Cette
page a trois objectifs.
L'analyse des deux termes: rupture et continuité;
Mettre en évidence leur rapport;
Permettre d'acquérir un vocabulaire de base désignant le
changement:
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évolution,
révolution, invention, innovation, variation.
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Au premier abord, à première vue la formulation paraît étonnante:
pourquoi ne pas distinguer deux thèmes puisque les deux deux
termes sont différents. Après tout la conjonction
"et" semble simplement les ajouter, les poser, devant
mes yeux, à côté dans l'espace.
=>
Mais l'effort pour savoir de quoi on parle, pour leur
donner une définition, pour leur donner des frontières nous réserve
une surprise:
-
Rupture =
solution (= interruption) de continuité
-
Continuité
= qui se tient ensemble, sans ruptures, sans coupures !
Notre surprise
vient, de ce que, immédiatement, nous avons calculé une indépendance
des deux termes et que leur analyse (leur sens, leur règle de
composition) nous renvoie à un va et vient comme si l'un ne
pouvait se comprendre que par l'autre: pas de rupture
sans rupture d'une continuité, pas de continuité sans absence
de ruptures.
C'est comme si
je disais fonte de neige et, par ailleurs, fonte et
neige: dans les deux cas je renvoie à deux phénomènes
bien étranges: la neige comme ce qui peut fondre, ce qui peut
changer. L'eau comme produit du changement. Si je dis rupture
continuité je renvoie de même à ce qui peut changer:
la continuité, ce qui peut rester le même un certain temps et
devenir autre. La neige peut ne pas fondre et rester la même
dans la continuité. Mais il peut y avoir un point de rupture,
une solution de cette continuité.
Or, par rapport
à la durée et donc au temps réel la rupture de cette
continuité peut être plus ou moins rapide, naturelle selon des
lois déterminables ou culturelles selon des inventions.
Si
cette rupture n'apparaît que très progressivement par
une modification presque insensible comme dans une
courbe qui change de direction, le terme juste à
employer sera évolution. (si
le changement est brusque on parlera de mutation)
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ÉVOLUTION
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Si
cette solution de continuité apparaît comme une
nouveauté réalisée de force par des acteurs qui
expulsent l'ancien régime, le terme à employer sera révolution
: la violence pour produire des
changements profonds dans une société.
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RÉVOLUTION
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Une
invention est l'apparition d'une
nouveauté. Elle ne provoque pas nécessairement une
rupture. Par exemple, le moine Mendel invente/découvre
la génétique et cela ne rompt pas la continuité car
l'invention n'est pas reçue.
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INVENTION
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Seule
l'invention qui se propage, qui trouve un accueil et des
relais (des sortes d'interfaces) produit une solution de
continuité et s'appelle alors une innovation.
Comprendre que l'innovation c'est une nouveauté qui n'a
pas été refoulée.
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INNOVATION
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Enfin,
ce peut être simplement le passage d'un état à un
autre, une série de manifestations d'un élément qui
devient, se réalise sous nos yeux de diverses manières.
On parle de variation
d'un état comme, par exemple: glace => eau
=> vapeur (mais aussi: vapeur => eau => glace),
selon un rythme, des lois qui permettent de prévoir (grâce
à des fonctions).
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VARIATION
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Nous pouvons maintenant essayer de distinguer ces termes
par rapport à ce qui est donné, la nature et
par rapport à ce qui est inventé puis transmis, la
culture.
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Evolution,
variation sont des termes utilisés par les
sciences de la nature.
Avec révolution, invention, innovation, c'est
l'homme qui est concerné par ces termes.
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Pour mieux comprendre, voici quelques exemples de sujets
pour TPE:
= Étude dans Les
misérables de Victor Hugo, l'évolution de Marius. Des
solutions de continuité (de royaliste, il finit par devenir républicain)
mais, en même temps, la continuité d'une sincérité ... celle
de l'auteur?
= Étude
de deux tableaux: Delacroix a peint deux tableaux avec
le même titre: Femmes d'Alger, à 15 ans d'intervalle.
C'est un sujet possible de TPE d'étudier ces deux tableaux pour
chercher la continuité et la rupture qui apparaît dans le
tableau de 1849 par rapport à celui de 1834. (voir Delacroix
lien en ouverture nouvelle fenêtre sur votre écran)
= Un
autre sujet possible: la conception de la nature chez Baudelaire
marque une rupture par rapport aux conceptions antérieures:
quelle est l'importance de cette rupture, cette rupture est-elle
totale chez quelqu'un qui écrit le sonnet Correspondances ?
=Suivre ce lien:
http://www.philagora.net/lettres/correspondances.php
(liens en ouverture nouvelle fenêtre sur votre écran)
=
Pour ceux qui veulent secouer leurs neurones: analogies
entre l'innovation et la condensation de l'eau.
= Avec l'aide
d'un professeur de Lettres, étude du texte de Mallarmé: CRISE
DE VERS (Oeuvre complètes, Pléiade, page 360 ... )
=>
Pour terminer cette page, voici un parcours possible vers un
problème, pour les plus exercés.
Point
de départ: les gros mangent les petits dans le
système économique, ce qui conduit nécessairement à
une mondialisation subie qui fait disparaître les petits. En
absorbant les petits, les gros font disparaître les différences,
les imperfections et en même temps le besoin d'inventer, mais
aussi et surtout les relais condition de l'innovation. La
production normalisée produit un état de saturation, de sénilité
(un vieillard dans un café parisien: le serveur lui demande:
que désirez-vous? Il répond: je désire désirer !).
Dans un état de saturation, la nécessité
de l'invention disparaît. Comprendre que le
perfectionnisme s'il atteint son but transforme les hommes en
robots qui suivent la planification et fait que toute invention
qui arriverait par miracle serait refusée et ne deviendrait pas
innovation.
Conséquence:
cela revient à diminuer les interfaces, les médiations,
les relais possibles pour une nouveauté et finit par produire
un état d'équilibre dans lequel l'innovation disparaît: plus
d'individus = saturation du marché = disparition des différences:
le meilleur des mondes quoi ? La paix éternelle, mais à quel
prix ! De même que la science progresse par erreurs rectifiées,
de même, le progrès se nourrit des imperfections.
Demandez à vos grand parents de vous parler de leur première
voiture: elles étaient bourrées d'imperfections et de différences
(écart type): c'était la condition du progrès.
Une
observation: des courbes font apparaître que la
recherche est liée au taux de croissance de l'économie: une
question: pourquoi cela?
Un problème: comment sauver l'innovation dans une croissance économique
égale à zéro. N'est-ce pas le problème de nos politiques?
Note: que la
dernière partie ne vous décourage pas, c'était juste pour
secouer les neurones de ceux qui le souhaitent. Pour vous
l'important c'est d'abord d'acquérir le vocabulaire et grâce
à lui de mieux identifier, appréhender le changement comme
apparition de l'autre qui n'est peut-être pas si étranger
qu'on le croit.
Joseph
Llapasset |