aspect m'a peut-être échappé, mais je m'en tiens là.

Les perspectives sont multiples. Mais surtout je sais qu'elles peuvent progresser un justesse et en finesse. Je reste donc hésitant. Peut-être vaudrait-il mieux que je demande à un bon architecte de l'examiner.

=  Lisons le texte ensemble

la perception: fonction par laquelle l'esprit se forme une représentation des objets extérieurs à partir d'une suite de point de vue, de perspectives, de profils.

j'observe: je considère avec attention, j'étudie, j'enrichis par de multiples perspectives successives.

les objets: ce qui est jeté devant moi de telle manière que je puisse en avoir une infinité de points de vue, théoriquement.

il faut entendre: il faut comprendre.

donné: n'est mis à ma disposition, n'est rendu accessible à ma conscience, ne m'est "communiqué"...

ne ... que: seulement

jamais: sans qu'il puisse y avoir un autre mode de donation qu'une suite de perspectives.

un côté: une perspective, un aspect de l'objet.

à la fois: en même temps.

=> Comprendre que je n'en ai jamais fini d'observer un objet que je perçois. On ne peut cerner un objet, par une seule perception. La perception d'un objet consiste donc en une invitation à "apprendre" l'objet , en se mettant dans des positions autorisant de nouvelles perspectives.

on connaît: c'est la thèse qui affirme que la perception est une construction: le cube devient une unité synthétique grâce à l'observation de ses multiples faces qui ne peuvent être observées que trois par trois, les unes après les autres.

=> Comprendre qu'aucune perspective ne peut donner à elle seule les 6 faces d'un cube. Impossible de voir plus de trois faces à la fois. Avec pour conséquence que lorsque j'ai un point de vue qui me donne les faces 4/5/6, rien ne me prouve que les faces 1/2/3 n'ont pas été anéanties pendant que je tournais autour du cube. Autrement dit, la perception est hantée par le doute.

l'existence: Puisque le cube est construit par l'esprit, et puisqu'il faut pour le construire passer d'une perspective à une autre, son existence est douteuse.

le propre de la perception: ce qui la définit, sa caractéristique essentielle c'est qu'elle est toujours partielle et doit donc toujours être complétée grâce à un changement de position.

jamais: on notera la répétition du terme dans le texte.

série: une suite de, puisqu'il l'objet "ne m'est jamais donné que d'un côté à la fois".

profils: aspects d'un visage vu par un de ses côtés. (Voir le texte de Husserl à la fin de cette aide).

=> Il faut comprendre que l'existence peut toujours nous surprendre car elle ne se déduit pas d'un concept, ce qui signifie que rien ne peut épargner l'observation: dans l'exemple de la maison (ci-dessus), l'absence d'un pan de toit qui m'apparaît parce que je suis monté sur une échelle, est une surprise que je ne pouvais prévoir, à partir de la perspective générale de la maison. Rien ne peut m'épargner l'observation.

bien présent: par l'acte de transcendance de la conscience: son existence est indiscutable: "il entre tout entier dans ma perception".

je puis: je l'atteins, il se donne à moi par les sens.

je ne vois jamais: c'est toujours par un aspect particulier qu'il m'est donné.

qui appelle: qui m'invite à en faire le tour, à multiplier les points de vue.

Vers :  page 2

Joseph Llapasset

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