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Texte de Nietzsche (Humain trop humain)

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Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre. Qu'est-ce à dire ? C'est l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice ; il sera d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a souffert plus fort des besoins. Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou il invente le jeu, c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du travail en général. Celui qui est saoul du jeu et qui n'a point, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision du bonheur des artistes et des philosophes.

Texte de Nietzsche (Humain trop humain)



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= Le besoin nous contraint au travail = Le besoin c'est d'abord un état de tension extrême qui provoque la conscience d'un manque, du manque de ce qui conditionne la survie, la nourriture, l'eau, le sommeil.
Dire que c'est une contrainte, c'est souligner la nécessité (ce qui ne peut pas ne pas être) dans laquelle l'homme se trouve d'abord pris: chasser, cueillir, amener de l'eau sont des conduites finalisées qui relèvent du travail.
Le travail pour la survie produit ce qui permet non pas de satisfaire le besoin définitivement, mais de l'apaiser momentanément, de l'endormir provisoirement.

On voit l'enchaînement quasi mécanique du besoin, du travail, du produit et du besoin qui se réveille. Dans un premier moment le travail est une torture, un processus articulé sur une nature: c'est une torture toujours renaissante, une passion d'où va naître l'énergie qui permettra un effort pour en sortir. Ce dur labeur ressemble à une marche: une marche est orientée vers une fin. Je marche pour aller au lycée, dans le désert pour me rapprocher d'un point d'eau. Si on marche c'est que c'est pénible, on n'a pas envie de danser ou de "s'éclater".

Travail et plaisir sont dissociés. 

La répétition produit l'habitude de travailler selon un enchaînement mécanique d'actes déterminés: cela ressemble fort à un déterminisme naturel: l'habitude est en ce sens une seconde nature.

= L'habitude devient celle du travail en général, c'est à dire du travail pour le travail: le besoin de telle ou telle chose ne se fait plus sentir et il reste le besoin du travail en général, de travailler pour travailler ! (en général, parce qu'il a perdu sa finalité de produire de la nourriture ... etc).
Remarquons que le besoin du travail en général ne peut pas être satisfait par ce qu'il produit. La finalité devient indifférente. En ce sens le besoin du travail en général n'est plus une marche, il peut devenir une étape vers la danse... 

Le terme adventice est très important: il désigne ce qui vient s'ajouter, ce qui ne faisait pas partie d'une chose, ce qui n'en est pas déductible. Il suggère que c'est une invention.

= l'ennui = C'est une impression de vide. Ne croyez pas que l'auteur dévalorise l'ennui; celui qui s'ennuie est poussé à inventer. L'ennui est un tremplin vers le jeu et la danse, c'est la disparition de l'intérêt: on veut sortir de l'ennui et on se mettra à danser ou à planer.

= d'autant plus fort = d'autant plus intense, l'ennui est fonction de la force de l'habitude et fonction indirecte des souffrances de ceux qui ont manqué dans leur enfance.

Pour échapper à l'ennui, c'est capital: l'énergie jaillit lorsqu'on refuse une passion. Pour se libérer, il faudra s'élever au gratuit et au don de la création. Une élite va se libérer du besoin grâce au jeu: c'est à dire le travail gratuit débarrassé de la torture du travail finalisé. Le divertissement au delà du travail finalisé dans le travail en général libéré de tout ce qui n'et pas lui = le jeu.

= saoul = ivre. Cette ivresse n'est pas encore la joie, elle n'est pas achevée, elle ne suffit pas, elle manque de. Elle laisse surgir un désir, aller au delà de la danse pour trouver la joie de la liberté dans l'acceptation de l'existence.
On peut remarquer que Nietzsche ne cherche pas à définir ce troisième état parce que c'est un acte sans mélange de pesanteur: un acte qui ne se définit pas, un mouvement qui s'accomplit. Il emploie une métaphore: il plane.

De marcher à danser, de danser à planer, l'homme s'élève, d'une certaine manière il passe l'homme. Ce mouvement, planer, Nietzsche ne peut le qualifier que par ce qui l'accompagne: un bonheur sans mélange de tristesse, sans mélange de passion qui n'a plus rien à voir avec le travail qui torturait. 

= la vision = désigne la manière de voir.

= le bonheur = est un état de satisfaction complète, celui des philosophes qui pensent, celui des artistes qui "accomplissent" une oeuvre: l'art est donc gratuit, épanouissement de la vie, perfection, affirmation pure et simple de l'existence.
Alors le travail s'allie indissolublement au plaisir et à la joie: la finalité devient une finalité circulaire. L'instant acquiert le caractère de l'éternité.

= Il est possible de prendre comme perspective : la finalité. comment progressivement la finalité disparaît et ce qui surgit alors.

Joseph Llapasset ©

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